Dans la nuit du 12 au 13 novembre 2024, la Martinique a de nouveau été marquée par des actes de vandalisme, des pillages de magasins et des incendies impressionnants d’arbres et de voitures dans le centre-ville de Fort-de-France. Et une fois de plus, le quartier Sainte-Thérèse n’a pas été épargné se désolent les habitants.
Au vu des dégâts, la population et les commerçants foyalais sont partagés entre inquiétudes et colère (au micro de Xavier Chevalier), face à cette violence qui intervient dans un contexte tendu, après l’arrestation de Rodrigue Petitot le matin. Il est reproché au leader du RPPRAC de s’être introduit à la résidence préfectorale la veille, où il a eu une altercation musclée avec le représentant de l’Etat, Jean-Christophe Bouvier.
"Incompréhensibles et injustifiées"
"Franchement, il y en a marre, il y en a vraiment marre. Ils sont en train de tout mélanger, ce n’est pas une bonne pub pour la Martinique" confie un habitant, exaspéré par la tournure des événements.
Pour beaucoup, les exactions sont "incompréhensibles et injustifiées". D’autres estiment que ces agissements "desservent la cause du mouvement contre la vie chère".
"Je trouve ça désagréable, surtout le matin quand on va travailler. Ça n’a rien à voir avec la vie chère. Je suis pour qu’on trouve une solution, mais dans ces conditions-là, on n’arrivera à rien, cela sera toujours la confrontation", ajoute un autre témoin.
Pour d’autres cependant, "c’est un mal nécessaire pour attirer l’attention sur des problèmes profonds".
Il y en a qui estiment que la situation actuelle découle de problèmes de longue date. "Si ça va jusque-là, c’est qu’il y a un gros problème. Ça fait combien d’années que le système est corrompu ?".
Les commerçants en première ligne
Au centre-ville, plusieurs magasins ont été pris pour cibles. Entre les rues Schoelcher et Antoine Siger, la bijouterie Royal Gold a subi de lourdes pertes, "estimées à 120 000 euros".
"Le patron nous a prévenus ce matin. On est arrivé et on a trouvé tout ça... Tout est cassé à l’intérieur, et ils ont tout pris" raconte une vendeuse, encore sous le choc, au micro de Morgane Garnier et de Tom Gagnou.
Aux Galeries Lafayette, face à la cathédrale, le directeur Damien Hayot décrit une scène similaire.
Vers 3h30, nous avons été contactés pour nous informer que le magasin était en train d'être pillé. En arrivant sur place à 4h30, j'ai pu constater. Il avait été pillé par pas mal d’individus, peut-être une trentaine.
Damien Hayot
Bien qu’un inventaire soit en cours pour évaluer les pertes, Damien Hayot estime que les dégâts s’élèvent à "au moins 200 000 euros". La parfumerie, la maroquinerie et le prêt-à-porter masculin ont été particulièrement visités dans ce commerce de luxe.
Des pompiers ciblés
Un véhicule de type incendie a aussi été "caillassé" lors de cette soirée de désordre déplore le Service Territorial d’Incendie et de Secours de Martinique, dans un communiqué du 13 novembre.
Le STIS rappelle que "les sapeurs-pompiers interviennent chaque jour, avec courage, bienveillance et dévouement, pour assurer la sécurité et le bien-être de tous les citoyens".
Qu’ils s’agissent d’incendies, d’accidents ou de situation de secours aux personnes, Ils répondent toujours présents, souvent dans des conditions difficiles, parfois au péril de leurs vies, pour porter secours à toute personne en situation de détresse, quelles que soient les circonstances. La mission de ces femmes et de ces hommes est de protéger et de sauver des vies. Aussi, nous déplorons qu’ils soient pris à partie et que leur intégrité physique soit menacée. Nous appelons au respect de leur mission.
STIS 972
Après ce énième épisode de violences urbaines, les habitants de Fort-de-France et le reste de la population martiniquaise restent partagés.
D’un côté, il y a ceux qui considèrent que c’est "l’expression de frustrations face à des problèmes sociaux non résolus" et de l’autre, ceux qui désapprouvent totalement "les méthodes", redoutant un regain crescendo des actes violents et d’entrave à la liberté.