Une vingtaine de policiers blessés après les échauffourées à Fort-de-France

Dégâts à Fort-de-France après les affrontements entre militants anti-chlordécone et policiers.
Les forces de l'ordre déplorent une vingtaine de blessés dans leur rang au lendemain des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre devant le palais de justice de Fort-de-France. Interpellées lundi 13 janvier 2020 par la police, 4 personnes en garde à vue ont été libérées.

Quatre personnes étaient en garde à vue après les heurts entre policiers et militants au centre-ville de Fort-de-France lundi 13 janvier 2020. Deux mineurs sont convoqués devant le juge des enfants. Les deux autres personnes sont ressorties libres du commissariat de Fort-de-France.

Par ailleurs, dans les rangs de la police, on dénombre une vingtaine de blessés suite aux projectiles lancés par les manifestants. Ces derniers ont jeté des bouteilles, des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de l’ordre.

Une salle trop petite ? 

 

La capacité de la salle d'audience, une soixantaine de places, est le point de départ des heurts entre policiers et manifestants. Renaud Gaudeul, le procureur de la République s'est exprimé ce mardi 14 janvier 2020, rappelant la procédure appliquée par les forces de l'ordre lors de telle manifestation. 

On n’a même pas attendu que cette capacité maximale soit atteinte pour qu'il y ait des violences très graves commises devant l'enceinte du tribunal empêchant les personnes de pouvoir pénétrer.

Dès lorsqu'il y a eu ensuite cette poussée plus que massive, nous avons eu, de mon point de vue, une riposte absolument indispensable et qui a été réalisée avec un grand professionnalisme des forces de l'ordre.

On s'attendait à ce qu'il puisse y avoir une tension, c'est absolument certain. En revanche l'ampleur des violences était peu prévisible en tout cas à ce niveau-là, affirme Renaud Gaudeul. 

 

Les commerçants ont eu chaud


Si la vie a repris son cours sur le boulevard Général de Gaulle à Fort-de-France ce mardi matin (14 janvier 2019), les stigmates des affrontements de la veille sont encore visibles. Une odeur tenace de brûlée dirige le regard vers un pan de mur du palais de justice carbonisé et une masse de plastique collé au trottoir. Les commerçants de la zone ont repris le travail après un après-midi bien mouvementé.

Ce chef d'entreprise, situé juste en face du palais de justice se remémore l'effervescence. "On n’a pas eu peur, mais chaud, avec les gaz et puis les gens qui se sont réfugiés dans la boutique. On a été obligés de baisser le rideau vers 15 heures", raconte-t-il.

D'autres commerces des alentours ont comme lui, choisi la prudence et fermé boutique. "L'odeur était dans la boutique, un policier en civil nous a conseillé de fermer. C'était atroce, j'ai pleuré de peur. Ce qui m'a fait peur c'est le lancement de gaz lacrymogènes, les détonations et puis les gens qui courraient", ajoute une autre commerçante. 
 

Mairie dégradée et station-service endommagées


Dans la station-service, victime des flammes aux alentours de 20 heures, les salariés sont présents, mais ne travaillent pas. "Les cinq extincteurs ont disparu, les bacs et les interphones dégradés. Avec les normes de sécurité, le carburant est enfoui donc il n'y avait pas de risque d'explosion", explique la responsable.

À l'accueil de la mairie de Fort-de-France, le stress est encore palpable. Des vitres brisées sont masquées par des panneaux. "J'ai eu très peur parce que j'ai été invectivée par un manifestant qui voulait voir le maire", raconte l'une des secrétaires.

Ces incidents ont eu lieu en marge du procès de sept militants accusés de violences sur personne dépositaire de l'autorité publique lors d'une manifestation qui a mal tourné en novembre dernier. L'affaire a été renvoyée au 3 juin 2020.