« Cette cour n’est pas légale ! » s’est exclamé l’un des avocats venu de Belgique pour défendre l’ancien président Sambi. Les premiers débats de l’audience se sont enlisés dans une querelle sur la légitimité de la cour de sûreté de l’Etat.
Le président Sambi lui-même s’est levé pour dénoncer une cour qui, selon lui, n’est pas habilitée à le juger. Ses avocats ont menacé de se retirer du procès. L’acte d’accusation n’a même pas été lu au terme d’une matinée d’échanges tendus qui a abouti à une demande de report…par le commissaire du gouvernement, (équivalent d’un procureur). Le président de la cour a demandé à chacun de reprendre ses esprits jusqu’à demain mardi 8h30.
L’ancien président Sambi a passé plus de quatre ans et demi en détention préventive sous l’inculpation de détournement de fonds. Une détention illégale, puisque la loi fixe un délai maximum de 8 mois. Il est resté enfermé sous bonne garde dans sa maison de Moroni transformée officiellement en « annexe de la prison ».
« Il n’a été interrogé que quatre fois pendant un quart d’heure » dit l’un de ses avocats, maître Jean-Gilles Halimi du barreau de Paris. L’instruction portait sur un présumé détournement des fonds. Un défenseur affirme que ses comptes et ceux de ses enfants ont été fouillés, « on n’a rien trouvé, aucune preuve ».
« Si les juges condamnent Sambi, ils devront en répondre un jour »
Alors l’inculpation a changé, il sera finalement jugé pour « haute trahison ». Le problème est que cette infraction n’existe pas dans le code pénal comorien. Qu’importe, dans l’acte d’accusation il est écrit qu’il faudra « faire une construction juridique de cette notion ».
Maître Halimi raconte : « j’ai déjà eu à défendre par le passé des dissidents polonais sous la dictature du général Jaruzelski en Pologne, eh bien aux Comores c’est pire ». Cet avocat a l’intention de prévenir les juges de la cour de sûreté de l’Etat, tous nommés par Azali, qu’ils vont se mettre eux-mêmes dans l’illégalité s’ils condamnent Sambi, et qu’ils devront en répondre un jour.