« Bapale a été assassiné »

Au cours d’une conférence de presse, le Front Commun des Forces Vives contre la Dictature s’est interrogé sur la présence du chef d’État-major, Youssouf Idjihadi à Anjouan le jour de la mort du major Hakim Bapale

Nous sommes en droit de nous demander si le major Hakim Bapale n’a pas été enterré vivant

a déclaré le porte-parole du Front Commun des Forces Vives contre la Dictature, Abdourazak Ibrahim Razida, en marge d’une conférence de presse qui a eu lieu ce 13 avril à Moroni. L’affaire Bapale dont le gouvernement comorien se serait bien passé provoque encore des remous.

Ce major à la retraite et le lieutenant Saifidine Chadhuli (dont l’état de santé serait préoccupant) ont été arrêtés le 06 avril par l’armée, suspectés de vouloir fomenter une opération de déstabilisation. Le premier, ancien garde du corps de l’ancien président Sambi (en prison depuis 3 ans sans procès) décède le lendemain de son arrestation alors qu’il subit un interrogatoire dans le camp militaire de Sangani sur l’île d’Anjouan.

 

Il s’agit d’un assassinat pur et simple, d’ailleurs nous nous demandons pourquoi Bapale alors qu’il n’était plus un militaire était interrogé par l’armée au lieu de la gendarmerie dont c’est l’une des missions

a accusé le porte-parole de cette coalition de partis de l’opposition. Celui-ci va un peu plus loin et nomme une haute personnalité, qui se trouvait selon lui à Anjouan au moment des faits, « dans une coïncidence troublante ».

Le chef d’état-major, le Colonel Youssouf Idjihadi et le président Azali

« Le chef d’État-major, le Colonel Youssouf Idjihadi se trouvait à Anjouan le jour où Bapale a été enterré et était à la Grande-Comore le jour où il a été déterré, oui parce qu’il est rentré à Moroni en catimini dans la matinée du 08 », a-t-il encore asséné. 

Deux sons de cloche au sein du gouvernement

L’histoire de Bapale est aussi inédite que sordide. Selon le journal de l’Etat, Al-watwan dans son édition de ce lundi, « le corps sans vie de l’ancien major a été acheminé à Mirontsy (localité anjouanaise) par des militaires où 3 civils ont été chargés de l’inhumer ». Dans une vaine tentative de cacher l’identité de la personne enterrée à l’abri des regards, les 3 civils parlaient d’une personne qui s’était noyée en mer. Pour connaitre l’identité de celui qui occupe la tombe la plus fraîche du village, des villageois entreprennent d’exhumer le corps le 08. 

Le corps de Bapale était ensanglanté, au lieu du linceul blanc de rigueur, il était recouvert de sac plastique et de chiromani 

a confié un habitant qui a assisté à son exhumation puis à son enterrement

selon le rituel islamique sous les tirs de sommation des éléments des forces de l’ordre.

 

Il n’en fallait pas plus pour que la colère gronde à Mirontsy où régnait une certaine agitation dans la soirée qui a finalement fait long feu. En tout cas, le directeur de cabinet en charge de la défense, Youssoufa Mohamed Ali, a balayé d’un revers de la main toute idée de torture mortelle, préférant parler « de malaise qui aurait emporté un Bapale hypertendu et vieux alors qu’il était acheminé vers l’hôpital ».

Quant au porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidie, bien que tardivement, il a tenu un tout autre discours qui avait des allures de désaveu du chargé de la Défense loin de la traditionnelle solidarité gouvernementale, évoquant lui « un décès survenu au cours d’un interrogatoire au camp de Sangani ».  Désaveu, qui notons-le n’a pas empêché le chef de l’Etat, Azali Assoumani de se rendre à Anjouan le dimanche dernier, en compagnie de son fidèle chargé de la Défense. 

 En tout cas, Houmed Msaidie, a au nom du gouvernement, dans une volonté affichée d’apaisement, fait part « de son affliction face à cette tragique disparition et présenté ses condoléances aux proches du défunt » samedi alors qu’il se trouvait à Mutsamudu. Le gouvernement s’est par ailleurs engagé « à tout mettre en œuvre pour que les premiers éléments d’investigation soient rendus publics aussitôt qu’ils seront disponibles ».

Un engagement qui ne convainc à l’évidence pas l’opposition. « Rappelez-vous ce qu’il s’est passé le 28 mars 2019 dans le camp militaire quelques jours après la proclamation des résultats de la présidentielle, il y a eu 3 morts y compris deux militaires et plus de deux ans après ce drame, nous ne savons absolument pas ce qu’il s’est passé à Kandani ce jour-là », a fait remarquer Abdourazak Ibrahim Razida.