Le ministre délégué à la Santé, Fédéric Valletoux, était l'invité du journal de 19h de Mayotte la 1ère ce jeudi 9 mai, après une première journée de déplacement dans le département. Il s'est notamment rendu à Koungou, dans le quartier où un enfant de trois ans est décédé la veille du choléra, puis au CHM pour rencontrer les soignants. "Ce bébé décédé, c’est un drame, comme chaque personne qui pourrait mourir de cette maladie", déplore le ministre. "Un mort, c’est toujours un de trop, c’est quelque part un échec, mais on essaye d'éviter cela le plus possible par la vaccination et la promotion des gestions de prévention."
65 cas de choléra confirmés
Alors que 65 cas choléra sont désormais confirmés à Mayotte depuis le 19 mars, le ministre a écarté une demande formulée à plusieurs reprises par les élus du territoire. "La vaccination de masse n'aurait aucun sens, ce qui pourrait limiter les dégâts, ce sont les gestes barrières", explique Frédéric Valletoux. "La Haute Autorité de Santé Publique a publié un avis pour légitimer le fait que, s'agissant du choléra, il fallait avoir une stratégie ciblée, de manière à circonscrire au maximum la maladie."
Pas d'explosion ou de phénomène d'épidémie
"Dès le premier cas, nous avons pris immédiatement des mesures pour contenir au maximum la poussée de choléra", ajoute le ministre. "Nous intervenons, nous dépistons autour des personnes touchées, nous leur proposons des traitements antibiotiques et nous les vaccinons. Nous avons vacciné près de 3.800 personnes dans le quartier Kirissoni." L'ancien président de la fédération hospitalière de France se veut rassurant : "Nous ne sommes pas dans une explosion ou dans un phénomène d’épidémie non maîtrisée. On a une poussée de choléra dans un quartier de Koungou, qui est effectivement suivi et qui a fait l’objet d’interventions ciblées."
Si le lavage des mains et la consommation d'eau potable sont les meilleurs moyens de lutter contre cette maladie, l'accès à l'eau n'est pas évident dans les bidonvilles ou pour les migrants qui campent dans les rues de Mamoudzou. "Il y a des personnes de la réserve sanitaire qui vont aussi dans des campements sauvages pour rappeler qu’occuper l’espace public, loin de points d’eau, c’est porteur de maladie", répond le ministre. "C'est regrettable de voir le choléra s'installer à Mayotte, mais il y a un énorme travail qui a été déployé par les services de l'État pour le contenir."
Une nouvelle visite avant la mi-juillet
86 réservistes sont actuellement présents dans le département. "Demain, s'il faut augmenter leur nombre pour faire face à des besoins nouveaux, la solidarité sera là", assure le ministre. "Des hôpitaux dans l'Hexagone sont prêts à envoyer du personnel. On ne lâchera pas Mayotte." Les syndicats de soignants du CHM, sont en revanche sceptiques après leur rencontre avec le ministre.
"J'ai voulu prendre le temps de rencontrer les équipes, j'ai proposé au personnel et à la communauté médicale qu'on rentre dans un plan pour mettre progressivement en place des mesures d'attractivité structurelles qui tiennent compte des besoins et des spécificités du CHM", précise le ministre chargé de la Santé. "Je leur ai annoncé que je reviendrai avant la mi-juillet, pour leur dire comment mettre en œuvre les propositions qu'ils m'ont faites pour progressivement pérenniser l'emploi à l'hôpital."