Cyclone Chido à Mayotte : de nouveaux renforts attendus avec le renforcement des ponts aériens et maritimes, annonce le ministre Bruno Retailleau

Le point presse des ministres Bruno Retailleau et François-Noël Buffet après leur passage à Mayotte
De retour de Mayotte, et en transit à La Réunion avant de repartir pour Paris, les ministres Bruno Retailleau et François-Noël Buffet ont fait le point sur le vaste dispositif mis en place suite aux dégâts colossaux provoqués par le cyclone Chido. Plus de 1 200 renforts humains sont attendus, en plus du renforcement des ponts aériens et maritimes.

De nouveau en transit à La Réunion, après leur journée passée à Mayotte, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, les ministres démissionnaires de l’Intérieur et des Outre-mer, font le point sur les moyens mobilisés suite aux terribles dégâts causés par le passage du cyclone Chido.

De Petite-Terre à Grande-Terre, les deux représentants du gouvernement ont pu se rendre compte de la situation sans précédent rencontrée par des Mahorais pourtant habitués à faire face à des crises majeures, de la problématique de l'eau à celles de l'immigration clandestine, de l'insécurité, ou encore de la vie chère.

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Un total de 21 décès à l'heure actuelle

"Le constat est clair : l'île est dévastée", a déclaré le ministre Retailleau en évoquant le spectacle de "désolation" qu'il a pu observer notamment lors d'une reconnaissance en hélicoptère. Depuis les salons de la préfecture de Saint-Denis, Bruno Retailleau a également indiqué que pour l'instant, il se refusait à donner un quelconque chiffre s'agissant du bilan humain.

Un chiffre forcément sous-évalué compte tenu de la problématique des "sans papiers" et de la place prépondérante de l'habitat précaire à Mayotte. Reste que selon nos informations, on dénombrerait pour l'instant un total de 21 décès à l’hôpital, 45 blessés en urgence absolue ainsi que près de 1 400 blessés en urgence relative pris en charge.

Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire de l’Intérieur, est arrivé à Mayotte, aux côtés de François Noël-Buffet et de Thani Mohamed Soilihi

"La main secourable" de l'Etat à la population mahoraise

Lors de cette visite éclair mais intense, les représentants du gouvernement sont allés notamment à la rencontre de sinistrés ou encore des équipes mobilisées sur le terrain pour gérer la situation après le passage du cyclone Chido.

"Si nous avons tenu à nous rendre à Mayotte - trois ministres du gouvernement, c'est d’abord pour montrer à la population notre compassion, a poursuivi Bruno Retailleau. Mais aussi pour montrer à tous les Mahorais que l’Etat se tenait à leurs côtés, avec une main secourable. Nous avons une pensée pour toutes les familles très durement touchées".

Les gendarmes et la Sécurité Civile sur le terrain

1 200 renforts humains attendus dans les prochains jours

Lors de ce point presse depuis La Réunion, il a été également annoncé l'arrivée d'ici les prochains jours de quelque 1 200 renforts humains, dont 800 de la Sécurité civile. Des moyens d'une ampleur inédite. 400 gendarmes supplémentaires vont par ailleurs arriver.

Le CHM, le Centre hospitalier de Mayotte qui a aussi été très lourdement touché, va pouvoir reprendre progressivement ses activités. "Ses services ne sont pas débordés", a assuré Bruno Retailleau, mais il sera renforcé par un hôpital de campagne qui fonctionnera avec 90 personnels dès ce jeudi 19 décembre.

Un fonds d'urgence sera mis en place, en plus de la procédure de catastrophe naturelle.

S'agissant du logement, les autorités réunionnaises ont mobilisé notamment 10 tonnes de bâches grâce aux stocks de La Croix Rouge. Il est également envisagé d'acheminer des modulaires depuis la métropole.

Par ailleurs, la procédure de catastrophe naturelle sera prochainement lancée même si, comme l'a rappelé Bruno Retailleau, seuls 10 % des habitants sont assurés à Mayotte. "Ce qui signifie que nous devrons étudier la mise en place d’un fonds d’urgence pour ceux qui ne le sont pas".

Les vents violents de Chido ont emporté avec eux plusieurs classes de Cavani

Vers un renforcement du pont aérien

Aucune grande infrastructure n'a été épargnée. En tout premier on peut citer l’aéroport de Petite-Terre. En plus des dégâts rendant la tour de contrôle non opérationnelle, le système de signalétiques a été fortement endommagé, empêchant ainsi les avions d'atterrir de nuit.

Bonne nouvelle néanmoins, a précisé Bruno Retailleau : "LA DGAC signale qu’il sera possible dans les prochains jours de réouvrir en trafic nocturne l’aéroport. Le pont aérien n’est valable que de jour, mais dès lors que les avions pourront atterrir et décoller la nuit, on augmentera considérablement ses capacités".

Le port de Longoni fonctionnel, les rotations des barges ont repris

Les infrastructures portuaires ont également été fortement touchées, et notamment le port de Longoni  mais le terminal est à nouveau apte à recevoir des navires importants. En plus des navires militaires du pont maritime, un bateau de la CMA CGM est attendu d'ici la fin de semaine.

La continuité a aussi été rétablie entre Petite Terre et Grande-Terre puisque deux barges fonctionnent à nouveau et une troisième devrait être remise en service à partir de la semaine prochaine.

Le front de mer de Mamoudzou, à Mayotte, après le passage du cyclone Chido

La remise en fonctionnement progressive des usines de dessalement

S'agissant de l'eau, une usine de dessalement a été remise en route à Petite Terre. Les usines  refonctionneront à 50 % de leur capacité d’ici 48 heures, a assuré Bruno Retailleau. "Et d’ici une semaine, le préfet indique qu’on pourra même atteindre 95%".

L'’A400M, l'avion militaire capable de transporter 20 tonnes de fret, acheminera de l’eau et de la nourriture depuis le hub aérien de La Réunion, "C’est fondamental pour apporter le soutien nécessaire à la population mahoraise".

Pas de couvre-feu, ni d'état d'urgence pour l'instant

S'agissant de l'ordre public, aucun "gros problème" n'a été relevé, déclare le ministre Retailleau. "Nous n'envisageons pas de couvre-feu", a-t-il ajouté. L'état d'urgence ne sera par non plus décrété, du moins pour l'instant. Une réponse aux demandes d'élus mahorais, parmi lesquels la députée Estelle Youssouffa.

Bruno Retailleau a d'ailleurs rappelé l'activation de l’article 27, une disposition exceptionnelle plaçant entre les mains du préfet de Mayotte l’autorité sur l’ensemble des services de l’Etat, "ce qui permet d’avoir une gestion de crise très efficace et pyramidale".

Emmanuel Macron attendu à Mayotte "dans les prochains jours"

Ce point presse aura débuté plus tard que prévu en raison de la participation de Bruno Retailleau et de François-Noël Buffet, à distance, à une réunion présidée par Emmanuel Macron au centre interministériel de crise du ministère de l’Intérieur à Paris.

À l’issue de cette réunion, le chef de l'Etat a annoncé sur les réseaux sociaux qu'il se rendrait très prochainement à Mayotte.