Echos de campagne J -4 : vue de Mayotte

Le terrorisme s’est invité dans la campagne présidentielle. Hier deux suspects ont été arrêtés à Marseille, ils s’apprêtaient à commettre un attentat – probablement dans un meeting -  à quelques jours de l’élection.
La police, et plus particulièrement la DGSI, était sur la piste des deux terroristes présumés depuis une dizaine de jours. Ils ont été arrêtés à Marseille, à deux pas de la gare St Charles, hier en fin de matinée.
Ils avaient l’intention de passer à l’acte « dans les tout prochains jours dans le contexte de la présidentielle », a déclaré Matthias Fekl, le ministre de l’intérieur.
Les entourages de candidats avaient été prévenus de risques.  Marine Le Pen et l'entourage d'Emmanuel Macron ont confirmé que leurs services de sécurité avaient reçu des photos des deux suspects. Selon les premiers éléments de l’enquête, c’était François Fillon qui était visé par un attentat.
 
Cet événement peut-il avoir une influence sur la campagne ?
 
Incontestablement cela peut peser sur le choix des électeurs ; même si du côté des candidats on n’a pas vu de tentative de récupération. François Fillon et Emmanuel Macron ont réagi par des communiqués sobres, félicitant les forces de l’ordre ; mais dans la tête de certains électeurs la menace terroriste  peut avoir pour effet de les conduire à un vote refuge : Choisir un candidat qui incarnerait l’expérience, l’autorité de l’Etat, et l’on pense à François Fillon… Le seul des quatre favoris qui ait ce profil.
Marine le Pen, elle aussi, pourrait tenter d’en tirer profit. Elle est la candidate qui parle le plus du terrorisme qu’elle lie à l’immigration. Lors de son meeting de la Villette à Paris elle a rappelé que certains des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris étaient arrivés à la faveur du flot des migrants. « Avec moi, ils n’auraient pas pu entrer sur le territoire » a-t-elle dit.
En l’occurrence les deux suspects arrêtés, quoique français, auraient séjourné en Syrie.
 
Les candidats doivent être solidaires face à la menace terroriste. C’est en tout cas l’avis de Jean-Luc Mélenchon.
 
Le candidat de la France insoumise a envoyé des sms à François Fillon et à Emmanuel Macron :  «"Totale solidarité face à la menace. Que notre campagne en complète opposition soit le meilleur des démentis au programme totalitaire des terroristes", c’est le message adressé à François Fillon.
L’autre SMS adressé à Emmanuel Macron: "Emotion et complète solidarité personnelle. Que notre campagne et notre opposition républicaine soit la démonstration de l'échec du projet des violents."
 
Les mesures de sécurité, déjà importantes, vont être renforcées autour des candidats.

Le ministère de l’intérieur envoie déjà des policiers pour protéger les candidats. Ils sont libres de les refuser comme cela est le cas pour Jean Lassale. Les autres ont entre 5 et 10 policiers affectés à leur protection. Il est question maintenant de renforcer ces effectifs.
Les rassemblements publics donnent lieu à de grands déploiements policiers, avec tireurs d’élite sur les toits. Ce sera le cas aujourd’hui sur la place de la République à Paris autour de Benoit Hamon.
Il est de plus en plus conseillé au public des meetings de venir sans sac pour faciliter les mesures de protection.
 
Un classique de la campagne : la visite au marché de Rungis ; le plus grand marché des grossistes en produits frais d’Europe près de Paris.
 
Emmanuel Macron s’y est rendu hier matin dès 6h00 pour afficher son soutien aux commerçants. Il a réitéré son engagement de mettre fin au RSI, le régime de couverture sociale des Indépendants, très décrié dans la profession. Il a aussi remis au goût du jour la formule « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy.
 
Nicolas Dupont Aignan l’a suivi de près au même endroit ; et cela a donné lieu d’ailleurs d’ailleurs à une sérieuse prise de bec entre le candidat de « Debout la France » et le directeur du marché de Rungis ; M. Dupont Aignan l’accusant de l’avoir mal reçu comparativement à M. Macron. « Il y a les candidats officiels, c'est ça?" . Il a estimé avoir dû "forcer la porte pour rentrer ».
 
La Guyane hésite entre abstention et vote blanc
 
A six jours du premier tour de la présidentielle, les habitants de la Guyane s'interrogent sur leur choix. Les panneaux électoraux restent vides. Sur les barrages organisés par les collectifs, on incite à un vote blanc de protestation.
Alors que la Guyane est en ébullition depuis un mois, paralysée par des grèves et blocages à l'initiative de plusieurs collectifs et syndicats, les messages sur les réseaux sociaux se multiplient pour boycotter l'élection présidentielle. L'association Gwiyann mo péyi ("Guyane mon pays") organise des réunions publiques pour inciter au contraire à voter, mais blanc. Le collectif met aussi en garde contre une tentation de bloquer des bureaux de vote, une action illégale qui mènerait « à du grabuge » et passerait « un message totalement opposé à l'image de la mobilisation jusqu'à présent.
 
« Si l’élu ne me plait pas, je me casse !» 20% des français seraient prêts à s’expatrier selon le résultat de la présidentielle.
 
Partir vivre au bout du monde, plutôt que voir son pays subir les conséquences d'une élection présidentielle décevante, c'est le choix d'une partie des Français, à quelques jours du premier tour. Selon une enquête parue  dans le journal « le Figaro »   20% des sondés envisagent de s'expatrier à l'étranger, suite à l'élection présidentielle. 

Les sondés ont répondu à la question : "Personnellement, dans quelle mesure envisageriez-vous ou non de déménager hors de France si le résultat ne vous convenait pas ?" 8% d'entre eux affirment "envisager tout à fait de déménager", 12% sont plus nuancés, mais seraient "plutôt" en faveur d'un départ. Sans surprise, la tranche d'âge 25-34 ans est prête à s'expatrier, alors que les plus de 55 ans n'envisagent pas de quitter la France. 
 
Il est nécessaire tout de même de préciser que cette enquête a été commandée par une compagnie spécialisée dans les déménagements ; elle n’est peut-être pas exempte de toute arrière-pensée publicitaire

Il faut savoir aussi que -élection ou pas-  200.000 Français quittent l'Hexagone chaque année, pour tenter leur chance à l'étranger. Un départ sur deux est avant tout motivé par des raisons professionnelles.