Le bambou, un matériau sous exploité à Mayotte

Les bambous sont moins nombreux le long des routes nationales du sud du département. Ils disparaissent à certains endroits de l'île à cause des feux de brousses volontaires et des coupes sauvages.
 
C’est une des plantes emblématiques de Mayotte, le bambou. Longtemps, il était utilisé pour la construction des habitations traditionnelles mahoraises, en torchis. L’ossature de la maison était faite à l’aide de poutres et surtout de lattes de bambou, notamment pour les murs et les cloisons.
Les jeunes garçons qui ont eu à fabriquer leurs bangas, l’ont manipulé. C’est un matériau souple, résistant et solide. Les clôtures des cours étaient elles aussi parfois en bambous taillés.
Il a aussi été utilisé comme récipient par les fabricants de vin de palme.  
Ces dernières années, tout un secteur artisanal s’est développé autour du bambou. Des objets sont vendus dans les différentes foires et marchés artisanaux. Il est aussi utilisé dans la construction des bungalows mais le secteur n’est pas très développé à Mayotte. Une filière de fabrication de meubles avait même était mise en place dans les années 90.
Les familles mahoraises ont opté pour des habitations en dur. Le bambou est abandonné, du moins dans la construction des habitations. Mais, il est à nouveau utilisé dans la fabrication des maisons informelles qui poussent dans les campagnes. En général, les bambouseraies se trouvent le long des rivières ou près des ravines. Des terrains qui appartiennent pour la plupart aux collectivités.
    
C’est ainsi qu’une grande partie des routes nationales étaient bordées de bambous. Ils formaient ainsi des glissières de sécurité en trompe l’œil puisqu’ils ne peuvent pas supporter le poids des véhicules en cas de choc. A la saison des puies quand le vent devient fort, les forêts de bambous forment des arches sous lesquelles passent les voitures avec une certaine inquiétude.
Les services de l’Etat procèdent à des élagages régulièrement pour des raisons évidentes de sécurité pour les automobilistes.  
Les bambous sont donc entrain de disparaître en rase campagne, pour laisser la place à des glissières de sécurité ou des murets. C’est moins joli, mais plus sûr.
Plus de 500 micros entreprises sont dans la filière de l'exploitation du bambou sur la Grande île selon Midi Madagascar. Elles bénéficient de l’aide de l’INBAR (International Network for Bamboo and Rattan). En plus des productions classiques, ces unités produisent aussi du mobilier pour les écoles.
Des universitaires travaillent depuis des années sur le bambou et la fibre de bambou  en tant que matériau de construction dans le bâtiment. Mayotte ne semble pas encore avoir pris toute la mesure des possibilités offertes par cette plante qui pousse naturellement pratiquement sur tout son territoire. Une matière qui peut aussi être une alternative au plastique à l’heure du développement durable et de l’écodéveloppement.  
Il reste à trouver des investisseurs qui oseront parier sur le bambou. Le savoir traditionnel est sur place, et pour ce qui est de l'exploitation dans des secteurs plus pointus, Mayotte peut toujours faire appel à l'expertise des chercheurs malgaches qui y travaillent depuis des années, ceci dans le cadre de la coopération régionale par exemple.
Et en ce moment, avec les pluies abondantes qui tombent sur l'île, les forêts de bambous se régénèrent après les agressions ; incendies et coupes sauvages.