Mort d’un militaire à la retraite en état d’arrestation à Anjouan

Si le calme est revenu à Anjouan, la nuit de ce jeudi a été agitée. Un militaire à la retraite est mort alors qu’il était en état d’arrestation pour tentative de déstabilisation. Pour beaucoup, il est mort après avoir été torturé ce que dément le gouvernement. 

« Son décès est naturel »

« Une enquête va être ouverte. Elle portera sur les personnes qui ont déterré le corps du militaire à la retraite ce jeudi, une pratique qui n’est pas en accord avec notre foi. Elle cherchera également à connaitre les commanditaires d’une telle action et déterminera pourquoi les forces de l’ordre en présence n’ont pas pu empêcher cette exhumation », a déclaré le directeur de cabinet en charge de la défense, Youssoufa Mohamed Ali, ce 09 avril au lendemain des événements qui ont secoué la ville de Mirontsy à Anjouan. 

Le premier collaborateur du chef de l’Etat qui nous a reçus dans son bureau ce vendredi soutient mordicus que « le Major Hakim dit Bapale est mort des suites d’un malaise alors qu’il subissait un interrogatoire dans un camp militaire, il n’a pas été torturé comme la rumeur le prétend », a-t-il par ailleurs ajouté. A l’en croire, l’officier à la retraite « très vieux, serait donc mort de façon naturelle alors qu’il se trouvait dans la voiture qui le transportait à l’hôpital à la suite de son malaise et a été enterré en respectant le rite funéraire en accord avec notre religion ». L’on a appris également au cours de notre entretien que le défunt « était positif au Covid-19 mais était asymptomatique ». 

« Le militaire à la retraite était positif au Covid-19 »

Le major Hakim a été arrêté le 07 avril en compagnie d’un autre sous-officier « alors qu’ils projetaient de commettre une opération de déstabilisation en vue du 26 mai 2021 et ont ciblé des personnalités politiques à tuer », selon notre interlocuteur. Pour les profanes, s’il n’y avait pas eu le référendum constitutionnel en 2018 boycotté par l’opposition, le mandat de l’actuel chef de l’Etat aurait pris fin à la date évoquée par le chargé de la Défense. Des opposants refusant de reconnaitre la réélection d’Azali Assoumani de mars 2019 et soutiennent que son mandat prendra fin dans un peu moins de deux mois.

Si la situation est revenue à la normale ce vendredi, elle était loin de l’être la veille au soir. Un habitant de Mirontsy qui a assisté à l’exhumation du corps certifie « avoir vu des blessures profondes et le chiromani (tissu coloré porté par les femmes) qui le recouvrait était ensanglanté ». Il affirme que « Bapale a eu droit à une inhumation digne et respectueuse de notre religion lors de son deuxième enterrement malgré les nombreux tirs de sommation des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher de le faire ». 

Le directeur général de la radio Hayba Fm Mohamed Said Abdallah Mchangama, très au fait de la situation qui prévalait ce jeudi à Anjouan soutient lui aussi que Bapale a été torturé. « Quand on l’a déterré, l’on a constaté que son crâne a été fracassé. D’ailleurs leur empressement à l’enterrer incognito au mépris du rite musulman est révélateur ». Réagissant aux propos du chargé de la Défense, Mchangama a ainsi déclaré : « Youssoufa Mohamed Ali a enterré l’Etat qui n’a plus aucune crédibilité et ce faisant, c’est son régime qu’il enterre aussi ».