Soulaimana est un homme sans histoire. Agé de 26 ans, père de quatre enfants, en situation régulière jusqu'en juin et avec un casier judiciaire vierge, il vit "de bricoles dans la maçonnerie". Pourtant, le 3 avril dernier, il décide de répondre en vidéo à une internaute sur un groupe Facebook suivi par 47 000 personnes.
En cause l'opération Wuambushu et pendant onze minutes, "il invite les délinquants comoriens à commettre de multiples délits par secteurs" selon le procès-verbal de la police judiciaire daté du 17 avril. "Si ils souhaitent nous tuer, alors ils doivent mourrir en premier, ce sera la première et la dernière fois qu'ils feront une telle opération." Il encourt jusqu'à 5 ans de prison ferme.
"Ce sera la première et la dernière fois qu'ils feront une telle opération."
Deux jours plus tard, Soulaimana est placé en garde à vue. Il a posté la vidéo à l'aide du téléphone et du compte Facebook d'un proche. A la barre, dans un premier temps, il souhaite revoir la vidéo car il "ne se rappelle pas avoir dit ça" avant de changer de version. "Je vous présente mes excuses, ce n'était pas mon intention. Je ne recommencerai plus." Les excuses seront sa défense tout au long de son procès.
"Avant de faire n'importe quoi, on réflechit."
La Présidente du tribunal n'hésite pas à le sermoner. "Avec la situation à Mayotte, on n'a pas besoin de ces appels à la haine, à l'incendie, au meurtre. Avez-vous envie qu'un abruti passe à l'acte ? Avez-vous envie que Mayotte s'embrase ? Avant de faire n'importe quoi, on réflechit." À chaque fois, Soulaimana répond "non" et s'excuse encore. "Alors on n'allume pas l'allumette" lui rétoque la Présidente du tribunal. "J'ai compris, j'ai un enfant malade et c'est mayotte qui le soigne" conclut ce dernier venu à Mayotte pour la première fois à l'âge de 6 ans et de retour dans le 101e département depuis 2020.
6 mois de prison ferme requis par le parquet
De son côté, la substitut du Procureur rappelle que la vidéo est publiée dans le contexte de l'opération Wuambushu qui "suscite dans la population beaucoup d'interrogations, d'inquiétudes, de stress et de tensions et ce qui a été dit a eu un impact sur ceux qui regardent la vidéo. C'est un appel à la bataille, à l'emeute et c'est grave." Elle requiert 6 mois de prison ferme. "Ce sera plus, j'ai le nez pour ça" nous glisse l'avocat de la défense. Raté, Soulaimana est condamné à 280 heures de travaux d'interet général. Il a 18 mois pour effectuer sa peine sinon il devra purger 2 mois de prison ferme à Majicavo. Le parquet a décidé de faire appel de la décision.