"Le Centre hospitalier de Mayotte recherche des MEDECINS urgentistes (diplômés européens acceptés) à partir de début juin afin de maintenir sa ligne de SMUR ouverte…"
L’annonce lancée par une infirmière sonne comme un appel à l’aide. Publiée sur les réseaux sociaux, elle n’attire pas grand monde en France en tout cas. Pas étonnant, ces dernières semaines le CHM de Mayotte a été fortement médiatisé suite aux agressions de son personnel sans parler des intrusions de bandes armées dans certains établissements.
La conséquence la plus grave se ressent au niveau du service des urgences. "Aujourd’hui on ne peut pas assurer le fonctionnement du SMUR". Explique le docteur Nora Oulehri la directrice du SAMU 976 fait partie des « survivantes ». Ces derniers mois des dizaines de médecins urgentistes ont résilié leur contrat ou annulé leur arrivée sur le territoire. Les anciens du service sont actuellement sollicités pour revenir travailler au CHM.
« Pour faire tourner le service il faut qu’on soit 37, là on est 6. »
Ces six praticiens se relayent 24h sur 24. Flirtant parfois avec l’illégalité, avec des gardes de 2 jours d’affilée. Malgré la décision de ne prendre en charge que les urgences vitales, l’affluence devant l’entrée des Urgences du CHM reste la même. Entre 160 et 190 patients défilent ici chaque jour. Pour tenir, il a fallu faire des choix. "L'ensemble du service est fermé, il reste un médecin à l’accueil et un en régulation." nous glisse un praticien, seules les urgences vitales sont assurées.
« On demande des renforts mais ils nous répondent : vous êtes sûr pour la sécurité ? On ne peut pas s’engager là-dessus »
Du côté des infirmiers, la situation n’est pas mieux. Et malgré l’activation du niveau 2, du plan blanc impossible de trouver des remplaçants. Au sein de l’unique hôpital de l’île tous les autres services souffrent de l’image négative de Mayotte à l’extérieur. Pour le Dr Oulehri l'ancien encadrement n’a pas mis en place les mesures nécessaires pour sauvegarder le système. « On a toujours fonctionné avec des remplaçants on n’a jamais pensé à des solutions pérennes.»
Mayotte n’est pas le seul territoire Français où les urgences sont en crise.
Mais l’insularité et l’enchaînement de crises sécuritaires ont aggravé la situation sur l’île. Pour le médecin urgentiste l’opération Wuambushu a été le coup de grâce. La directrice médicale de crise souhaite mettre en place un système d’alternance en s’appuyant sur les grands CHU. Des missions de deux mois qui pourraient aboutir sur des contrats plus longs. En attendant le niveau 2 du plan blanc permettra de mobiliser les médecins urgentistes à la Réunion et au national… Eux-mêmes déjà surmenés…