Il n’y a pas que la date de la commémoration de l’abolition de l’esclavage qui pose problème à Mayotte. L’île a mis longtemps avant de s’approprier cette période noire de son histoire.
L’île de Mayotte a été la première à être libérée de cette abomination. En 1846, avant toutes les autres possessions françaises d’outre-mer. Mais les motivations du libérateur n’avaient rien à avoir avec le combat de l’Abbé Grégoire, Condorcet ou Schoelcher. Il s’agissait de déposséder une catégorie d’esclavagistes pour créer une autre. Faire passer les esclaves du joug des grandes familles essentiellement venues de Chiraz pour les mettre sous la domination des colons dans le cadre de l’« engagisme ».
« Il y a une chose pire encore que l’infamie des chaînes, c’est de ne plus en sentir le poids. »
Gérard Bauër
Le plus remarquable dans le cas de Mayotte, c’est la difficulté qu’ont les autochtones à accepter l’existence de l’esclavage sur leur île.
Docteur Alain Kamal Martial HENRY, chercheur en histoire postcoloniale avance deux arguments :
-Les premiers habitants de Mayotte à avoir soumis d’autres êtres humains à l’esclavage étaient des chefs musulmans. Ceux qui avaient entre les mains le pouvoir religieux. Admettre que ceux-là mêmes qui ont apporté la religion qui est un élément majeur du socle de la société mahoraise, ont aussi apporté l’esclavage est difficile. C’est le même traumatisme que Montesquieu décrit dans L’Esprit des lois (chapitre V, Livre XI), Montesquieu (1748) :
« On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être très sage ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir, » ou encore : « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ? »
-Nous sommes en présence d’un phénomène presque pathologique. L’Homme préfère oublier les périodes les plus difficiles, les plus sombres de sa vie pour se protéger. Cela est d’autant plus facile quand les maîtres ont mis en œuvre toute une politique pour effacer l’identité originelle des femmes et des hommes qu’ils avaient soumis à l’esclavage. Ils leur ont attribué d’autres noms, parfois ridicules pour les chosifier ou les faire renoncer à leurs religions pour les convertir à leurs croyances.
Le docteur Alain Kamal Martial HENRY et d’autres intellectuels de Mayotte appellent à une réappropriation de cette histoire par les mahorais. Que la population de cette île se réconcilie avec son histoire, surtout la plus noire.
« Il y a une chose pire encore que l’infamie des chaînes, c’est de ne plus en sentir le poids. »
Gérard Bauër
Le plus remarquable dans le cas de Mayotte, c’est la difficulté qu’ont les autochtones à accepter l’existence de l’esclavage sur leur île.
Docteur Alain Kamal Martial HENRY, chercheur en histoire postcoloniale avance deux arguments :
-Les premiers habitants de Mayotte à avoir soumis d’autres êtres humains à l’esclavage étaient des chefs musulmans. Ceux qui avaient entre les mains le pouvoir religieux. Admettre que ceux-là mêmes qui ont apporté la religion qui est un élément majeur du socle de la société mahoraise, ont aussi apporté l’esclavage est difficile. C’est le même traumatisme que Montesquieu décrit dans L’Esprit des lois (chapitre V, Livre XI), Montesquieu (1748) :
« On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être très sage ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir, » ou encore : « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ? »
-Nous sommes en présence d’un phénomène presque pathologique. L’Homme préfère oublier les périodes les plus difficiles, les plus sombres de sa vie pour se protéger. Cela est d’autant plus facile quand les maîtres ont mis en œuvre toute une politique pour effacer l’identité originelle des femmes et des hommes qu’ils avaient soumis à l’esclavage. Ils leur ont attribué d’autres noms, parfois ridicules pour les chosifier ou les faire renoncer à leurs religions pour les convertir à leurs croyances.
Le docteur Alain Kamal Martial HENRY et d’autres intellectuels de Mayotte appellent à une réappropriation de cette histoire par les mahorais. Que la population de cette île se réconcilie avec son histoire, surtout la plus noire.