Depuis le passage de Chido et Dikeledi, l’accès aux champs de nombreux agriculteurs de Tchaorembo est devenu un véritable parcours du combattant.
La piste, déjà en mauvais état, est désormais jonchée de trous béants, de poteaux électriques renversés et de fils à terre. Il faut parfois plus d’une heure pour parcourir un chemin qui, avant, se faisait en quinze minutes. Et pour ceux qui ne possèdent pas de 4x4, la montée est devenue impossible.
Le cri d'alarme des agriculteurs
Parmi les sinistrés, Siaka Diaouirou et Ali Baba témoignent de leurs difficultés quotidiennes. Malgré leurs alertes répétées auprès du département et de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), aucune intervention n’a, pour l'instant, été menée pour remettre en état cet axe vital.
La piste, longue de 4 km, permet à une centaine d'agriculteurs de rejoindre leurs champs en temps normal. Ils se retrouvent actuellement dans l'impasse.
Siaka Diaouirou comptait sur l’électricité pour faire tourner son exploitation mais voit aujourd'hui son projet à l’arrêt. "Les poteaux sont tombés avec les fils, mon projet est carrément stoppé. J’ai fait appel aux autorités pour qu’ils réparent rapidement, mais ça fait trois mois et toujours rien. On nous dit que c’est en cours, mais on ne sait pas pour quand… En attendant, on souffre."
Outre ces conditions de tranport compliquées, l’érosion causée par les intempéries a mis à nu des câbles électriques souterrains, créant un danger potentiel. "Si jamais le courant est rétabli, ça risque de faire énormément de dégâts", confie l'agriculteur, inquiet.
Un accès aux champs de plus en plus difficile
Condro-Moimba Fardhoiti avait pour habitude de se rendre dans son champ à pied. Mais c'est aujourd’hui devenu impossible. "Tout le bois est tombé à terre, la route est totalement détruite. Je suis obligée d’attendre qu’une voiture monte pour me faire accompagner… sauf que toutes ne parviennent pas jusqu’en haut. Il m’est déjà arrivé de rester bloquée en bas, à attendre."
On ne peut pas dire qu’on veut développer l’agriculture et laisser les agriculteurs dans cette situation !
Ali Baba,agriculteur de la commune de Chirongui
Ali Baba, lui, doit s’occuper de ses animaux chaque jour. Il est contraint d’utiliser un véhicule dédié exclusivement à ce trajet infernal car le chemin à pied est interminable. Mais il explique que cette route n'est pas sans conséquences pour les véhicules. "Nos voitures sont tellement abîmées par la route qu’elles ne passent plus le contrôle technique. On ne peut pas dire qu’on veut développer l’agriculture et laisser les agriculteurs dans cette situation !"
Cette situation exaspère d'autant plus les agriculteurs que Mayotte souffre actuellement de plusieurs pénuries qui affectent fortement le quotidien des habitants. "On attend des bananes pour la population, on veut de la viande fraîche mais on nous laisse dans cet état. C’est en nous aidant qu’on va répondre aux besoins de la population", ajoute l'éleveur.
Face à cet abandon, ces travailleurs lancent un appel urgent. Sans route, l’agriculture locale, déjà fragile, risque de s’effondrer.