Alors que l’Union des Comores traverse une deuxième vague du Covid-19 particulièrement virulente depuis le mois de décembre dernier, le dispositif de riposte est jugé insuffisant, pour le Collectif Moroni Anti Covid 19.
L’hôpital de Mitsudje, chef-lieu du Hambou, situé à quelques kilomètres au sud de la capitale Moroni, est sollicité pour désengorger la principale structure anti Covid-19, située plus au nord de la Grande-Comore. Ici, comme dans d’autres hôpitaux de districts, les cas positifs sont nombreux.
En trois semaines, nous avons seulement dépisté 32 cas suspects et 23 se sont révélés positifs au Covid-19. Nous avons également observé que la moitié des cas provenait d’un seul quartier de la ville
Celui-ci nous a accueillis, le 20 janvier dans son bureau. Notre interlocuteur regrette, cependant, de ne pas être dans la possibilité de faire une recherche plus active des malades. « Pour le moment, nous ne dépistons que les cas contacts présentant des symptômes ; si nous avions le choix, nous dépisterions massivement mais pour ce faire, il nous faudrait avoir le soutien du ministère de la santé », a-t-il relaté. Tous les hôpitaux au niveau des 3 îles seraient confrontés au rationnement des tests de dépistage, en attendant un approvisionnement qui tarde à venir.
« Un dispositif de riposte insuffisant »
Un problème que reconnait à demi-mot le secrétaire général du ministère de la santé, Jean Youssouf : « pour les tests comme pour les autres réactifs de dépistage, nous faisons le nécessaire pour disposer d'un stock suffisant pour la situation actuelle ». Un autre responsable précise, sous le sceau de l’anonymat :
personne n’avait prévu cette résurgence de l’épidémie, même si nous ne sommes pas en rupture de stock mais la demande augmente, les commandes ont déjà été lancées, en attendant qu’elles nous parviennent, nous devons faire attention
En fait, la deuxième vague qui frappe le pays semble n’avoir pas du tout été anticipée, et sa riposte est laborieuse. Une situation qui préoccupe les organisations non gouvernementales. A ce titre, le collectif Moroni Anti Covid 19 se dit d’ailleurs « assez surpris » de la manière dont est gérée cette deuxième vague.
Lors de la première, des mesures drastiques avaient été prises alors que la propagation était plus modérée. Aujourd’hui face à la virulence de la propagation, nous observons un silence, nous comprenons donc que le dispositif de riposte est insuffisant et ne voyons pas comment l’État s’organise pour y remédier
fait remarquer un membre de la coordination de Moroni Anti Covid-19.
Et de fait, alors que depuis un mois l’on parle de variant sud-africain, ce qui expliquerait la grande contagiosité constatée du virus, les autorités attendent les résultats des prélèvements envoyés à Nairobi pour séquençage , samedi dernier, avant de se prononcer.
47 décès en moins d’un mois
Jusqu’en fin décembre, les chiffres officiels faisaient état de 7 morts dus au coronavirus. A cela, il faut désormais ajouter 47 personnes décédées des suites de cette maladie, en moins de 30 jours, dont 26 pour la seule île de Mohéli.
Par ailleurs, la seule parole publique entendue est celle de la ministre de la santé, Loub Yacout Zaïdou, qui insiste sur les respect des gestes barrières sans se prononcer sur les reproches faites à la stratégie de riposte du gouvernement.
Quant à l’opinion publique, elle attend une déclaration du chef de l’État, Azali Assoumani. Une déclaration pour peut-être annuler l’allègement des mesures intervenu lors de son adresse à la nation, du 21 décembre, et autorisant donc la reprise des rassemblements et autres manifestations socio-culturelles.
A noter que le gouverneur de Mohéli, Mohamed Fazul a été le premier , quelques jours plus tard, à aller à contre-sens des mesures présidentielles en prenant des mesures drastiques pour tenter d’endiguer la propagation d’un virus foudroyant et particulièrement contagieux sur l’île dont il est à la tête.
A compter de ce mois, plusieurs municipalités ( Moroni, Mutsamudu, Mitsamihuli, etc. ) ont enclenché une dynamique de lutte contre l’épidémie sans attendre les directives de l’État central. Paradoxalement, le chef de l’État encourage ces initiatives mais en gardant de revenir sur le contenu de sa dernière adresse solennelle aux comoriens. «La décision prise par Moroni, devrait inspirer d’autres localités, pour le bien-être de la population contre le coronavirus », devait-il, déclarer lors de sa présentation des vœux à l’armée le 10 janvier dernier. Il faut sans doute préciser que le chef de l’État n’a toujours pas remplacé, deux semaines après sa suspension, le président du Comité scientifique, censé organiser la riposte nationale contre le Covid-19.