La colère est toujours forte dans le département contre les tarifs d'Air Austral. Après une première manifestation le 12 août, le collectif des citoyens 2018 et l'Autam, l'association des usagers des transports aériens à Mayotte, menacent désormais de lancer un appel au boycott si la compagnie ne met pas en place des mesures d'ici le 15 septembre.
Une pétition en ligne a déjà recueilli près de 12.000 signatures. "Beaucoup de personnes n'ont pas accès à internet, mais nous faisons aussi des pétitions en papier qui sont distribuées dans tous les villages", explique Sylviane Amavi, membre du collectif des citoyens de Mayotte 2018. "On fera le compte d'ici le 14 septembre, mais on devrait être autour des 17.000 signatures au total."
Sensibiliser les Mahorais
"On a cherché des solutions politiques, notamment via l'ouverture à la concurrence, mais ça fait 45 ans qu'on attend et on ne sait toujours pas où on va", poursuit-elle, prenant pour exemple le projet de piste longue, finalement abandonné au profit d'un nouvel aéroport près de Bouyouni. Les collectifs veulent désormais attaquer la compagnie au portefeuille.
"Nous n'empêcherons personne de voyager, mais nous voulons sensibiliser les Mahorais par rapport à ce que nous vivons", précise la militante. "Que ce soit pour la santé ou pour l'éducation, nous avons besoin de nous déplacer et il faut à chaque fois un budget conséquent pour cela. C'est le moment de montrer notre colère."
À ses côtés, Ali Djaroudi, se veut confiant. "Beaucoup de gens veulent jouer le jeu, je pense que ça aura ses effets", annonce le président de l'Autam. "On cible Air Austral, car c'est le chef de file dans la fixation des prix dans l'aérien à Mayotte. Ils fixent et les autres s'alignent." Dans un communiqué, la compagnie aérienne s'est défendue en invoquant notamment des redevances aéroportuaires et un prix du fioul en constante hausse à Mayotte.
Taxes et carburant
"Ils évoquent la cherté du carburant dans l'île, mais ils ne s'approvisionnent jamais à Mayotte", balaye-t-il. "Pour les taxes, c'est Air Austral qui nous les impose, en nous emmenant à La Réunion au lieu d'aller directement à Paris par exemple. On supporte la redevance de Mayotte, puis celle de la Réunion avant de payer celle des aéroports de Paris."
Il évoque également "un traitement humiliant" concernant les vols en direction de Madagascar, qui desservent Majunga, Nosy Bé et Diego, mais pas Antanarivo. Les militants demandent à la compagnie d'aligner les tarifs mahorais avec ceux de la Réunion et l'accusent de vouloir "casser le mouvement" en mettant en place plusieurs tarifs promotionnels.