La « loi sur la citoyenneté économique », c’est d’abord l’histoire d’un tour de passe-passe : une loi sur la nationalité, rejetée par les députés, se transforme en loi sur la citoyenneté adoptée « dans l’urgence ». Un ancien secrétaire général du gouvernement, Nouredine Bourhane dit qu’il « n’a pas fait attention » en transmettant à la présidence un faux PV de l’Assemblée Nationale pour promulgation.
Un contrat avec les Emirats est écrit en arabe, le directeur de cabinet du président Bacar Dossar ne comprend pas l’arabe, mais il le signe quand-même : « j’étais un peu gêné, il y avait là un officiel émirati et le Président… Je regrette ».
Un chargé de mission explique qu’il a voyagé maintes fois vers Abu Dhabi avec des valises pleines de passeports à vendre. A l’audience, est évoqué aussi un atterrissage de jet privé arrivé des émirats transportant des valises pleines de billets de banques, que l’on achemine discrètement vers le salon VIP de l’aéroport de Moroni.
Combien de passeports ont été ainsi vendus à des ressortissants du golfe persique en quête d’une nationalité ? On n’en sait rien. 4000 dit l’un, 100 000 dit l’autre. Combien d’argent ? Et où est-il passé ? On n’en saura rien non plus. Tout s’évapore, les souvenirs comme les montants.
Il y aura cet aveu d’impuissance de Bacar Dossar, passé de directeur de cabinet à ministre des finances du Président Sambi, il déclare: « si l’administration comorienne était efficace, ça se saurait ».
Le procès reprend ce jeudi matin pour une dernière audience, avec les plaidoiries et le réquisitoire.