Victor Lessort, figure emblématique de l'OJAM, a tiré sa révérence

Victor Lessort
Le militant anticolonialiste Victor Lessort s'est éteint à l'âge de 90 ans, mercredi 1 juin 2022. Il était un membre de l'OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique) qui a publié un manifeste anticolonialiste en 1963, action qui a entrainé l'arrestation et le jugement de 18 militants. Victor Lessort était l’artisan du drapeau rouge, vert et noir.

C'est la tristesse dans son fief de rive droite à Fort-de-France, depuis l'annonce du décès de Victor Lessort, à l'âge de 90 ans, le  mardi 1er juin 2022.

Victor Lesort a fait partie de l'OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique). 18 jeunes appartenant à cet organisme, sont arrêtés en 1963, pour avoir diffusé un manifeste anticolonialiste (23 et 24 décembre 1962)  

Ils seront incarcérés et inculpés pour atteinte à la sûreté de l'État.  

Parmi les personnes arrêtées, Henri Armongon, contrôleur des douanes - Rodolphe Désiré, médecin, - Guy Dufond, enseignant - Victor Lessort, Orfèvre - Hervé Florent, avocat - Manfred Lamotte, étudiant -Léon Sainte-Rose, - Roland Lordinot, Gesner Mencé, Roger Riam instituteurs  - Joseph René Corail, artiste - Pierre Davidas, ouvrier.  

Dans le même temps  sont aussi inculpés : Henri Pied et Marlène Hospice, Léo Ursulet à Toulouse,  Guy Anglionin à Caen ,Renaud de Grandmaison à Bordeaux,  

A l'issue du procès pour atteinte à l'intégrité du territoire martiniquais, 13 militants ont été acquittés  et 5 condamnés dont Victor Lessort qui écope de 18 mois de prison. 

Pendant qu'il purgeait sa peine, en 1963 à la prison de Fresnes en France, Il a dessiné l’esquisse du drapeau révolutionnaire (rouge, vert noir).

La première réaction à son décès vient du groupe révolution socialiste : 

Le Groupe Révolution Socialiste (GRS) salue la mémoire et le combat qu’a mené Victor Lessort avec l’O,J.À.M. dans les années de feu des années 60. Ce fut l’époque des intenses mobilisations sociales et de la jeunesse tant en Martinique qu’en Guadeloupe et Guyane. En prison, déporté avec 17 camarades, il représentait le mouvement populaire étant ancré dans son quartier de Rive Droite. Ce bijoutier artiste est l’artisan du drapeau rouge vert noir mais surtout il ne renia jamais le combat anticolonialiste. Nous avions parmi les plus âgés de nos camarades, gardé de bons contacts avec lui. Nous glorifions cette page de notre histoire à laquelle, il a contribué.

Groupe Révolution socialiste

Autre réaction celle de l'AM4, association culturelle danmyé-kalennda-bèlè,

Victor Lessort, à travers sa participation à "L'affaire de l'OJAM", est un des meilleurs représentants de l'esprit de dignité et de résistance du peuple martiniquais. Il est aussi un enfant du quartier Bòkannal dont il incarne la contribution aux luttes martiniquaises. Il est surtout, pour une bonne partie de la societé civile, du mouvement culturel, du mouvement politique, celui qui, pour la première fois dans l'histoire, a associé les couleurs rouge vert noir en drapeau en juillet 1963. Depuis, elles ont émergé et continuent de s'affirmer comme un marqueur incontournable des luttes et de l'identité martiniquaises. Cette contribution est inestimable. Lonnè épi respé ba Victor Lessort.

Georges Dru, membre de l'AM4