Emploi, santé, violences : état des lieux des inégalités femmes-hommes à Mayotte

Ce 8 mars est la journée internationale des droits des femmes.
À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l'Insee a publié un document compilant ses données sur les inégalités à Mayotte. Les femmes sont notamment plus souvent au chômage et en mauvaise santé que les hommes.

La journée internationale des droits des femmes ce vendredi 8 mars est l'occasion de rappeler que les inégalités demeurent entre les femmes et les hommes, notamment à Mayotte. En partenariat avec la direction régionale aux droits des femmes et à l'égalité, l'Insee a publié un document résumant les chiffres clés de ses différentes études sur la situation des femmes par rapport à l'emploi, l'éducation, la santé, la maternité et les violences.

Un faible taux d'emploi chez les femmes

Le premier constat de l'institut est le recul de l'accès à l'emploi des femmes. Ce taux est passé de 27% en 2019 à 24% en 2022, contre 66% dans l'Hexagone. Seule bonne nouvelle, l'écart avec les hommes s'est réduit de deux points, puisque le taux d'emploi des hommes est passé de 43% à 37% sur cette même période. L'Insee explique cette dynamique par l'impact de la crise sanitaire, qui a ralenti le rythme des créations d'entreprises. Depuis la départementalisation, 1.800 entreprises étaient créées en moyenne chaque année.

L'évolution du taux d'emploi à Mayotte

Sur ce point, la parité est de mise : 50% des 1.227 nouvelles entreprises individuelles créées en 2022 l'ont été par des femmes, contre 45% dans l'Hexagone. La différence se fait plutôt dans le choix des secteurs. Les femmes sont majoritaires dans la santé et l'action sociale, le commerce et les services à la personne. À l’inverse, 94% des créateurs d'entreprises dans la construction sont des hommes et 62% dans les activités de services administratifs et de soutien.

Une espérance de vie réduite de dix ans par rapport à l'Hexagone

Si l'écart d'espérance de vie entre les femmes et les hommes est plus réduit à Mayotte que dans l'Hexagone, cela s'explique par une importante disparité entre ces deux territoires. En moyenne, les Mahoraises vivent une décennie de moins que les femmes au niveau national. Elles sont surtout bien plus souvent victimes de problèmes de santé que les hommes et deux fois plus touchées par l'obésité. En 2021, 45% des femmes de 60 ans ou plus à Mayotte souffrent de limitations physiques, sensorielles ou cognitives, contre 31% des hommes.

Comparatif de l'espérance de vie et des problèmes de santé en 2021

Les Mahoraises ont en revanche un point commun avec les femmes dans l'Hexagone : l'accès au sport leur est limité. Seulement 6.900 femmes ont une licence sportive à Mayotte, cela représente un peu plus d'un quart des licences délivrées dans l'île. Elles sont particulièrement nombreuses au sein de la fédération française de sauvetage et de secourisme, 57% des licences, mais peu pratiquent le football, 11% des licences en club.

De nombreuses mères mineures

Les femmes mahoraises doivent aussi faire face à de nombreux enjeux liés à la maternité, avec 4,7 enfants par femme en moyenne en 2022, contre 2,5 à La Réunion et 1,8 dans l'Hexagone. Avec 28 ans en moyenne, les mères sont plus jeunes qu'au niveau national alors que les pères sont plus âgés, 34 ans en moyenne. Les enfants nés de mères mineurs sont aussi bien plus nombreux à Mayotte, avec 470 naissances soit 4,4% des naissances dans l'île. Un chiffre bien plus élevé que dans l'Hexagone où les mères mineures ne représentent que 0,3% des naissances.

Comparitif des naissances en 2022

 

Autre différence notable avec le reste du territoire : la part de Mahoraises ayant été victime de violences physiques ou sexuelles. Au cours des années 2018 et 2019, 5% des femmes interrogées ont déclaré avec été victimes violences sexuelles, contre 1% dans l'Hexagone. Des violences sexuelles "principalement commises par des personnes extérieures au ménage", note l'Insee. "Ces violences dites sensibles sont particulièrement peu déclarées aux forces de police et de gendarmerie nationales sur le territoire mahorais."

Dans le domaine éducatif en revanche, les filles devancent les garçons à Mayotte. Sur les 4.800 élèves scolarisés en terminale, 56% sont des filles. C'est le cas dans les filières générales (64%), que ce soit dans les spécialités littéraires ou scientifiques, mais aussi dans les filières technologiques (59%), notamment dans la série "management et gestion." À l’inverse, elles sont minoritaires en terminale professionnelle et quasiment absentes des spécialités mécanique, construction, industrie ou électricité.