L’association « Le VILLAGE d’EVA » interpelle le président François HOLLANDE sur le sort de la jeunesse mahoraise.

Jeune enfant mineur fouillant la poubelle à Mamoudzou, chef lieu du département de Mayotte

 La Société Civile souhaite faire bouger la situation des enfants oisifs ou errants à Mayotte.
Les mineurs isolés  sont estimés entre 3000 et 6000 selon l’observatoire des mineurs isolés.
 La jeunesse à elle seule représente plus de 45% des actes de délinquance.  

  
 
L’association « Le VILLAGE d’EVA » a remis  en mains propres une lettre
de doléance au président  HOLLANDE sur le sort de la jeunesse Mahoraise
lors de sa visite à Mayotte.

 
La Société Civile souhaite décidément faire bouger la situation des enfants oisifs
ou errants à Mayotte. Les mineurs isolés à eux seuls sont estimés entre 3000 et 6000
selon l’observatoire des mineurs isolés. Objet de toutes les craintes des habitants
qui assistent impuissants à la montée de la délinquance juvénile dans l’île au parfum,
la jeunesse à elle seule représente plus de 45% des actes de délinquance.
Les jeunes à Mayotte s’ennuient après les sorties d’école.  
 
La jeune association « Le Village d’ Eva » constituée d’éducatrices spécialisées,
des médecins, Ingénieurs, chefs d’entreprises… estime qu’il est temps de mettre
plus de pression sur les autorités locales, élus, associations… en sensibilisant
le plus possible les populations sur le « mieux vivre ensemble » comme l’indique
Aurélie ARRIBAT, Médecin Urgentiste au Centre Hospitalier de Mayotte et
Présidente du VILLAGE d’EVA.
 
 " L'idée de créer l’association m'est venue en 2011. A mon arrivée à Mayotte,
j’ai été frappée par la situation des enfants mineurs (moins de 13 ans et plus)
 qui venaient à l’hôpital sans référents légaux et parfois sans accompagnateurs
adultes... », explique Aurélie Arribat.

 
« J'ai par la suite rencontré Fernand Beyene, chef d’entreprise qui partageait
la même préoccupation pour le sort de ces enfants. Nous avons commencé
à sensibiliser et à alerter les pouvoirs publics dont l’ancien préfet de Mayotte,
Hubert DERACHE qui avait une très bonne connaissance  de terrain et en 2014,
nous avons décidé de créer l’association « Le Village d’Eva », ajoute – t – elle.

 
 EVA comme Echelle visuelle analogique indique l’intensité de la douleur
lors des soins médicaux. Par analogie, les créateurs de l’association ont utilisé
cet acronyme pour évaluer la souffrance des enfants de Mayotte.
La mission de cette association porte sur 2 grands axes :
 Un axe de plaidoyer qui consiste à  sensibiliser les politiques sur la question
de la jeunesse en insistant sur une meilleure répartition des budgets dans
les collectivités en prenant en compte de la réalité suivante : 54% de la population
a moins de 20 ans. L’Aide Sociale à l’enfance du Conseil Général consacre à peine
1.8 millions d’euros soit 2% de son budget aux enfants contre 60% en métropole.
Résultat, les PMI manquent de moyens, les éducateurs n’ont pas souvent de véhicules
pour effectuer les visites à domicile…
 
 " Au regard de l’explosion de la délinquance à Mayotte et surtout de l’oisiveté des jeunes, il est urgent pour tous y compris les milieux associatifs de prendre en compte le rôle de la jeunesse dans le développement de Mayotte… Un deuxième axe concerne des actions de terrain à travers notamment la médiation sociale ayant pour but  d'apaiser les tensions intercommunautaires à Mayotte", précise Fernand BEYENE ce chef d’entreprise dans les TIC, membre de l’association.
 
« Les projets liés à la jeunesse n’existent quasiment pas, après les cours, nos jeunes ne savent pas où se rendre : absence de salles de sports de petites tailles, piscines, cinéma, cours de théâtre, de musique, Mayotte ne compte aucun parc ou airs de jeux véritables… Résultat, une explosion des actes liés à la délinquance juvénile qui progressent de 8.9% de 2012 à 2014. …» Indique pour sa part Faiza, membre de l’association le VILLAGE d’EVA.
 
