Violences urbaines en Martinique : "Il y a à peu près 250 procédures ouvertes par la police et pas loin de 400 par la gendarmerie", [Clarisse Taron]

Clarisse Taron, procureure de la République.
Clarisse Taron, la Procureure de la République en Martinique annonce que des centaines de procédures judiciaires ont été ouvertes suite aux violences urbaines survenues en marge des mobilisations contre la vie chère dans l'île. Seulement quelques jours après ces événements, des condamnations ont déjà été prononcées.

Émeutes, destructions de biens, incendies de véhicules et attaques à balles réelles contre les forces de l’ordre… Après les violences urbaines qui ont secoué la Martinique en marge des protestations contre la vie chère, le Parquet a fait face à un afflux procédures judiciaires.

Je dirais qu’il y a à peu près 250 procédures ouvertes par la police et pas loin de 400 par la gendarmerie. Je suis sûre que ce n’est pas fini parce qu’il y a des gens qui n’ont pas encore eu le temps, la possibilité, ou l’envie de venir déposer plainte et qui viendront dans les jours qui viennent.

Clarisse Taron, procureure de la République en Martinique

interrogée par Jean-Marc D'Abreu

Selon les informations de la Procureure, une centaine de personnes ont aussi été placées en garde à vue.

Sur ces procédures, on a eu à peu près 65 gardes à vue en police et à ce jour, 50 en gendarmerie, sachant qu’en gendarmerie il y a 50 personnes déjà identifiées qui seront interpellées et convoquées. C’est un volume énorme de procédures nouvelles à venir pour lesquelles le Parquet n’a pas eu de renforts.

Les mis en cause auraient des profils "très divers".

Nous avons à la fois des personnes très connues des services de police, de gendarmerie ou de justice qui sont des personnes avec des casiers judiciaires, qui sont des personnes violentes, armées pour lesquelles on a eu une réponse ferme et rapide par la comparution immédiate avec des peines d’emprisonnement qui ont été souvent assez lourdes. À l’autre bout de la chaîne, nous avons des badauds, des jeunes, des personnes inconnues qui ont cru malin de participer de près ou de loin aux émeutes et pour lesquelles, parce que c’est notre travail, nous avons eu une réponse adaptée. On a essayé de répondre rapidement, mais avec des peines qui ont été, par exemple, des peines de travail d'intérêt général.

Clarisse Taron ajoute que des procédures "graves de tentatives d’homicide sur les policiers ou sur les gendarmes" sont également traitées.

Quid des violences policières ?

Durant ces événements, des "violences par personnes dépositaires de l’autorité publique" ont été signalées. Sur ce point, la magistrate assure qu’elles seront traitées "avec le même soin que les autres".

Par les temps qui courent et dans la société dans laquelle on est, on a énormément d'enregistrements vidéo de toute sorte à exploiter et que tout ça va prendre un certain temps. Mais il est évident que la réponse du Parquet sera aussi à la hauteur, si des violences commises par des policiers ou des gendarmes devaient être prouvées.

"Le ministre ne m’a pas consulté avant de tenir ces propos"

La Procureure de la république est également revenue sur les déclarations du nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui annonçait un "travail avec la justice pour judiciariser un certain nombre d'individus", faisant allusion à Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC, association à l’origine de la mobilisation contre la vie chère.

J’ai été intéressée que le ministre de l'Intérieur s'attache à l’action judiciaire, mais il ne m’a pas consulté avant de tenir ces propos. Nous travaillons sur tout le monde et pas sur une seule personne heureusement.

Clarisse Taron affirme que la justice travaille "sur toutes les personnes qui sont susceptibles d'avoir participé à ces débordements".