Alain Kamal Martial nous livre un regard Mahorais sur une crise mondiale

Alain Kamal Martial Henry appelle à une démarche planétaire pour faire de la période de confinement une conclave mondiale dont le but serait de penser, écrire et proposer des modèles de sociétés plus humanisantes et moins portées sur un capitalisme libéral responsable de la propagation du Covid19. 

1 COVID19, AN 2020
Entre confinement et reconquête des libertés essentielles
Dr. Alain Kamal Martial Henry

Docteur et chercheur en Littératures postcoloniales, Alain Kamal Martial est également écrivain et dramaturge. Depuis plus d’une décennie, il sillonne le Canal de Mozambique et l’Europe en se faisant chroniqueur et analyste d’un milieu urbain de plus en plus déshumanisant. Confiné chez lui depuis le 17 mars, il livre sa pensée sur la situation de la pandémie mondiale. Alain Kamal Martial fait le constat de l’avant crise et porte un regard optimiste sur l’avenir mais à la condition que les sociétés humaines soient en capacité de dépasser le vieux modèle du capitalisme bourgeois imposé à toutes les grandes villes du monde. Il sera donné à l’humanité de choisir entre les enseignements de la crise pour se renouveler une perte dans les ruines d’un capitalisme à bout de souffle, désormais anéanti par le Coronavirus.


Afin de lutter contre le Covid19, confinement est devenu le mot d’ordre pour l’ensemble des Gouvernements du monde. Mais ne me suis-je pas imposé l’enferment depuis des années déjà ? En vérité, mon temps est consacré pleinement aux humanités pensantes dans leurs différentes expressions disciplinaires. Constamment et sans cesse, je lis et j’écris. Durant cette période de crise je me considère en conclave comme j’ai eu l’habitude de l’être déjà entre les quatre murs de mon bureau, chez moi à Mayotte ? dans un hôtel à Maputo, à Nairobi ou àDar-es-Salaam Je lis encore, j’écoute les informations et… j’écris encore. Je mène à leurs termes des projets d’écriture que je n’arrivais pas à aboutir par manque temps. Le confinement m’apporte les heures nécessaires à mes projets de recherche et d’écriture.

Cette pandémie est bien évidemment un drame mais je ne vois pas une humanité qui fléchit plutôt, un modèle de société brusquement mis à genoux. Certes, il y a des centaines de morts mais face aux conséquences du Coronavirus, la solidarité et le sens de la responsabilité des uns vis-à-vis des autres recréent l’espoir comme à chaque fois que l’humanité est mise à l’épreuve par la force du temps. Ce n’est donc pas l’humanité qui est brisée dans sa profondeur. Non. Loin de là. Car l’humanité saura faire preuve de solidarité et c’est justement, le sens de l’humanitaire et de l’humanisme qui se reconstruit pour venir à bout de la pandémie.

Alors, considérons-nous en conclave planétaire et interrogeons-nous en tant qu’humains. Que voudrait-elle sauver après la crise ? Toutes les sociétés devront poser les questions suivantes et y répondre : quelle est notre préoccupation à l’heure actuelle où les commerces et les loisirs sont fermés ? D’évidence et selon les demandes des confinés, « c’est la nourriture, l’eau, la santé et la famille… ». Et l’on pourra approfondir l’interrogation pour la porter sur notre organisation sociale, plus précisément, nos habitudes et les raisons de nos déambulations dans les rues de commerce tous les jours. Sans doute, pour de nombreuses personnes, il y aura le sentiment d’avoir perdu quelque chose. C’est un peu comme si une liberté venait d’être entravée. Cela peut s’expliquer par l’habitude et le conditionnement à la consommation.

  • Le Capitalisme est la première victime du Coronavirus.

La tragédie qui se joue sous nos yeux a un autre nom. Et paradoxalement, elle est enceinte d’espoir comme l’attente du soleil à la fin d’un cyclone. Le drame que j’identifie est en réalité la ruine du modèle des sociétés de consommation pensé depuis deux siècles. Le long de son chemin, il ne sut triompher, sur tous les fronts, qu’en imposant une voracité monstrueuse. Glouton, il engloutit tout sens de solidarité humaine. J’affirme ainsi que le drame que le destin apporte sur la scène mondiale est la fin du modèle capitaliste conçu par la bourgeoisie occidentale depuis la révolution industrielle. Il est la première victime du Coronavirus. Ce petit virus vient d’éventrer l’Ogre de l’exploitation de l’humain et de la nature par la surproduction et la surconsommation.

