L’association CHIFOUNI de Mtsamboro a organisé une rencontre intergénérationnelle sur un moment clé de l’histoire de Mayotte : la délocalisation de la capitale de l' Archipel des Comores de Mayotte à la Grande Comore et la séparation entre les Mahorais et les Comoriens.
L’association CHIFOUNI de Mtsamboro au nord de Mayotte a organisé dimanche une rencontre intergénérationnelle pour un échange fructueux entre les jeunes et les séniors sur un moment clé de l’histoire de Mayotte : la délocalisation de la capitale des Comores de Dzaoudzi(Mayotte) à Moroni (Grande Comore), une des origines du combat pour Mayotte française, de la lutte des Mahorais pour se séparer des 3 autres îles des Comores. L’endroit choisi pour cette rencontre est plein de symboles : la plage d’ Hamouro au sud de l’île.
« Lorsque la capitale de l’Archipel des Comores a été déplacée à Moroni, il y eu des fonctionnaires qui sont partis à Moroni, il y a eu l’administration qui est partie à Moroni mais il y a eu aussi toutes les infrastructures qui ont été déplacées, les poteaux, les voitures, les bulldozers. Une partie des bulldozers est restée ici sur cette plage à Hamouro et il fallait ces bulldozers pour réaliser des travaux publics à Moroni aux Comores. Le problème est que cette partie des bulldozers était utile à Mayotte pour terrasser les routes pour le peu de véhicules qui restaient ici. Les Mahorais se sont sentis complètement dépossédés. On leur prenait leurs hommes, on leur prenait leur administration, leur économie, on leur prenait tout. Le comble est qu’on voulait leur prendre la moitié des bulldozers qui était ici à Hamouro. Alors, c’est toute l’île de Mayotte qui s’est regroupée ici à cet endroit pendant 3 jours. Les gens ont fait de la résistance. Ils étaient très engagés. », a expliqué YASMINA AOUNY, secrétaire adjointe de l’association CHIFOUNI. L’association CHIFOUNI créée il y a un an œuvre pour l’éducation pour tous les âges.
« L’association fait en sorte que les personnes âgées puissent transmettre tout ce qu’ils ont à transmettre aux jeunes générations parce que, chez nous, la transmission est essentiellement orale. L’association favorise cette transmission afin que le lien ne se rompe pas, qu’on ne soit pas des gens ignorant leur passé, leur histoire, leur mémoire. C’est très important de savoir d’où l’on vient et de se rappeler que des gens se sont battus pour que nous soyons là aujourd’hui. », a aussi indiqué YASMINA AOUNY.
L’association CHIFOUNI pose également le problème de l’enseignement de l’histoire de Mayotte à l’école.
« C’est un véritable problème. Nous sommes insérés dans le système éducatif français dans lequel un programme officiel fixé est par le ministère de l’ éducation national et dans ce programme officiel malheureusement, il n,’ y a pas de place pour l’ histoire de Mayotte et donc la jeune génération mahoraise n’ a pas la possibilité d’ apprendre l’ histoire de Mayotte à l’ école et là où la jeune génération mahoraise peut apprendre son histoire c’est avec les personnes âgées, les parents et les grands parents et cette jeunesse mahoraise ne prend pas le temps d’ écouter ces gens là et c’est dommage parce qu'avec cela, on fait qu’ on ne se connaît pas et petit à petit on perd toute notre identité. On avance sans savoir où on va parce qu’on ne sait pas d’où l' on vient. », conclut YASMINA AOUNY.