C'est la fin d'une longue arlésienne : il n'y aura pas de piste longue pour l'aéroport de Petite-Terre. Le rallongement est abandonné au profit d'un nouvel aéroport en Grande-Terre, entre Bouyouni et Mtsangamouji. C'est ce qui a été annoncé au cours d'une réunion ce mardi 7 mai entre les parlementaires mahorais, la préfecture de Mayotte, la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux et le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete.
"Les techniciens nous ont indiqué que le site de Petite-Terre présentait des inconvénients et que le site de Grande-Terre serait plus approprié", explique le sénateur Saïd Omar Oili. "Avec le volcan sous-marin et le risque de séisme, il y a la possibilité que la piste s'effondre. Le deuxième risque, c'est la submersion marine d'ici 2035 entre l'affaissement de la piste et la montée des eaux."
Des explications qui ne convainquent pas l'ancien président de la communauté de communes de Petite-Terre. "La volcanologie, ce n'est pas une science exacte, ce ne sont que des hypothèses. Est-ce que d'ici 2035, on sera capable de lancer l'aéroport de Bouyouni ? Je n'y crois pas", avance Saïd Omar Oili. "J'ai posé comme préalable qu'il faut d'ici là sauver la piste de Petite-Terre, sinon ça va poser un problème d'aménagement : que va devenir Petite-Terre ? Il y a d'autres pistes à explorer."
Un comité de suivi sera mis en place
C'est en tout cas la fin d'une longue attente 13 ans après la fin du débat public sur le projet de rallongement de la piste. Le président Emmanuel Macron avait pourtant promis en 2019 le début des travaux d’ici 2022. Entre-temps, fin 2020, l'Autorité environnementale a rendu un long rapport pour critiquer l'impact, l'utilité et la faisabilité du projet. La découverte du volcan sous-marin a notamment changé le cahier des charges.
Pour éviter une explosion des coûts, le site de Bouyouni a été évoqué comme une solution alternative. Une étude d'impact a déjà été réalisée en 2023 pour comparer les deux sites. Il reste encore de nombreux enjeux à trancher entre les questions d'accessibilité ou encore du foncier dans ce secteur majoritaire agricole. "Le projet de rallongement de la piste, c'était un coût d'un milliard d'euros, combien coûtera l'aéroport de Bouyouni ?" s'interroge le sénateur Saïd Omar Oili. La préfecture devrait mettre en place prochainement un comité de suivi du projet.