Le VILLAGE d’EVA estime qu’il serait inutile d’agir uniquement à Mayotte car les îles voisines des Comores ont besoin d’un appui prioritaire dans l’éducation et la Santé. Les échanges inter-îles doivent se faire rapidement à travers une médiation sociale des communautés. Il est urgent d’apaiser les communautés et d’instaurer au sein de la jeunesse un langage de paix comme le rappelle Hirachidine Saindou, champion du Monde de Kickboxing et membre d’honneur du VILLAGE d’EVA.

Le mahorais Hirachidine Saindou, champion du monde de Kickboxing et membre d'honneur du Village d' Eva
Un axe terrain en aidant les associations locales à mettre en œuvre, des centres d’accueil pour jeunes mineurs. Les responsables de l’Association le VILLAGE d’EVA qui ont fait, dans leur lettre, une vingtaine de propositions au Président François Hollande, ont effectué en juillet dernier une mission de médiation aux Comores et à Paris afin de défendre la jeunesse Mahoraise et d’apaiser les tensions.
 
" Nous souhaitons que la jeunesse devienne la priorité des élus mahorais ou de nos élus. Ils doivent impérativement se préoccuper de leur jeunesse en  initiant des actions périscolaires, en multipliant les centres des jeunes, en formant des éducateurs spécialisés.....», affirme encore AURELIE ARRIBAT.
 
Enfin, Fernand Beyene martèle qu’il est très important de comprendre qu’il n’y aura jamais un développement de Mayotte sans la prise en compte de la jeunesse.
 
« ... J'insiste en disant que Mayotte risque une déstabilisation dans 5 à 10 prochaines années d’après nos études voire même bien avant si la problématique jeunesse n' est pas prise en compte... Les jeunes d'aujourd'hui en manque de repères grandissent avec la haine inter communautaire et le sentiment d'abandon qui les poussent à des actes d'incivilités répétés ou répétitifs. La crise économique et le chômage seront les éléments déclencheurs…d’explosions… il faut vraiment agir", a conclut Fernand BEYENE.

Emmanuel Tusevo , Grand reporter France Télévisions Mayotte et Correspondant AFP


de droite à gauche : Fernand Beyene et Aurélie Arribat en mission à Paris avec d'autres membres du Village d' Eva

 
 
 
 


 
 
Association « le Village d’Eva »
38 bis, rue de la nouvelle briqueterie
CAVANI
97600 Mamoudzou 
villagedeva@yahoo.fr
à l’attention de  Mr François Hollande
Président de la République

 
Mamoudzou le 22/08/2014
Monsieur le Président de la République,

En tant que membres de l’association le Village d’EVA dont l’objectif est de venir en aide aux mineurs en souffrance sur l’île et à l’occasion de votre visite sur le territoire de Mayotte, nous souhaitons attirer votre attention sur les difficultés qui frappent la jeunesse dans l'île et vous communiquer nos 20 propositions 

Nous vous interpellons tout d’abord sur le climat conflictuel qui oppose les communautés vivant à Mayotte. Les affrontements entre Mahorais, Grands Comoriens, Anjouanais ou "M’zungus" (métropolitains) sont très fréquemment passés sous silence alors qu’ils nuisent à l’équilibre de notre île. Une politique d’apaisement intercommunautaire doit être urgemment mise en place par les pouvoirs locaux et nationaux.

Nous déplorons également que les financements AFD dans le cadre de la coopération franco-comorienne soient consacrés à des projets sans concertation de la population concernée. C'est le cas du projet d'adduction d'eau potable à Sima sur l'île d'Anjouan qui a coûté 4,2 millions € et provoqué l'hostilité des habitants, contraints de payer dorénavant l'eau. Participer au développement de l'éducation  dans l'archipel des Comores éviterait à des milliers d'enfants de se déporter à Mayotte.

Enfin, nous nous inquiétons de la situation de la jeunesse mahoraise, en manque de repère et d’activités. Le champion du monde de kickboxing, Hirachidine Saindou, membre d’honneur de notre association s’associe à notre requête pour que Mayotte soit enfin dotée de salles de sport dignes de ce nom.
 
Confiants dans l’attention que vous porterez à notre appel, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre très haute considération.

