Depuis deux ans, la natation séduit de plus en plus à Mayotte. Bien que nous soyons sur une île, peu de Mahorais sont à l'aise dans l'eau et savent nager. Plusieurs clubs ont vu le jour, une ligue doit suivre dans les mois à venir. Et la discipline est mise en avant. Il y a une semaine, le champion olympique et d'Europe de natation Alain Bernard est venu promouvoir la discipline à Mayotte. Une bonne chose pour les techniciens du Cercle des nageurs de Mayotte, mais qui ne devrait pas avoir de conséquences sur le développement de la discipline.
Au Cercle des nageurs de Mayotte, on est passé d'une seule journée de cours par semaine à Mtsanyunyi (Tahiti Plage) dans la commune de Sada à quatre dans tout Mayotte avec des cours à Tanaraki, Iloni et Musicale Plage dans la commune de Bandrélé. Les cours se font à la plage, car il n'y a pas de piscine digne de ce nom à Mayotte.
Le manque de bassins fermés, un véritable frein pour la compétition
Pour l'apprentissage, cela peut suffire. En revanche, c'est un véritable frein pour la compétition. Pour l'instant, les cours s'adaptent aux marées, ils se font en journée et surtout, nager dans la mer ne ressemble en rien aux compétitions en bassin fermé. A proche échéance, impossible donc d'avoir des nageurs performants pour les échéances à venir.
Pour les Jeux des îles de l'océan Indien à Madagascar en 2023, la solution serait de trouver des nageurs qui ont été licenciés dans un club mahorais au moins un an. Les acteurs de la natation visent plutôt ceux de 2027 dont Mayotte à l'ambition d'organiser. C'est pour cela que la future ligue de natation met l'accent sur la formation de techniciens et des jeunes, pour pérenniser la discipline. D'ici là, peut-être que certains nageurs pourraient rivaliser avec nos voisins, bien qu'il faille 10 ans au moins d'entraînement intensifs pour toucher le haut niveau.
Aujourd'hui, les cadres techniques sont pour beaucoup originaires de l'Hexagone ou des DOM et beaucoup n'ont pas vocation à rester sur une longue période à Mayotte. Avec la formation de cadres et nageurs natifs de l'île, le relais pourra être pris sans problème et la natation pourra se structurer comme ailleurs.
Les collectivités locales appelées à participer au développement de la natation
Encore faut-il avoir l'appui des collectivités locales. Pour l'instant, il n'y aucun bassin fermé, que ce soit en plein lagon ou sur terre. Et surtout, elles n'ont aucune perspective de formation de maîtres nageurs ou de surveillant de baignade, alors que de plus en plus de Mahorais aiment se détendre à la plage. Pour l'instant, aucune plage n'est surveillée et des noyades se produisent de temps à autre. Des noyades qui pourraient être évitées en présence de ce personnel. Un gisement potentiel d'emplois d'une centaine de personnes. Ce n'est pas négligeable dans un territoire où le chômage représente près de 35 % de la population active.