Quel impact le rachat de SFR par Numéricâble peut- il avoir à Mayotte et comment l' Autorité de la concurrence prévient - elle
les risques d' abus de position dominante suite à cette transaction ?
Emmanuel Tusevo a interrogé Bruno LASSERRE , président de l' Autorité de la Concurrence en France.
Quel impact le rachat de SFR par Numéricâble peut - il avoir à Mayotte et comment l' Autorité de la Concurrence prévient - elle
les risques d' abus de position dominante suite à cette transaction ?
Emmanuel Tusevo a interrogé Bruno LASSERRE, président de l' Autorité de la Concurrence en France.
QUESTION : EMMANUEL TUSEVO
SFR est un des pionniers de la téléphonie mobile à Mayotte, qu’est ce que son rachat par Numéricâble peut provoquer notamment pour le pouvoir d’achat des consommateurs ? On en revient toujours au faible pouvoir d’achat de beaucoup de mahorais ?
REPONSE : BRUNO LASSERRE
Le rachat de SFR par Numéricâble a évidemment un impact à Mayotte parce que Outremer Télécoms, la marque Only avait justement été racheté par Numéricâble en juillet 2013. Et donc, c’est la même entreprise aujourd’hui qui, si nous n’étions pas intervenus, aurait possédé
à la fois SFR et son principal concurrent ONLY.
ORANGE n‘ a que 10% de parts de marché à Mayotte. On aurait donc eu entre les mêmes mains d' un opérateur , qui aurait concentré un quasi monopole, 90% de parts de marché. Et ça nous ne pouvions pas l’accepter parce que cela aurait été synonyme de hausse des prix,
de baisse de qualité et de dépendance des mahorais par rapport à une seule offre commerciale.
Nous avons donc demandé à Numéricâble qui l’a accepté de vendre ONLY, l’activité mobile d’Outre mer télécoms y compris les boutiques dans lesquelles sont vendues les offres ONLY de manière à ce qu’un nouvel investisseur, un nouvel opérateur prenne la place d’ONLY,
on gardera la marque ou on changera de nom, on verra tout ça dans l' intérêt des consommateurs mahorais.
QUESTION : EMMANUEL TUSEVO
Donc , Numéricâble arrive à Mayotte par SFR, il est obligé de se détacher , d’ abandonner ONLY et on sait que Numéricâble est considéré comme leader du très haut débit avec 50 à 60% des abonnements internet grâce au réseau câblé historique, qu’est ce que Mayotte qui a longtemps souffert du plus bas débit internet au monde peut espérer de cette arrivée de Numéricâble et puis Mayotte a depuis deux ans le haut débit, est - ce qu’avec Numéricâble, on peut rêver d’un très haut débit ?
REPONSE : BRUNO LASSERRE
C’est à Numéricâble de s’exprimer. Moi je ne fais pas la politique commerciale des entreprises mais l’ intérêt de ce rachat, c’est qu’ il réunit
le premier opérateur câblé qui est en avance sur les offres très haut débit , c'est-à-dire de plus de 30 mégabitts par seconde et qui va permettre d’ offrir les services de demain vu les demandes très consommateurs de débits avec le numéro 2 de l’ industrie mobile en France .
Oui, je pense que la course de demain, elle va être sur les offres très haut débit mais aussi sur les offres de convergence qu’on appelle les offres quadri Pelp.
Aujourd’hui, on peut avec un même forfait avoir internet, la télévision et la téléphonie fixe, demain va s’ajouter une autre composante qui le mobile. On aura des offres à 4 composantes : internet, télévision, télécom fixe et mobile et c’est là-dessus que je dirai, va se concentrer la compétition, c’est là que va être le nerf de la guerre pour l’investissement et les Mahorais surement bénéficieront de ces décisions d’investissements et de cette amélioration des offres.
A LIRE SUR LE MÊME SUJET : A.F.P.
Rachat de SFR par Numericable (Altice): feu vert
sous conditions de l'Autorité de la concurrence·
Paris (France) - 27 octobre 2014 18:58
AFP (Lucie GODEAU)
( télécoms technologies acquisition cablo-opérateurs)
L'Autorité de la concurrence a donné lundi son feu vert au rachat de l'opérateur mobile SFR par le câblo-opérateur Numericable (Altice), mais a assorti cette opération de cinq conditions car elle devrait renforcer le leader du très haut débit en France.
