Le léger rebond du marché du nickel risque néanmoins de faire long feu. L’engagement de la Réserve fédérale américaine (Fed) à contrer l’inflation et le durcissement de sa politique monétaire faisant craindre une récession et une dégradation des performances des entreprises du secteur productif et minier. Les cours des actions du secteur sont en baisse, elles aussi.
La prévision de croissance aux Etats-Unis a été abaissée de 2,8% à 1,7% pour 2022, ce qui, pour la Fed, constituerait un "atterrissage en douceur", tandis que celle concernant l’inflation a été relevée de 4,3% à 5,2%.
Avec la hausse du chômage, moins de personnes peuvent se permettre des achats, ce qui réduit la demande globale, or les Etats-Unis sont le plus grand marché de bien de consommation au monde, y compris pour les produits en acier inoxydable qui contiennent du nickel.
La situation est aussi tendue en Chine, où, selon certains économistes les mises en chantier d’appartements ont chuté de 42% en glissement annuel, tandis que les ventes de matériaux de construction et de métaux pour le bâtiment ont baissé de 8%sur la même période.
Et la consommation peine toujours à redécoller: les dépenses des ménages ont chuté en mai pour le troisième mois consécutif en raison des restrictions sanitaires, qui menacent la croissance de la deuxième économie mondiale.
Mardi, l'agence de notation Fitch a abaissé à 3,7% ses prévisions de croissance pour la Chine cette année. Un chiffre bien inférieur à l'objectif de 5,5% fixé par Pékin.
Enfin, outre ses effets sur les prix de l'énergie, la guerre en Ukraine engendre pour les fabricants de fils et câbles électriques et de communication ainsi que de leurs accessoires associés "des incertitudes sur les délais et les capacités d'approvisionnement, en particulier, pour ce qui concerne l'industrie du câble, sur le gaz, l'aluminium, le nickel et le bois", souligne le Sycabel, syndicat professionnel du secteur, dans un communiqué cité par l’AFP.
Le nickel évolue donc dans un marché particulièrement inquiet. Ce vendredi toujours, l’offre a dominé la demande au LME, des offres agressives. "Rien de positif, l’ambiance est baissière, les craintes de récession se sont installées. Cette semaine les stocks disponibles de nickel à Shanghai reviennent à des niveaux records", conclu Al Munro, analyste du nickel au LME de Londres. Une nouvelle semaine à oublier.
LME-Nickel 17/06/2022 16H30 GMT : 25.363 dollars/tonne +0,40% Hebdomadaire -6,93%