🎧 🌋Connaissez-vous le Fani Maoré, le volcan sous-marin qui menace Mayotte ? [Vivre au pied d'un volcan]

Fani Maoré
Il y a 5 ans, l’île de Mayotte a connu des séismes à répétition à partir du 10 mai 2018 et pendant plusieurs mois qui ont semé le trouble dans la population. Les scientifiques découvrent l'origine de ces tremblements de terre : la naissance d'un volcan sous-marin, nommé par la suite Fani Maoré. Partez à sa découverte avec ce nouvel épisode du podcast "Vivre au pied d'un volcan".

Dans cet épisode, la journaliste Lola Fourmy nous emmène à Mayotte, à la découverte d’un tout nouveau volcan : le Fani Maoré. Même s'il se fait plus discret ces derniers temps, il a pourtant fait une entrée fracassante dans la vie des Mahorais. Nous sommes alors le 2 mai 2018 et sa naissance entraîne une vague de séismes, jusqu'à 100 par jour, ce qui marque le début d'une grande aventure scientifique. Le volcan pousse actuellement sous l'océan à 50 kilomètres à l'est de l'archipel. Mais depuis les premiers signes de sa naissance, d’autres préoccupations ont éloigné les habitants de leur volcan. Malgré les problématiques d’eau et d’insécurité qui minent le quotidien du 101e département français, scientifiques et préfecture travaillent  à sensibiliser la population sur les risques que le volcan représente.

La naissance d'un volcan

Lola se rend à Bouéni, village côtier, où l'on pratique encore la pêche à pieds. Traditionnellement ce sont les femmes qui pêchent le poulpe. La naissance du volcan a bouleversé la vie des habitants. Hamada Kourati se remémore le mois de mai 2018. Des centaines de secousses par jour se sont succédées, mettant la population au bord de la panique. Les autorités locales ordonnent aux habitants de se mettre à l'abri.

Ça a été difficile à gérer, la peur, le stress. Je dormais près de mes enfants.

Hamada Kourati, pêcheuse de poulpes

Le volcan a modifié la topologie de l'île en subissant un phénomène de subsidence, la plage s'est enfoncée un peu plus dans l'océan. La plage est donc moins grande, la marée moins basse, ce qui a des conséquences directes sur la pêche. 

Pour certains habitants il est difficile de croire à l'existence d'un volcan que l'on ne voit pas. Il y a eu beaucoup d'incertitudes autour de cette découverte car les scientifiques sont venus des quatre coins de la France au moment des séismes, organisant même des campagnes en bateaux. Il a fallu un peu de temps pour découvrir ce volcan.

En haut de G à D : Hamada Kourati, pêcheuse de poulpe, des bulles de gaz, signes de l'activité volcanique et sismique. En bas de G à D : Ludivine Sadeski, devant les bulles de gaz de Petite Terre, le géographe Saïd Saïd Hachim

Un volcan invisible

Le volcan est invisible pour les humains car il est trop profond sous l'océan, mais il envoie quand même des signaux. Lola prend la barge qui relie les deux îles habitées de Mayotte pour se rendre à Petite-Terre. Elle y retrouve Ludivine Sadeski, directrice du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) près de la plage de Moya, l'un des rares endroits où l'on peut voir les conséquences du volcan. À marée basse, on peut y observer des remontées de gaz volcaniques qui se caractérisent par des bulles. Le volcan aujourd'hui fait à peu près entre 800 et 900 mètres de haut et s'étend sur 12 kilomètres de large. Il se trouve à 50 kilomètres de Petite Terre et à 3,5 kilomètres de profondeur au fond de l'océan.

C'est une montagne assez difficile à observer. Il faut amener des robots spécifiques (ROV), c'est tout un attirail de capteurs d'outils à la pointe de la technologie qui sont déployés pendant des campagnes en mer, et qui permettent d'observer de nombreux paramètres et de récolter des échantillons de roches que l'on peut étudier. 

Ludivine Sadeski, directrice du BRGM de Mayotte

Les éruptions du Fani Maoré se sont interrompues depuis janvier 2021. On estime que l'activité "coulée de lave" s'est arrêtée et que la zone est à surveiller. Le principal risque serait celui d'un tsunami déclenché par l'effondrement d'une partie du lagon. 

Une population dans le déni du danger 

Les autorités ont mis des moyens pour informer la population. Des spots vidéos sont diffusés à la télévision et sur les réseaux sociaux pour donner des consignes de prévention en collaboration notamment avec la chanteuse Zilly. 

Saïd Saïd Hachim, géographe mahorais œuvre pour une meilleure pédagogie auprès des plus jeunes. Il constate que les gens ne croient pas au danger potentiel du volcan. Selon lui, il faut laisser la population s'exprimer, en échangeant d'égal à égal, c'est la démarche initiée par son laboratoire et afin de faire des Mahorais des "citoyens scientifiques".

Il s'agit d'une aventure scientifique extraordinaire : les humains pour la première fois ont pu assister à la naissance quasi en direct d'un volcan. Les autres grands volcans du monde ont toujours été là, mais aucune population n'a eu cette chance de vivre ça. 

Saïd Saïd Hachim, géographe

Retrouvez d'autres épisodes, présents et à venir, de Vivre au pied d'un volcan. Le podcast qui raconte les volcans d’Outre-mer, en plongeant dans le quotidien, l’Histoire et les croyances des Ultramarins.

♦ Pour aller plus loin

L’état annonce une surveillance renforcée de l’activité sismo-volcanique à Mayotte en 2023

Le Fani Maoré toujours actif mais pas d’éruption 

Découverte de la naissance d’un volcan sous-marin à l’Est de Mayotte

Mayotte : Ce qu'on sait du nouveau volcan sous-marin

Autrices : Lola Fourmy et Grace Leplat
Réalisateur : 
Martin Delzescaux
Musiques originales : 
Corentin Billette
Production exécutive : 
natif
Illustration : 
Sarah Delannoy
Une production du portail des Outre-mer de France Télévisions
Durée 15 min - © 2023