Marie Guévenoux, la ministre déléguée aux Outre-mer, était en visite à Mayotte ce jeudi 2 et ce vendredi 3 mai. C'était son quatrième déplacement dans le département depuis sa nomination. Cette fois, elle était accompagnée de trois députés : Sylvain Maillard, le président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Christophe Naegelen, député et coprésident du groupe LIOT et Blandine Brocard, députée du Modem.
Les projets de loi Mayotte présentés par Emmanuel Macron
Ce jeudi, l'arrivée de la ministre déléguée aux Outre-mer a été retardée par le mauvais temps. Elle a simplement rencontré le président du conseil départemental, les parlementaires mahorais, le président de l'association des maires de Mayotte et le maire de Mamoudzou. Une rencontre pour évoquer les projets de loi Mayotte avant de faire de même dans le journal de 19h de Mayotte la 1ère.
C'était la principale annonce de sa visite : les élus mahorais seront reçus le 17 mai à l'Élysée pour la présentation des textes par Emmanuel Macron. Le conseil départemental aura ensuite un mois pour faire ses retours avant la présentation des projets de loi en conseil des ministres en juillet. Les textes seront examinés à l'Assemblée nationale à partir de la rentrée. L'un consiste en projet de loi ordinaire, l'autre en une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol à Mayotte.
La ministre a aussi évoqué un bilan des 17 premiers jours de l'opération Mayotte Place Nette avec 250 cases détruites sur un objectif de 1.300. 22 des 60 délinquants identifiés par les forces ont été interpellés. 60 armes blanches ont été saisies.
Convaincre les députés de voter la suppression du droit du sol
L'objectif était de les convaincre de voter pour la suppression du droit à Mayotte, une mesure contestée même au sein de la majorité. Pour cela, la ministre a voulu leur montrer les conséquences de l'immigration clandestine sur les services publics. La délégation s'est rendue ce vendredi matin au service état civil de la mairie de Mamoudzou.
"On reçoit 600 personnes par jour, ce flux nous conduit à nous organiser pour fluidifier le quotidien", explique la directrice des services à la population. "On a des personnes en situation irrégulière, quand il y a des décès, ils font le choix de ne pas se manifester pour reconnaître la personne, ce sont des frais pour la collectivité." À la sortie de la mairie, la cause est toute trouvée selon la ministre. "Il y a à Mayotte une attractivité liée à la possibilité pour des étrangers en situation irrégulière d'avoir un titre de séjour en devenant parent d'un enfant français."
La démonstration s'est poursuivie à la maternité du CHM, la plus grande d'Europe avec plus de 10.000 naissances par an en moyenne. "Je pense que c'était important pour les parlementaires de voir comment fonctionne ce service, de voir que parfois les couloirs se changent en salle d'accouchement", ajoute Marie Guévenoux. Les députés assistent aux séquences, mais ne se prononcent pas encore sur le droit du sol. "Je pense que c'est important pour nous de bien prendre possession des sujets avant qu'on en parle de façon plus massive à l'Assemblée nationale", commente le député Renaissance Sylvain Maillard.
Le rideau de fer maritime
Il s'agit aussi avec cette visite de montrer les efforts réalisés pour lutter contre l'immigration clandestine. La délégation s'est rendue en Petite-Terre pour rencontrer les effectifs mobilisés et visiter le centre de rétention administrative. "En termes maritimes, ce sont neuf intercepteurs, deux vedettes, en termes d'aviation, c'est un avion civil déployé en ce moment, mais également militaire, avec dans le cadre de Place nette, un bâtiment de haute mer, le Champlain, qui est situé dans le canal du Mozambique", énumère la ministre.
"On était en capacité d'identifier 600 kwassas l'année dernière, on est passé à 1.000. Avant on en interceptait 250, désormais on en intercepte 700", ajoute Marie Guévenoux. "Il faut aussi qu'on se projette sur l'avenir avec des moyens technologiques, des radars, des drones, des caméras. C'est ce qui va permettre l'établissement de ce qu'on a appelé le rideau de fer maritime."
39 cas de choléra confirmés
Alors que Santé Publique France vient d'annoncer que 39 cas de choléra sont désormais comptabilisés dans le département depuis le 18 mars, la ministre a profité de son passage au CHM pour découvrir l'unité de prise en charge des cas de choléra. Les 14 lits de l'unité sont complets, 20 places seront créées pour faire face à la montée des cas. Si aucun décès n'a été enregistré, quatre patients ont reçu des soins en réanimation.