"En plus de la crise que nous connaissons, on risque aussi très prochainement une crise sanitaire". L’avertissement a été lancé par Ben Issa Ousseni, le président du Conseil départemental de Mayotte, sur le plateau du journal télévisé de Mayotte La 1ère.
Cette menace est bien réelle, comme l’a souligné par exemple Gérard Cotellon, le directeur régional de l’Agence régionale de santé de La Réunion qui mobilise elle aussi des moyens à destination de Mayotte.
Revoir l'intervention de Ben Issa Ousseni sur le plateau de Mayotte La 1ère :
Choléra, dengue, chik, rougeole…
Les dégâts apocalyptiques causés par le cyclone Chido, tout comme les difficultés d’approvisionnement en eau, sont un terreau fertile au développement du choléra, présent sur place depuis plusieurs mois déjà depuis l’arrivée des premiers cas des Comores.
Il en est de même pour la dengue et le chikungunya. Les cas de rougeole, qui exposent surtout les jeunes enfants, sont susceptibles également de se multiplier. Mais l’Etat semble avoir pris la mesure de la menace, avec l’activation d’un hôpital de campagne mobilisant 90 personnels dès ce jeudi 19 décembre, en plus des moyens engagés pour le CHM.
"Un risque de famine", selon le président du Département
Outre cette menace sanitaire, Ben Issa Ousseni va plus loin en évoquant aussi "un risque de famine", avec l’anéantissement des productions agricoles locales, en premier lieu desquelles les bananeraies.
Reste que si la situation est effectivement critique, certains acteurs tels que le groupe Sodifram, se montrent pour l’instant rassurants s’agissant de l’état des stocks de vivres.
C’est le même message rassurant porté par le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, après sa visite éclair dans l’île aux Parfums. De la nourriture et de l’eau pourront en effet être acheminées régulièrement depuis La Réunion grâce au renforcement des ponts maritime et aérien, avec la reprise prochaine des vols nocturnes et la remise en service du port de Longoni.
Revenir sur les interdictions d’importations ?
Toujours est il que Ben Issa Ousseni estime qu’il est tout aussi primordial que les services de l’Etat reviennent "sur l’arrêté interdisant l’importation de produits agricoles régionaux", cela afin de "permettre très rapidement aux Mahorais d’importer".
"J’attends de l’Etat qu’on obtienne tous les moyens nécessaires pour accompagner notre territoire", ajoute l’élu de la collectivité mahoraise, tout en reconnaissant l’ampleur des moyens déjà mobilisés, aussi bien à l’échelle régionale que nationale, avec le soutien notamment de Cyrille Melchior, son homologue à La Réunion, mais aussi de Carole Delga, la présidente de l’association Régions de France.
"Mayotte est dévastée et a besoin du soutien de l’Etat"
Ben Issa Ousseni a également pu s’entretenir avec le nouveau premier ministre François Bayrou, en plus de sa rencontre avec Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, les ministres démissionnaires de l’Intérieur et des Outre-mer venus ce lundi à Mayotte pour un état des lieux global.
"L’Etat assure de son soutien à Mayotte et nous espérons que ce soutien arrivera très vite car Mayotte est dévastée et on en a besoin", lance encore le président du conseil départemental de Mayotte.
"Le siège a été ravagé"
Le siège de la collectivité à Mamoudzou a lui aussi subi de plein fouet le passage du cyclone Chido, indique enfin Ben Issa Ousseni.
"On s’est réuni en cellule de crise aujourd’hui, le siège a été ravagé, déplore-t-il. On a pu aménagé une petite pièce mais on n’a pas d’électricité, on n’a pas d’eau. Le Département est aujourd’hui autant victime que l’ensemble de la population".
Des Mahorais combatifs et solidaires
Les services du Département sont ainsi à l’arrêt forcé. "On ne peut activer aucune aide pour l’instant, Dès demain, nos équipes vont lancer un état des lieux mais nos PMI sont fermées et nos services sociaux n’ouvrent pas non plus…"
Reste cette lueur d’espoir saluée par Ben Issa Ousseni qui témoigne avoir lui-même constaté le formidable esprit de combativité des Mahorais.
"J’étais dans la rue hier, j’étais avec ceux qui ont essayé de déblayer le chemin du Nord jusqu’à Mamoudzou et j’ai vu comment les Mahorais sont solidaires". Il faudra bien cela pour surmonter du mieux possible cette crise qui s'annonce longue et pour éviter tant que faire se peux une véritable catastrophe sanitaire.