Il est question de l’agonie du libéralisme économique planétaire qui exploite l’individu et les collectivités humaines à outrance en imposant partout un modèle de société unique bâti selon ses propres canons. Il sait broyer les cultures et denrées du terroir avant de pousser sur les débris de tout ce que les sociétés fragilisées créèrent de meilleur ; leur culture, leurs identités et leurs œuvres de pensée. Dans toutes les villes du monde, travailleurs et chômeurs sont réduits à de simples consommateurs. Nuit et jour, ils déambulent comme des troupeaux en transhumance dans les grandes places, les grandes surfaces, les centres commerciaux, les galeries pour consommer tout et rien dans le seul but de satisfaire le profit d’une minorité qui détient les grandes firmes et enseignes du monde.

Mais voici que soudainement tout s’arrête. Les magasins ferment. Les stades du footdollar ferment. Les pompes du pétro-dallar s’arrêtent. Les aéroports ferment. Les usines ferment. La production de masse est stoppée. La consommation fait une trêve. Les bourses s’effondrent. Moins de pollution dans les grandes villes. La nature prend le dessus. Les rivières et les forêts respirent. C’est presque surréaliste pour ne pas dire ironique. Impuissants, les Etats prescrivent les livres et les arts à ceux qui sont confinés, alors que longtemps, ces nourritures intellectuelles ont été bannies des deniers mercantiles des étagères des grandes surfaces. C’était la dernière des préoccupations des Gouvernants.

Nous sommes spectateurs de cette scène inédite qui montre la mort d’un titan, une civilisation est en train de perdre tout l’orgueil de sa science et de ses finances. Confinés, je vous invite à penser. Aujourd’hui, demandons-nous quel a été l’intérêt de ces rues de commerce. Ces rues d’hier remplies de nous, nous leurs clients, ces lieux où chacun se jetait pour acheter tout et rien sont désormais fantomatiques. Confiné ! C’est ce système qui a confisqué à lui seul tout sens, toute raison tout en refoulant toute logique qui ne soit pas celle de produire et de consommer qui l’est en premier lieu.

Mais en réalité, l’humanité est enfin assignée voire consignée à son essentiel strict et absolu. Il nous est donné l’occasion de porter un regard critique sur notre monde et sur notre mode de vie relativement à notre rôle social et à nos identités individuelle et collective. C’est une chance. Saisissons-la. Pensons, écrivons et à la sortie de cette crise, contribuons à l’émergence d’un monde plus humanisé.

Je pars du postulat selon lequel le consommateur que nous sommes n’a pas choisi de l’être ou du moins, il n’a pas choisi d’être tel ou tel type de consommateur. La publicité excessive qui passe dans notre télévision, dans notre téléphone, le long des rues de nos villes sur les grands panneaux nous formate. En journée, nous sommes au travail pour finir dans les rues, les centres commerciaux, les galeries pour acheter l’utile et l’inutile parfois, avec accès. La nuit, nous sommes condamnés à plonger dans les bars, dans les discothèques où nous consommons tout un ensemble de produits importés que la ville nous offre à l’excès.

Est-ce là notre volonté ? Est-ce notre choix de vivre de cette manière ? Choisissonsnous ce que nous achetons ? Avons-nous des goûts personnels liés à nos choix de vie ou suivons-nous les ordres dictatoriaux des panneaux publicitaires, des écrans, des ondes et de la ville qui nous imposent leurs choix ? Avons-nous vraiment la liberté de choisir ?

  • Et si le confinement était une opportunité pour repenser notre condition sociale ?

