Archives d'Outre-mer - Mayotte : connaissez-vous l'histoire des bangas traditionnels ?

Bangas traditionnels à Mayotte
Aujourd'hui, à Mayotte, le nom "bangas" désigne des habitations précaires fabriquées en tôles ondulées. Dans la tradition ancestrale, le banga est la case des jeunes hommes célibataires. Les archives d'Outre-mer vous proposent de retrouver cette construction typique, qui disparaît peu à peu.

Une tradition mahoraise

A Mayotte, les parents se doivent de construire une maison à chacune de leurs filles. Les jeunes mariés en prennent possession lors des cérémonies du mariage. Les maisons appartiennent aux femmes.

Dans la tradition, les garçons quittent la maison familiale à la puberté. Cela évite que les adolescents dorment dans la même chambre que leurs soeurs et permet de faire de la place dans l'habitation principale pour accueillir les naissances successives. Le fils construit alors son banga. Celui-ci est une case végétale d'une seule pièce, une petite maison en terre au toit en palmes.

Construire son banga constitue un rite de passage vers le monde adulte. Avoir une maison est une reconnaissance sociale. Pour le jeune garçon c’est le début de l’indépendance. La liberté... Il y habitera jusqu’à son mariage.
Deux adolescents devant un banga

La femme est le centre de la famille. C'est elle qui possède la maison. L'homme, lui, gravite autour. Le banga est la seule maison que le jeune a dans sa vie. Dès qu'il se marie, il entre dans une autre maison, qui est la maison de sa femme.

- Jean-Claude Pichard, co-auteur du livre "Bangas", Editions du Baobab

  

La musada juvénile

Le garçon se doit de construire son logement lui-même. Son père ou ses amis peuvent toutefois lui prêter main forte. L’ossature traditionnelle est en bois d’ylang ou en bambou. Des palmes tressées forment le toit. Les murs sont en torchis. C’est là qu’intervient la musada (prononcez moussada). La musada correspond à l’entre-aide villageoise. Les voisins et amis s’activent ensemble pour préparer le mélange de terre et de paille qui formera les murs. L'opération est délicate et doit se faire en une journée. Les femmes préparent un grand repas communautaire.
Jeune Mahorais dans son banga
Le jeune garçon personnalise son banga. Il le décore de couleurs vives, de phrases expressives. Parfois, Il lui donne un nom. La case nécessite beaucoup de soins d'entretien et de réparations. Elle dure peu de temps.
slogans décorant les murs de bangas

Vous saurez tout sur la tradition mahoraise des bangas en regardant le reportage réalisé par Pascal Henrio en 1990:
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