La secrétaire générale de la CFDT-Santé, Eve Rescanières, est en visite à Mayotte ce mardi 5 mars pour rencontrer les professionnels de l'île et discuter des pistes d'amélioration du système de santé. "Ce qu'il faut, ce sont des moyens", estime la syndicaliste, invitée de Zakweli. "Quand je suis venu en 2018, on attendait la création de l'ARS Mayotte. Aujourd'hui elle a été créée, mais il lui faut des moyens pour développer des politiques publiques."
Elle appelle à des politiques sociales pour diminuer l'insécurité. "C'est très difficile de vivre à Mayotte avec cette insécurité, quand on est professionnel de santé, c'est encore pire car on est confronté à des choses qui ne sont pas acceptables", explique l'infirmière du CHU de Toulouse. "L'hôpital a une image dégradée, car quand on est à bout, quand on n'a pas les moyens de soigner, ça génère de la frustration."
Augmenter les salaires
Si la pénurie de professionnels est nationale et même mondiale, elle plaide néanmoins pour une revalorisation des salaires pour renforcer l'attractivité du CHM. "Je parle des paramédicaux, des infirmières, des aides-soignantes, des sages-femmes. En majorité ce sont des travailleuses dont les salaires sont bas", poursuit-elle. "Il y a aussi une question de la reconnaissance des diplômes, on a tendance à considérer que prendre soin des autres est inné, alors que ce sont des métiers qu’on a appris, et on doit être reconnu en tant que tel."
Parmi les pistes d'amélioration : le développement de la formation à Mayotte, de la télémédecine ou encore revenir sur la liberté d'installation des médecins. "On le demande à la CFDT depuis des années", répond Eve Rescanières. "On ne comprend pas pourquoi les infirmiers et les pharmaciens doivent répondre à un maillage territorial, alors que les médecins peuvent aller partout, alors qu’on sait qu’il y a des zones où ils sont très concentrés et d’autres où il n’y en a pas."
Des rencontres avec le CHM et l'ARS
Deux rencontres sont prévus pour discuter de ces enjeux. L'une avec le directeur du CHM, "pour voir ce que je peux faire à Paris pour cet hôpital, les relais que je peux porter". L'autre avec le directeur de l'ARS, une réunion "surtout axée sur les financements, les projets prévus et quand ils verront le jour." Elle prend pour exemple la construction d'un deuxième hôpital. "Il a été annoncé par le président en 2019, on est en 2024 et la première pierre n’est pas encore posée", ajoute la syndicaliste. "Pour les professionnels de santé et les Mahorais l’attente est devenue insupportable."