Les territoires d'outre-mer sont "totalement impliqués" dans les événements post-attentats de Paris et Saint-Denis, notamment parce que le jihadiste qui les a revendiqués est originaire de La Réunion, a déclaré George Pau-Langevin ,Ministre des Outre- mer.
Un décret, présenté mercredi en Conseil des ministres, "déclare l'état d'urgence, à compter du 19 novembre, à 0H00 à l'heure locale", en Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, La Réunion et Mayotte. Auparavant, ces collectivités étaient en Vigipirate renforcé.
"On est totalement immergés, impliqués dans ces événements qui frappent la France entière", a dit la ministre des Outre-mer, en conférence de presse, soulignant la solidarité exprimée par les ultramarins lors de manifestations et rassemblements.
"Malheureusement, parmi les terroristes mis en cause, on voit apparaître un homme qui a grandi à La Réunion", a-t-elle ajouté, en référence à Fabien Clain, jihadiste français né à La Réunion et dont la voix a été identifiée sur une revendication audio des attaques. S'il a été scolarisé sur l'île entre 1991 et 1995, c'est à Toulouse qu'il s'est radicalisé.
Mme Pau-Langevin a aussi évoqué "deux familles de La Réunion qui ont perdu quelqu'un" dans les attentats de vendredi soir.
"Les préfets seront chargés de mettre en œuvre les dispositions, sous la houlette de mon directeur de cabinet. Le ministère est en première ligne pour assurer la protection et la sécurité des ultramarins", a-t-elle expliqué.
Pour la ministre, " Il est clair que le niveau de menace n'est pas le même dans l'océan Indien et dans la Caraïbe ".
En effet, une centaine de signalements ont été faits à La Réunion à la plateforme nationale de radicalisation et plusieurs élus locaux avaient mis en avant l'existence de groupes radicalisés dans les pays voisins des Comores ou de Maurice. A Mayotte, ce sont "une quinzaine de signalements" qui ont été recensés, selon le préfet Seymour Morsi.
Concernant Mayotte , ce département voisin des Comores, "nous avons demandé au préfet d'intensifier les contrôles aux frontières" alors que Mayotte est "toujours soumis à des arrivées importantes des îles voisines", a ajouté Mme Pau-Langevin, tout en appelant à "ne pas faire de lien entre migrants et menace terroriste".
Département musulman à 85-90% où un islam modéré est pratiqué, Mayotte "fait partie des territoires où on va être très attentif à ce que ne se développe pas un islam radical et une grande partie de la population est assez attentive à cela", a souligné la ministre.
Fin février, une cinquantaine de villageois mahorais "modérés" avaient fait irruption dans une petite mosquée de la commune de M'Tsangamouji où priaient des "djaoulas", communauté plus rigoriste, pour les en chasser et démolir l'édifice à l'exception du minaret, selon le ministère.
AFP : SOPHIE LAUTIER