Violences urbaines en Martinique : endommagée, une épicerie bio au Marin, attend du soutien pour se relever

François-Noël Buffet, le ministre des outremers, et Valérie François, la gérante d'ELIDIET
Lors de sa récente visite en Martinique, François-Noël Buffet, le ministre chargé des Outremers, s’est arrêté à l’épicerie bio située dans la commune du Marin. Une structure qui, dans la nuit du 9 au 10 octobre derniers, a été la "victime collatérale" d’incendies volontaires, du fait d’émeutiers. La gérante de l'entreprise demeure dans l'inquiétude quant au rebond de son activité.

En 2022 Valérie François fonde ELIDIET, située à l’entrée du "Centre commercial Annette" de la commune du sud. Une création d’entreprise dans l’objectif notamment de permettre aux clients de gérer leur budget en achetant, par de la vente en vrac, les quantités exactes des produits souhaités.

Une offre qui, en plus de répondre aux besoins précis des consommateurs, visait à réduire le gaspillage. Et une structure qui, dès l’origine, s’est associée à la production locale, brute ou transformée. Mais la nuit du 9 au 10 octobre derniers est venue bouleverser ces réalités et ambitions.

Deux locaux contigus à l'épicerie ont été incendiés et une partie de l’épicerie a donc été impactée par les flammes. Des mots de la gérante, la perte financière consécutive a été évaluée, fin octobre, à 50 000 euros. Valérie François décide alors de lancer une cagnotte solidaire sur internet, à hauteur de ce montant. Il y a quelques jours, la somme récoltée était selon la dirigeante de 2000 euros.

Suite au passage de François-Noël Buffet dans son épicerie, la jeune femme est revenue sur son échange avec le ministre chargé des Outremers.

Le ministre m’a témoigné de son empathie, il a évoqué une éventuelle aide aux entreprises, donc on verra bien. Il faudra voir dans les faits ce qui aura été mis en place pour soutenir les entreprises locales, pour qu’elles puissent perdurer. Pour les indépendants, les professions libérales, les entreprises individuelles, il y a une allocation de l’URSSAF de 6000 euros. Mais pour le statut de société, on n’a pas encore d’allocation de ce type.

Valérie François, gérante de l'épicerie bio ELIDIET

Les deux locaux incendiés, contigus à l'épicerie ELIDIET

Selon la responsable, les impacts sur sa structure ont débuté près d’un mois avant les exactions des 9 et 10 octobre. Un ralentissement continu d’activités, qui lui cause une inquiétude manifestement grandissante.

 

Dès début septembre, certains ont commencé à bloquer, à empêcher les clients de venir depuis le parking du centre commercial, ce qui m’a beaucoup impactée. Donc tout cela me fait remettre en question l’avenir de ma société. Est-ce que je reste sur le marché économique ou pas ? Car sans solution, je serai obligée de prendre une décision radicale.

"J’ai dû me séparer d’un jeune Martiniquais qui travaillait très bien..."

À l’écouter Valérie François tenait à valoriser les produits du terroir et le savoir-faire qui y est associé, tout en étant consciente des réalités du chômage en Martinique. Ainsi, dès le début de l’aventure ELIDIET elle s'engage à recruter de jeunes Martiniquais, "même s’ils n'ont pas forcément de diplômes", glisse la jeune femme, pour leur offrir une opportunité. Mais là encore, les flammes d’octobre sont venues desservir cette volonté.

Ce qui s’est passé avec cet incendie remet en cause le fait que les deux salariés de l’entreprise restent ou pas dans la structure. J’avais réussi à stabiliser l’entreprise pour pouvoir créer ces deux emplois, mais j’ai dû me séparer d’un jeune Martiniquais qui travaillait très bien, qui était motivé et investi. J’ai dû me séparer de lui, à contrecœur…

Valérie François, peu après le lancement de l'épicerie ELIDIET

Des mots de Valérie François, elle a toujours pris soin de maintenir ses comptes en ordre. Malgré sa jeunesse, la structure a toujours respecté ses engagements financiers, souligne la gérante. Les récents événements auront donc bouleversé ce fragile équilibre.

Depuis que j’ai ouvert je me suis toujours battue pour faire grandir l’activité. Toutes mes charges ont toujours été payées ; je n’aime pas les dettes donc je m’arrangeais pour que tout soit toujours à jour. Mais aujourd’hui la perte d’exploitation étant considérable, la société fait face à d’énormes problèmes.

Entre ses incertitudes sur le calendrier des aides de l'État et l'hypothèse de nouvelles exactions visant le lieu de son activité, Valérie François vit des jours pétris d'inquiétudes.