En acquérant la filiale de téléphonie mobile de Vivendi, Numericable va pouvoir faire jouer la convergence avec des offres quadruple play (internet, mobile, fixe et TV) proposées à une base de clients très élargie, a noté l'Autorité au cours d'un point presse.
Numericable, déjà leader du très haut débit avec 50 à 60% des abonnements internet grâce son réseau câblé historique, devrait être renforcé par son acquisition de SFR, qui dispose d'une part de marché de 5% à 10% du très haut débit.
C'est pourquoi l'Autorité de la concurrence a négocié un mélange d'engagements de cessions d'actifs classiques et comportementaux pour préserver la compétition avec Orange, Bouygues Telecom et Free, contraints eux à des investissements importants pour le déploiement de la fibre, a expliqué son président Bruno Lasserre.
La maison mère de Numericable, Altice, devra ainsi céder l'activité téléphonie mobile de sa filiale Outremer Telecom à La Réunion, où l'opérateur aurait 66% de part de marché combinée et à Mayotte (90%).
L'Autorité de la concurrence a souligné qu'elle devra agréer le repreneur.
Numericable devra ouvrir en France son réseau câblé aux opérateurs concurrents, "une première" en Europe, souligne l'Autorité. Cela se fera sous forme d'une "marque blanche" offerte aux MVNO, opérateurs sans réseau propre, ou d'une offre "bitstream" permettant aux fournisseurs d'accès internet d'utiliser l'accès au câble pour proposer des offres très haut débit via leur box, comme le fait Bouygues Telecom.
- 'Muraille de Chine' -
Numericable a par ailleurs pris l'engagement de céder le réseau cuivre (DSL) de Completel, son opérateur à destination des professionnels, qu'il souhaitait précédemment fermer.
Craignant que Numericable ne gèle le déploiement de la fibre (FttH) en zone câblée, l'Autorité a encore obtenu des engagements pour que les accords passés précédemment par SFR avec Bouygues Telecom et Orange pour développer ces infrastructures stratégiques soient appliqués.
Concernant le risque pour la concurrence sur la télévision payante, du fait que Vivendi conservera une participation de 20% dans le nouvel ensemble, l'Autorité a imposé la confidentialité autour des informations stratégiques sur ce segment. Elle a aussi exigé une "muraille de Chine", c'est-à-dire qu'il ne devra y avoir aucun lien entre la direction et le personnel de Numericable et Vivendi.
Altice/Numericable avait emporté SFR en avril à l'issue d'une bataille homérique contre Bouygues en offrant à Vivendi 13,5 milliards d'euros en numéraire ainsi qu'un complément éventuel de prix de 750 millions d'euros.
Mais l'Autorité de la concurrence avait indiqué fin juillet que l'opération nécessiterait un "examen approfondi" en raison de "chevauchements" d'activités qui impliquaient des remèdes.
Elle avait notamment sollicité les avis de l'Autorité des télécoms (Arcep) et du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).
L'enjeu pour le nouveau groupe SFR-Numericable est d'accélérer la fusion du nouvel ensemble afin d'avoir sur le marché des offres convergentes à la fin de l'année, période clef du point de vue commercial.
Jérôme Yomtov, directeur général délégué du câblo-opérateur, s'est déclaré satisfait de l'issue des négociations et envisage une finalisation de l'acquisition "avant la fin de l'année".
Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom, a de son côté salué "le travail extrêmement complet et précis" de l'Autorité, se réjouissant qu'elle ait notamment exigé de Numericable "l'ouverture de son réseau câblé aux opérateurs concurrents, dans des conditions soumises à son agrément préalable".
La mise en place du financement de cette opération de rachat de SFR a en tout cas d'ores et déjà pesé sur les résultats de Numericable. Le groupe a enregistré une perte nette de 177,8 millions d'euros sur les neuf premiers mois de 2014. Retraité des coûts liés à cette acquisition, le groupe aurait enregistré un bénéfice de 121,4 millions d'euros.
A.F.P.