D’emblée, je me rends compte que le confinement ne me retire pas pour autant ma liberté. C’est la Ville et le modèle capitaliste bourgeois de l’Occident qui m’ont déjà privé d’elle. La Ville m’empêche d’être ce que je veux être, elle m’impose un modèle exogène rude, austère, aride pour n’être qu’un désert de sens humain. La vie qui m’est donnée à vivre dans ma ville fragilise mes libertés fondamentales. La liberté dont je crois jouir est illusoire. Ma ville exclue et me désolidarise de tous ceux qui ne peuvent pas consommer. Ces derniers ne peuvent pas faire partie des relations qui se créent entre les Citadins parce qu’ils ne jouent aucun rôle dans cette grande illusion des vitrines et des espaces de loisir journalier et nocturne ouverts aux consommateurs.

Or, en vérité, ma liberté dépend de ma faculté à faire des choix conscients en tant qu’individu éclairé capable de structurer sa vie selon les valeurs qu’il s’est forgées ou qui lui ont été transmises dans sa culture. Mais hélas, au contraire, la Ville qui m’a été proposée m’enlève mon essentiel humain, je constate que l’individu que je suis est conditionné par une surconsommation de produits importés de l’Occident dans leur grande majorité. Ces deniers envahissent mon univers au quotidien. Le long des routes de ma ville et le long des rues, les panneaux publicitaires me les imposent comme un fantasme greffé à mon subconscient malgré moi. Que ce soient les vêtements, la nourriture, les artifices, les apparats divers, je consomme. Les comportements, les habitudes, les gouts que je développe ne sont pas les miens en ce sens que parmi les produits vendus dans les magasins et dans les halls de la ville −qui sont aujourd’hui fermées− nombreux ne sont pas utiles à mon existence et à mon bonheur. Je peux bien m’en passer si je viens à m’affranchir de la publicité qui construit mon fantasme et mon désir.

Pourtant, je vais constamment sentir la nécessité d’acheter. En tant que consommateur, je penserai que j’utilise ces marchandises alors ce sont elles qui m’utilisent comme moyen. L’outil c’est mon désir et moi. Je suis une machine de fantasme et de désir qui fait tourner la machine de guerre capitaliste endossée par la Ville. Je suis le consommateur. Dans ce cas, il faut admettre qu’il n’y a aucune liberté et par conséquent il convient d’entreprendre un travail de reconquête de mes essentiels et en premier lieu ; mon sens critique, ma capacité de jugement sans lesquels je ne peux atteindre ma liberté individuelle.

  • Donner un sens à la consommation en vue de regagner les libertés fondamentales

Ainsi, dans une telle société de consommation, nous ne saurons parler de liberté individuelle ou sociale que lorsque le système commercial intégrera un certain type de marchandise à sa communication et à ses étagères. Il s’agit des « produits intellectuels » et des articles de « la production endogène ». La consommation ne peut plus se limiter exclusivement au profit des grandes firmes, elle doit s’étendre aux produits qui contribuent à la structuration individuelle de l’individu. Consommer doit parallèlement développer la part essentielle de mon humanité, de mon humanisme, de mon identité culturelle du territoire et donc de l’avènement d’un commerce qui ne promeut plus le profit des grandes firmes internationales au détriment la solidarité de la collectivité.

J’entends par « produits intellectuels » tous les objets culturels et symboliques matérialisés qui participent à la structuration intellectuelle des hommes et des femmes dans une société. Ce sont ceux dont la consommation apportent aux consommateurs la connaissance et la conscience nécessaires à leur jugement, à leur sens critique et à leur opinion. Il s’agit des arts nécessaires : livres, théâtre, cinéma, musique, patrimoine culturel et scientifique divers.

J’entends par « la production endogène » toute la chaine de l’économie développée par une société tendant vers son réseau local d’autonomisation alimentaire, vestimentaire et artisanale, notamment les produits de son agriculture, de ses paysans, de la création endogène, la production de ses artistes et de son artisanat de confection, de manufacture et d’art.

Or, circulez dans nos villes, observez les panneaux publicitaires, vous ne verrez jamais un écran ou une quelconque annonce qui incite à la consommation du livre, des arts en général ou des produits essentiels du terroir. Ce sera Nissan, Peugeot, Mercedes, Wolkswagen, Johnie Walker, Coca Cola, Fanta, Samsung qui régneront sur les panneaux et les écrans publicitaires, les étagères, derrière les vitrines et dans les hall etc… Voilà exactement le système que le Corona Virus vient d’étrangler : un capitalisme libéral impérialiste de la bourgeoisie occidentale appelée « la mondialisation ».

