"Je n’ai pas de position à prendre sur l’occupation des services de la préfecture, le collectif que j’ai présidé avait organisé ce type d’opération", explique la députée Estelle Youssouffa, interrogée ce lundi 6 mai sur le blocage de la préfecture par des collectifs pour demander l'expulsion des migrants qui campent dans les rues de Mamoudzou. "Ça exprime surtout le ras-le-bol de la population. Ça fait quasiment un an que le stade et ses alentours sont envahis par des migrants et c’est devenu totalement invivable pour la population", ajoute l'élue.
"Le gouvernement a organisé des ponts aériens pour reloger les demandeurs d'asile dans l'Hexagone, il faut en faire d'autres. Il faut que le territoire national prenne sa part", précise la députée LIOT. "Ça va devenir un effet domino, car les demandeurs d’asile occupent une grande partie des logements d’urgence. Ça va empêcher de tenir les opérations ELAN, parce que les personnes qui vivent dans les bidonvilles doivent elles aussi être relogées pour celles qui en ont le droit." La députée dit espérer que l'État ira au bout de ses opérations, "mais cette difficulté, il l'a créé tout seul en laissant pourrir la situation."
Le choléra se propage
Une situation d'autant plus compliquée que les cas de choléra se multiplient dans l'île. "Je note que Santé Publique France a fait un appel ce week-end à la réserve sanitaire. Dans les chiffres communiqués, il y avait 48 cas confirmés et 6 en attente. On a dépassé la cinquantaine de cas en sept semaines", dénonce Estelle Youssouffa. "La confiance est rompue avec l’ARS car la gestion du Covid a été mauvaise. Mayotte a connu surmortalité anormale par rapport à la jeunesse de sa population."
Elle dénonce le manque de moyens et de personnels au CHM, avec seulement 5 postes pourvus sur 44 aux urgences et un plan blanc actif depuis plus d'un an. "Je demande une campagne de vaccination massive pour les volontaires, il faut distribuer du gel hydroalcoolique, reprendre la distribution d'eau gratuite et distribuer des pastilles pour potabiliser l’eau car on a toujours des coupures", énumère la députée. "Je demande aussi qu'on ferme les frontières avec les Comores. Il faut des dépistages du choléra à l'arrivée de Mayotte."
Projets de loi Mayotte
La députée sera aussi aux côtés des autres élus mahorais à l'Élysée pour la présentation du projet de loi Mayotte et de la révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol. "Ce qu'on va faire le 17 mai, c'est négocier de l'argent pour Mayotte", explique Estelle Youssouffa. "Ce n'est pas un plan comme en 2018 qui terminera avec 70% de l'argent qui n'est pas dépense, on demande une loi de programmation avec de l'argent préservé et programme quelles que soient les difficultés du budget."
Elle insiste sur l'importance de convenir d'une date pour la convergence sociale et le caractère impératif de la fin du titre de séjour territorialisé. Cette mesure est pourtant corrélée selon le gouvernement à l'abrogation du droit du sol dans le département. "Je n'attends rien de la gauche, mais elle est minoritaire dans l'hémicycle. Mathématiquement, cette réforme n'est pas impossible", précise la députée. "Est-ce que le président va réussir à maîtriser sa majorité ? C'est la question." Elle pointe notamment le sénateur Saïd Omar Oili qui a soutenu la candidature du président mais s'oppose au droit du sol. "Il va falloir que tout le monde prenne ses responsabilités", conclut l'élue.