Ce lundi, la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé Christelle Dubos a poursuivi sa visite à Mayotte

Christelle Dubos est allée à la rencontre de deux associations qui agissent dans la lutte contre la pauvreté. Une action qui soulage les bénéficiaires mais qui a besoin d’être renforcée.
 

« On doit maintenir la solidarité et la développer »

Christelle Dubos est arrivée avec quelques minutes d’avance sur le programme officiel au siège de la délégation territoriale de Mayotte de la Croix-Rouge à Passamaïnty. Accueillie par le directeur Michel Henry, elle a fait le tour du bâtiment, discuté avec les salariés et bénévoles et visité le camion mobile qui fait office d’épicerie solidaire dans toute l’île.
Chaque jour, ce sont 25 personnes qui viennent faire leurs courses ici dans l’épicerie du siège. Farine, lait, boîtes de sardine, riz, lait infantile sont les aliments de base que les plus démunis peuvent acheter ici, moyennant une remise de 70 %.
La nourriture est achetée par la Croix-Rouge grâce au soutien de l’Etat, du conseil départemental, de la CSSM et de l’ARS dans le cadre de l’aide alimentaire.
« Dans le cadre de la stratégie de lutte contre la pauvreté, nous avons voulu partir des territoires, voir avec les acteurs du terrain pour répondre aux besoins. Et ici, les besoins sont importants, nous consacrons 1,9 million d’euros dans ce plan contre la pauvreté, nous avons un fonds de développement social pour l’Outremer, nous avons fonds supplémentaire d’1,5 million d’euros dont l’aide alimentaire fait partie parce que le besoin vital est de donner à manger » a déclaré Christelle Dubos à l’issue de sa visite.Des enveloppes estimées importantes, mais qui ne suffisent pas indique Michel Henry, le directeur de la Croix-Rouge. « Ce n’est jamais suffisant, 84 % de la population ici vit sous le seuil de pauvreté. Nous faisons de l’accès au droit, mais ce n’est pas suffisant, nous faisons de l’aide alimentaire, mais ça ne suffit pas. Nous accompagnons 500 enfants malnutris et leurs parents. On répond aux besoins du territoires et même s’il y a beaucoup de moyens octroyés par nos partenaires, 3,5 millions d’euros par an de l’Etat principalement, mais aussi le conseil départemental, les collectivités locales, la CSSM et l’ARS, cela ne suffit pas car nous sommes sur un territoire très pauvre. »
Un peu plus tard dans la matinée, Christelle Dubos s’est rendue à Cavani au siège de Mlezi Maore. Et elle y a rencontré un groupe de jeunes qui fréquente régulièrement la Maison des adolescents. La discussion a tourné sur la question de l’accès à la scolarisation et aux études universitaires. Certains sont de nationalité étrangères et ne comprennent pas qu’ils n’aient pas de visa pour poursuivre leurs études dans l’Hexagone après avoir obtenu une place dans une université française ou qu’ils ne soient pas scolarisés dans un établissement à Mayotte.
La secrétaire d’Etat a pris note de ces remarques et a promis que le préfet se pencherait sur les dossiers des uns et des autres. Toutefois, elle estime que l’enjeu pour Mayotte est de se doter de centres de formations ou d’écoles pour que les jeunes Mahorais poursuivent leurs études sur leur territoire.
« Nous avons une ambition, celle de lutter contre la pauvreté en créant de l’emploi localement. Il y aura besoin d’infirmiers, de métiers de services à domicile, on va construire 500 logements par an pendant 10 ans, il faudra donc se doter d’outils de formation dans ces métiers. Est-ce qu’il faut envoyer systématiquement un jeune en métropole pour être formé, sachant que la réussite n’est pas forcément réelle, alors qu’il pourrait réussir ici ? Je ne dis pas qu’il ne faut pas les envoyer, mais il faut un équilibre. La perspective, c’est de construire son territoire, car avec la jeunesse, le potentiel est énorme. La perspective, ce n’est pas de prendre l’avion. »
Christelle Dubos assure que le gouvernement sera toujours aux côtés de tous ceux qui luttent contre la pauvreté. « On voit que la solidarité est là, il faut la maintenir et la développer »