  • Assignation à l’essentiel pour repenser une Ville et une économie à humaniser
Confiné, l’homme, ce « réseau fragile mais pensant » selon les termes du philosophe Pascal, se rend compte d’avoir négligé son plus grand atout. Devant le spectacle des rues vides, des centres de commerce déserts, des magasins fermés, des stades de football interdits, devant la réalité du football en trêve, voilà qu’enfin, les Maîtres de la Ville parlent d’éducation, de santé, de culture, des humanités pensantes, des produits intellectuels et symboliques véhiculés en majorité par les livres. On prend conscience que l’humanité est à sauver dans ce qu’elle a de plus essentiel. On se rend compte que cet essentiel consolide le vivre-libre. Il est une préoccupation de l’homme. Il doit bénéficier d’une attention à accorder à la consommation du nécessaire à travers la défense des œuvres de pensée et des nourritures intellectuelles celles qui participent à la construction de l’individu et qui lui confèrent ainsi sa capacité de jugement, son pouvoir critique, son choix conscient et tout un ensemble de facultés qui construisent sa liberté citoyenne et humaine.

Ainsi, je considère l’expérience mondiale du confinement comme une assignation de l’humanité à son essentiel. J’ai la nette certitude que nous pouvons user notre temps à repenser nos sociétés surtout dans les pays pauvres. Je me trouve renforcée dans l’idée selon laquelle nous devons repenser notre consommation pour intégrer les œuvres des humanités pensantes produites par nos artisans, nos artistes, nos penseurs en leur donnant la valeur essentielle qui les reconnait comme des produits indispensables et de première nécessité à distribuer et à consommer dans la Ville.

De cette façon, nous devrons appeler les citoyens du monde entier, au terme de notre confinement-conclave, à clamer haut le refus d’être utilisés comme un outil du capitalisme aveugle qui tue notre sens, notre sens critique et nos libertés. Nous devons demander plus de local et plus d’œuvres de pensée et d’arts dans les rayons des magasins et sur les écrans et panneaux publicitaires. Au terme de son confinement-conclave, l’humanité doit revendiquer la meilleure part de notre espèce, cette intelligence qui fait de nous ce que nous sommes dans la généralité (genre) et dans notre particularité de peuple : la culture. Ce qui est refoulé, rejeté, évacué par le système de consommation de la bourgeoise capitaliste occidentale doit revenir en force pour que « mon être et mon identité » soient présents dans le commerce et le système économique qui se développent dans ma ville afin qu’elle me construise et qu’elle construise la solidarité humaine.

Et enfin tout artiste essentiel, plus que jamais, doit être convaincu que son art est indispensable à la Ville. Tout homme de science et de culture doit en être convaincu. Les écrivains, les artistes et les universitaires doivent militer main dans la main comme une force devant participer activement à la construction de la ville et de sa vie citoyenne. La présence des produits intellectuels et symboliques produits par les écrivains, les chercheurs et autres créateurs doivent être accessibles sur les rayons. Ces œuvres d’émotion, de sensibilité, l’histoire et le patrimoine doivent être hautement valorisées.

 
  • Après Coronavirus, que faire de et dans nos villes ?
Le modèle de la bourgeoisie capitaliste décrit plus haut se trouve dans ses limites et commence ses années de déclin et pourtant les jeunes sociétés qui émergent après les indépendances africaines y adhèrent aveuglement. Les grandes Capitales du tiers-monde trainent des aberrations dans la mesure où elles n’arrivent pas à suivre le rythme de l’Occident. Elles s’imposent le même système de consommation avec la même organisation 6 des rues de commerce, les mêmes centres commerciaux, les bars, les discothèques en proposant les mêmes produits qu’on trouve en Occident dans un contexte de pauvreté.

