Crise de l’eau : une pluie de promesses jamais tenues

Avec le nécessaire lavage des mains à chaque heure, la pénurie est plus grave encore
La pénurie d’eau est loin d’être une nouveauté à Mayotte. Chacun se souvient de la crise de 2017 et des projets annoncés à l’époque. Du navire citerne aux forages en passant par la troisième retenue collinaire, on n’a rien vu venir

 
Au début de l’année 2017, alors que Mayotte aurait dû être en pleine saison des pluies, le ciel n’offrait que du soleil. Le 1er février 2017, une cellule de crise se réunissait à Paris autour de la ministre des outremers de l’époque, Erika Bareigts. Une mission d’experts était déployée dans l’île par le ministère de l’intérieur pour répondre à l’urgence, et envisager des solutions durables pour l’avenir.

La blague du tanker

Pour l’urgence, la solution envisagée fut l’envoi d’un tanker d’eau. Ce projet annoncé à la tribune de l’Assemblée Nationale fait encore aujourd’hui l’objet de plaisanteries : « Transporter de l’eau par bateau depuis la Réunion aurait alimenté les foyers mahorais pendant quelques heures au prix du champagne » disait-on à l’époque. On n’a jamais vu ce tanker à l’horizon. L’autre promesse fut la construction d’une troisième retenue collinaire, de préférence vers le sud de l’île. Le gouvernement annonçait alors qu’elle pourrait voir le jour en 2020. A ce jour, le premier coup de pioche n’a pas encore été donné, ni même le site identifié.

D’autres idées n’ont pas manqué de fleurir à la faveur de la crise de l’eau de 2017 : construction de forages, nouvelle usine de dessalement dans le sud, interconnexion généralisée entre les différents sites de production.

Comment se laver les mains à chaque heure ?

Aujourd’hui la situation est pire qu’en 2017. Les travaux pour rehausser la retenue d’eau de Combani ne sont pas terminés. Il a fallu vidanger et on est loin de retrouver le niveau nécessaire. La remise en route à plein régime de l’usine de dessalement de petite-terre se fait attendre. Elle était aussi promise dans le plan « urgence eau » de 2017.
L’urgence est désormais encore plus aigüe avec la crise sanitaire. L’équation à résoudre se résume à deux chiffres comme le souligne Julien Thiria, Directeur de la Santé Publique de l’ARS dans le Journal de Mayotte : la production est de 35 000m3 par jour, alors que les besoins quotidiens de consommation sont de 36 000 m3.