De la nécessité de signaler les atteintes à l’environnement

La piste de Majimbini, le pont de Mangajou, le braconnage des tortues, les déchèteries sauvages, les eaux usées dans le lagon ou des ordures dans la mangrove, la population est de plus en plus vigilante quant aux atteintes à l’environnement.

Ali Madi, le président de la FMAE, la fédération mahoraise des associations environnementales constate un changement : « On en est à environ dix signalements par semaine ». Les Mahorais remontent quotidiennement les atteintes à l’environnement dont ils sont témoins. Des signalements qui mènent très souvent à un dépôt de plainte par l’association.

L’objectif depuis 2020 est de remonter toutes les infractions pour que l’Etat prennent des mesures.

 

L'Etat et la justice, longtemps jugés laxistes, envers les délinquants environnementaux

L’Etat et aussi la justice, jugés pendant trop longtemps, laxistes envers les délinquants environnementaux. Désormais, les associations comptent les faire réagir. Il faut dire que pendant longtemps, les lois protectrices de l’environnement ne s’appliquaient pas à Mayotte -une bonne raison- pour l’Etat de ne pas agir. Les choses ont changé. Ces associations environnementales sont aussi beaucoup plus organisées et mieux conseillées. Chaque dégradation est portée devant la justice. La justice est forcée de réagir face au nombre de plaintes.

On fait un gros travail de sensibilisation auprès des juges 

Chez Oulanga na Nyamba, association protectrice des tortues, on n’hésite pas non plus à déposer plainte. L’association admet qu’il y a eu « un gros travail de sensibilisation des juges pour avoir des peines dissuasives ». Jeanne Wagner, la directrice de la structure se rappelle qu’avant « des braconniers écopaient d’un travail d’intérêt général » dit-elle avec un léger sourire ironique. Une peine bien légère pour des atteintes à des animaux protégés.

Depuis les choses ont changé, les braconniers vont « de plus en plus en prison » une réponse satisfaisante pour Jeanne Wagner. Oulanga na Nyamba est membre du réseau REMAC, le réseau d’échouage mahorais des mammifères marins et tortues matines et dans ce cadre « le réseau prend en charge les tortues blessées » explique Jeanne Wagner, la directrice. Chez Oulanga na Nyamba, on observe une évolution des mentalités depuis « quatre ans ». Avant beaucoup ne comprenaient pas leurs actions, « pourquoi empêcher les gens de manger des tortues s’ils le veulent » leur lançait-on. Désormais, « les gens n’ont plus envie de les voir mourir » s’en réjouit la directrice. La tortue est considérée comme une richesse de l’île, une richesse à protéger donc.

Les Mahorais de plus en plus préoccupés par l’environnement

Il faut dire que malgré les déchets observés un peu partout, des sachets plastiques accrochés aux branches des arbres, aux poubelles non ramassés sans parler des dépôts sauvages, « il y a un engouement général pour la protection de l’environnement » note Ali Madi.

Ali Madi président de la FMAE

Un engouement encouragé par les médias et les réseaux sociaux. Une vidéo même de quelques secondes ou une photo est plus parlante qu’un discours. Et ces images se transmettent à une vitesse folle, une très mauvaise publicité pour les responsables.

Les moeurs évoluent donc même s’il est encore difficile de démanteler le réseau des braconniers et surtout d’attraper les consommateurs. Jusqu’à lors aucun consommateur n’a été traduit en justice.
Les associations environnementales oeuvrent mais le combat est encore loin d’être gagné. L’île est devenue un dépôt sauvage à ciel ouvert, il suffit de se promener dans les chemins de campagne pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Des débris de chantiers, des carcasses de voitures, des morceaux de carreaux, de l’électroménager, des ordures ménagères, tout termine dans nos forêts ou dans le lagon. Les pouvoirs publics ne semblent pas réaliser la nécessité de protéger notre fragile environnement.