En réalité, les villes des pays pauvres s’inféodent. Elles se soumettent à une domination volontaire. Elles se coupent de la production de ses habitants, de ce que j’ai nommé « la production intellectuelle » et « la production endogène ». Incapables de suivre le rythme de New-York, Paris, Londres, Pékin, Hong-Kong, Dubai, Abu Daby etc.. nos villes pauvres déshumanisent dans la corruption des hommes et dans la prostitution des femmes. Plus dramatique est le statut et rôle des jeunes filles. Elles sont utilisées dans les Clubs, les hôtels et les bars comme de l’appât, de la chair d’ivresse pour un tourisme basé sur le bienêtre de l’Occidental. On voit ces vieillards à la retraite, hélas, grandes victimes du Coronavirus, ces jours se pavaner avec des jeunes filles qu’ils ne pourront jamais avoir chez eux.

La raison en est que le modèle imposé par l’Occident dans les pays pauvres crée l’eldorado de ses ressortissants. Dollar, euro, livre sterling sont les chaines que la bourse de New-York brandit pour soumettre les pays et grandes villes du tiers-monde. La libération des grandes villes et des citoyens de la bêtise des sociétés de consommation selon le modèle occidental est un nouveau défi pour les grandes villes africaines.

Désormais, il convient de refuser ce modèle puisqu’il apparaît aujourd’hui comme étant un échec humain et humaniste. Il est évident que la vie dans la ville peut s’organiser autrement. Il est plus que temps de penser plutôt à un système qui équilibre les forces. Il est malheureux de le dire mais le coronavirus est en train de faire ce travail… Repenser les sociétés en revoyant les valeurs. Ne nous envoie-t-on pas des livres, des œuvres d’art via le web comme si il s’agissait d’un autre médicament en attendant le remède qui nous sauvera du coronavirus ?

Il s’agira de penser la ville comme un lieu d’humanisation et de valorisation du local. La nouvelle Ville devrait laisser une place importante aux artistes du pays, elle devrait s’organiser autour des vraies valeurs des peuples, elle devrait les rendre visibles afin que le souci de la transmission des humanités pensées localement soient au premier plan et au second plan, celles importées.

La Ville devra penser à sa jeunesse, en premier lieu, aux étudiants et aux étudiantes, elle devra en faire la force vive de renouvellement des espaces selon un modèle inspiré des grands hommes et femmes du pays. La Ville devra faire une place importante à ses artistes. L’échelle des valeurs et la hiérarchie des espaces. Plus de bibliothèques. Plus de librairies. Plus de théâtre. Plus de cinéma (local). Plus de patrimoine humain. Que les grandes villes deviennent des vastes ponts entre l’individu et son humanité.

Enfin, la résurgence d’une telle révolution porte les pays sous-développés ou en voie de développement vers un avenir qui s’inscrit dans une dynamique de création d’un modèle plus approprié capable d’accompagner et de relever ce qui est plus humain. C’est celui-ci qui sera prometteur en raison des enseignements tirés des ruines de ce capitalisme « confiné ».

D’une part, les œuvres d’arts et les artistes qui les créent, les œuvres de culture, le patrimoine historique et les œuvres de connaissance seront des produits de consommation d’un autre modèle. Ils rendront le commerce plus humain et qui participeront à la construction des libertés humaines. Et d’autre part, ils favoriseront l’intégration de la jeunesse, notamment des étudiants, aux enjeux et aux projets de la ville. Ils seront la ressource constamment engagée pour un renouvellement nécessaire des espaces et une meilleure vie dans la ville.

Toute « production endogène » devra être privilégiée sur les panneaux et écran de la grande publicité afin de créer une consommation affranchie de l’Occident dans son essentiel. La technologie, l’informatique, l’automobile nécessaires à la modernisation seront des secteurs d’importation dans un premier temps mais qui, à court ou à long terme, devront être investis par les forces nouvelles et les génies des universités locales selon le modèle de production propre au système pensé par le pays à l’instar du miracle technologique indien.

Ainsi, et enfin, sera dépassé le capitalisme austère, impérialiste et déshumanisant pour un modèle économique qui préserve la grande part humaine nécessaire à la solidarité humaniste à la fois culturelle et universelle au sein de laquelle chaque pays apporte sa part de façon équilibrée.