Echos de campagne : vue de Mayotte

Le bras de fer se durcit entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. On a assisté hier à du jamais vu dans une campagne présidentielle ; les deux candidats se sont retrouvés presque au même moment au même endroit 
Hier Emmanuel Macron avait rendez-vous avec les salariés de Whilrpool, une marque qui fabrique des sèche linge à Amiens en Picardie. Le rendez-vous ne pouvant avoir lieu dans l’usine, la chambre de commerce a prêté une salle pour qu’Emmanuel Macron puisse y discuter avec les syndicalistes. Le problème, c’est que la marque veut délocaliser en Pologne pour produire moins cher.
Pendant qu’Emmanuel Macron est avec les syndicats ; surprise : qui se pointe sur le parking de l’usine ? Marine le Pen. Elle harangue les salariés sur son thème favori, la lutte contre la mondialisation – cause de pertes d’emploi - dont Emmanuel Macron serait un fervent partisan.
Un peu plus tard, Emmanuel Macron arrive sur les lieux, Marine le Pen étant déjà partie. Et ce qui devait arriver arriva : il s’est fait huer, siffler ; aux cris de « Marine Présidente ». Il s’est quand même expliqué devant les salariés, il leur a dit que la fermeture des frontières était impossible ; qu’il ferait de son mieux pour suivre ce dossier. Bref le candidat de « En Marche ! » a passé une mauvaise journée.
Et effectivement, on n’a jamais vu cela dans une campagne électorale, un candidat allant marquer l’autre physiquement sur le même terrain. C’est inédit, et cela montre la détermination de Marine le Pen de grappiller des suffrages alors qu’elle est donnée largement perdante dans cette élection.

 Une question : où en sont les reports de voix à droite ? Même si la plupart  des républicains appellent à faire barrage à Marine le Pen ; l’idée du Front Républicain ne fait pas l’unanimité.
 
À droite, la plupart des ténors de la droite ont fait savoir qu'ils allaient très clairement voter pour le candidat du mouvement En Marche ! Nicolas Sarkozy l’a écrit sur FaceBook. Comme plusieurs anciens candidats à la primaire de la droite : Alain JuppéNathalie Kosciusko-MorizetBruno Le Maire ou Jean-François Copé.  À leurs cotés, on retrouve également Luc Chatel, Xavier BertrandGérard Larcher, Jean-Pierre Raffarin.
En revanche, au sein des Républicains ou dans le spectre de la droite plus traditionaliste, des voix sont bien plus réservées. Henri Guaino a fait savoir que personne ne le fera voter pour Macron. Une position partagée par les députés Georges FenechÉric Ciotti ou encore Nadine Morano, et Jean-Frédéric Poisson.

Pour le moment, difficile de trouver au sein de la droite des soutiens publics pour Marine Le Pen. Il y a tout de même Christine Boutin, ancienne présidente du Parti chrétien démocrate. "Voter Le Pen, ce n'est pas adhérer aux idées FN mais c'est affaiblir Emmanuel Macron", écrit l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy

Sa position est partagée par Françoise Hostalier, secrétaire d'État du gouvernement Juppé en 1995, pour elle  Emmanuel Macron, est "un mélange de grande finance internationale, et de la gauche caviar, bobo ».

Et à gauche Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise, gardera finalement secret son choix de vote pour le second tour.
Une chose est sûre, toutefois, a assuré le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon : «aucune voix pour le Front national». Ce choix ne figure d'ailleurs pas dans les options proposées aux quelque 430.000 soutiens de La France insoumise actuellement consultés. Cela n'empêchera toutefois pas ces derniers d'opter pour le vote blanc ou l'abstention.
 
Les deux candidats ont changé leurs affiches de campagne. Emmanuel Macron avec un gros plan sur son visage et Marine le Pen assise de côté sur une table de bibliothèque.
 
Marine le Pen donne une image d’elle assez féminine et rassurante, bien loin de la femme à la barre d’un grand voilier. Là elle met en avant un côté posé, un visage souriant mais pas trop, un air à la fois  de gravité et de sérénité. Son slogan c’est « Choisir la France ».
Emmanuel Macron présente un visage bien en face, en gros plan. Les yeux dans les yeux avec celui qui regarde l’affiche. La couleur dominante de l’affiche est le bleu, comme le bleu du RPR pour ceux qui s’en souviennent. C’est très clairement une identification rassurante pour la droite, même le slogan « Ensemble la France » rappelle un slogan chiraquien de la fin des années 80 qui était « la France, ensemble ».