78 cas de choléra sont désormais confirmés à Mayotte, dont la majorité dans la commune de Koungou. "Nous savons qu’à Mayotte, nous avons un problème de bidonville", estime Ousseni Balahachi, le secrétaire général de la CFDT à Mayotte. "La plupart des habitants qui y vivent n’ont pas l’accès à l’eau or la transmission du choléra se fait par rapport au manque d’hygiène."
Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a déjà écarté la possibilité de vacciner l'ensemble de la population, s'appuyant sur un avis de la Haute Autorité de Santé. "Je pense qu'il faudrait au moins vacciner la population des bidonvilles et espérer que nous n'ayons pas de propagation sur tout le territoire", poursuit le syndicaliste, qui est lui-même soignant au CHM. "Vous connaissez la situation à Cavani, si le choléra touche cette population, c’est la catastrophe."
Des réservistes épuisés
Il confirme que les soignants sont à bout et cette maladie n'arrange pas la situation. "C’est une surcharge de travail par rapport à ce nous avons déjà à gérer au quotidien", explique-t-il. "Nous sommes dans un territoire qui est frappé par le manque de médecins ou d’infirmiers. Les ambulanciers avaient l’habitude de faire deux ou trois sorties par jour, aujourd’hui ce chiffre a été multiplié par deux ou trois."
86 médecins et infirmiers de la réserve sanitaire sont présents à Mayotte, des renforts qui s'épuisent eux aussi rapidement. "En tant que soignant, je peux reconnaître que c'est exténuant, dans les autres départements, il n'y a pas la même charge de travail", ajoute-t-il. "Le ministère doit nous envoyer plus de renforts, et prendre des mesures pour maintenir ces réservistes à Mayotte."
L'unité choléra démantelée à Dzoumogné
Si les bras manquent, ce n'est pas le cas des lits. L'unité de prise en charge des cas de choléra a été démantelée à l'hôpital de Dzoumogné, "car il n'y avait pas la nécessité de la maintenir." Au CHM, l'unité comporte toujours 14 places, "dont dix étaient occupées ce week-end." L'hôpital possède aussi des tentes médicalisées si les murs ne suffisent plus.
"Aujourd’hui, on parle du choléra, mais il y a aussi une épidémie de dengue en Petite-Terre et des risques de leptospirose avec les ordures ménagères éparpillées un peu partout. J’appelle les autorités à prendre leurs responsabilités", conclut le secrétaire général de la CFDT.