La litanie fait froid dans le dos. Ce week-end, en vingt-sept heures, cinq personnes ont perdu la vie dans un accident de la circulation sur la Grande terre.
À Sarraméa, Dumbéa, Poya et Pouébo
- Un automobiliste de 48 ans est décédé après avoir perdu le contrôle de son véhicule dans une ligne droite, et percuté un arbre, à Sarraméa, vendredi 20 décembre, vers 20h30.
- Un piéton âgé d'une trentaine d'années a été retrouvé mort à Dumbéa, au bord de la voie express, samedi 21 décembre, vers 2 heures du matin, suite à ce qui ressemble fort à une collision suivie d'un délit de fuite.
- Une petite fille de quatre à cinq ans a été éjectée à travers l'habitacle quand le véhicule transportant sa famille a fait un tête à queue en prenant un virage, sur la chaussée mouillée, à Poya, samedi aussi, autour de 19 heures. L'enfant n'a pas survécu.
- Un conducteur et son passager avant, tous deux âgés d'une vingtaine d'années, ont été tués dans une sortie de route juste avant un pont de Pouébo, samedi encore, vers 23 heures. Un autre passager, âgé de 24 ans, a été évacué dans un état grave.
Pire week-end d'insécurité routière
"C'est un week-end tragique", résume le général Nicolas Mattheos, interrogé par NC la 1ère. Le commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie confirme qu'il s'agit là du "bilan le plus lourd depuis le début de l'année. Même si nous constations une augmentation de l'insécurité routière, une aggravation de la situation, depuis quelques semaines. Mais ce week-end est particulièrement tragique, avec des morts sur tout le territoire, dont beaucoup de jeunes."
La météo n'excuse pas tout
Les accidents sont survenus alors que les pluies et les orages se succèdent depuis plusieurs jours. "Oui, mais je voudrais surtout rappeler qu'un accident n'est jamais une fatalité, relativise le patron des gendarmes. Si les circonstances météo peuvent éventuellement aggraver les conséquences d'un accident, celui-ci est avant tout, en tout cas en ce qui concerne ce week-end, le fait d'une erreur humaine, d'une faute d'inattention ou de conduites en état alcoolique."
Beaucoup d'accidents sont probablement liés à l'alcool. D'autres, à des vitesses excessives ou à des manquements à des règles de sécurité élémentaires.
Le général Matthéos, commandant de la gendarmerie
Mortalité cinq fois plus élevée
Depuis le début de l'année 2024, les accidents de la route ont causé trente décès. "Au regard des statistiques sur l’accidentologie, rappelle le procureur de la République, le taux de mortalité en Nouvelle-Calédonie est cinq fois supérieur à celui de la France métropolitaine, quatre fois supérieur à celui de l’Australie, deux fois supérieur à celui de la Polynésie française."
Et Yves Dupas renchérit, dans un communiqué diffusé ce dimanche midi : "Les causes principales sont bien connues et identifiées. Conduite en état alcoolique ou après usage de stupéfiants, vitesse excessive ou inadaptée, défaut du port de la ceinture de sécurité, refus de priorité…"
Ce bilan tragique sur les routes du territoire au cours du week-end (qui n’est pas terminé) et à l’approche des fêtes doit impérativement amener chacun à davantage de responsabilité et de civisme. Les conducteurs, mais aussi leur entourage dans les familles, les tribus et le cercle amical.
Yves Dupas, procureur de la République
L'alcoolisation en ligne de mire
Le parquet rappelle aussi que "des opérations de contrôle renforcées seront mises en œuvre par les forces de sécurité intérieure". Le général Matthéos confirme : "Nous sommes sur tous les fronts, en cette fin d'année. Il y a d'abord le maintien de l'ordre public, et puis la lutte contre l'insécurité routière qui exige de nous une présence sur le terrain, qui exige que nous détections et nous réprimions avec la plus grande sévérité les comportements accidentogènes. Ici, clairement, le comportement qui crée les accidents mortels de la route, c'est la consommation d'alcool."
Alcool qui joue un rôle dans les deux tiers des cas. L'usage de cannabis intervient une fois sur deux. Une vitesse inadaptée est constatée dans 81 % des accidents mortels. Et l'absence de ceinture, quasiment deux fois sur trois.