Signature 


 20 PROPOSITIONS CLES DE L' ASSOCIATION " LE VILLAGE D' EVA"
 
PROTECTION

1.      Renforcer le budget de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance)
2.      Mettre en place un centre d’hébergement d’urgence« la Maison d’EVA » pour les mineurs en danger sans référent légal
3.      Favoriser la mise en place de familles d’accueil et de Délégation d’Autorité Parentale (créer un réseau de famille d’accueil, formation des assistantes maternelles).
 
SANTE

4.      Campagne d’information de l’ARS concernant la gratuité de l’accès aux soins de tous les mineurs sans condition de nationalité (ordonnance n° 2012-785 du 31 mai 2012, article L.6416-5 du code de la santé publique) / affiliation directe des mineurs à la CSSM
 
5.      Promouvoir l’accès à l’eau potable pour toute la population par la création de fontaines d’eau potable avec accès gratuit sur l’ensemble des 17 communes (difficulté d’accès à l’eau potable pour les mineurs errants et démunis)
 
EDUCATION

6.      Proposer des activités après l’école grâce à l’implication de professeurs au sein même des établissements (stopper la politique des MJC afin de favoriser la naissance des salles de petite taille mieux équipées : danse, arts, peinture, musique…).
7.      Mettre en place un centre professionnel de pêche pour les jeunes permettant ainsi de valoriser la profession au niveau de la jeunesse (actuellement très majoritairement exercée de manière illégale par les clandestins)
8.      Financement de la collation pour tous les élèves par le vice rectorat 
 
CONCERNANT LA LUTTE CONTRE LA « FABRIQUE DE MINEURS ISOLES »

9.      Remplacer le « visa Balladur » par un nouveau visa,  valable à Mayotte et dans les autres DOM-TOM ainsi qu’en métropole, dont la procédure d'obtention serait simplifiée. Objectif : réduire le nombre de décès en mer et l’enrichissement des réseaux mafieux. Ce visa devra s’adresser à toutes les catégories sociales sans miser exclusivement sur une immigration sélective en vidant les Comores de ses compétences.
10.    Procéder à des enquêtes de voisinages via des associations avant toute expulsion des familles afin de déterminer la présence ou non d’enfants.
 
PREVENTION ET LUTTE CONTRE LA DELINQUANCE

11.    Instaurer des ZSP (zone de sécurité prioritaire) dans les grandes villes de Mayotte en accord avec les autorités locales.
12.    Lutter contre l’errance des mineurs aux heures tardives.
13.    Mettre en place des comités de médiations dans le but de favoriser le dialogue et l’apaisement des communautés.  
 
COOPERATION REGIONALE

14.    Mettre en place un partenariat d’échange inter-associatif entre les Comores et Mayotte  préalable à toute coopération régionale  permettant ainsi l’adhésion des populations.
15.    Renforcer la coopération régionale sur le plan sanitaire (mesures simplifiées pour l’obtention du visa sanitaire pour les mineurs), renforcer les échanges Mayotte / Anjouan par la mise en place de partenariats ciblés concernant la pédiatrie.
 
16.    Renforcer la coopération régionale sur le plan économique par le lancement de vastes chantiers agricoles en prenant la collectivité de Mayotte comme porteur de projet ; mise en place de sociétés d’économie mixte : ETAT des COMORES et Entreprises Agricoles Mahoraises pour la production des fruits et légumes exonérés de charges destinés exclusivement à Mayotte. Ceci permettra aux mahorais de manger à des prix défiant toute concurrence des fruits et légumes nécessaire à l’équilibre alimentaire.
17.    Renforcer le nombre de contrôleurs de la DTEFP passant ainsi de 2 contrôleurs à 34 dont 17 pour les seules communes de Koungou et Mamoudzou.
18.  Favoriser les visas de travail pour les pêcheurs/agriculteurs qui alimentent l’économie mahoraise.
 
19.    Négocier l’immatriculation des kwassas-kwassas aux Comores ce qui permettrait de remonter aux propriétaires en cas de poursuites. Il faudra veiller à renforcer le système de renseignements depuis les Comores.
20.    Ouvrir un bureau de liaison intitulé « la maison des Comores » à Mayotte afin de permettre aux ressortissants des Comores d’y constituer des formalités de dossiers de passeports et retraits d’extraits d’acte de naissance (relevés d’empreintes digitales, photos… ensuite envoi aux Comores pour établir leur passeport). Ce bureau pourrait être une association de la diaspora comorienne