Un débat sur le RSA – le revenu de solidarité active – fait son entrée dans la campagne électorale. Emmanuel Macron a annoncé dans son programme que les allocataires devront travailler 15 à 20 heures par semaine
On se souvient d’un préfet de la Réunion, il y a trente ans, qui avait menacé : «vous allez couper la canne, sinon on coupe le RMI !». Le revenu minimum d’insertion est l’ancêtre du RSA. Le « i » de RMI, l’insertion dans le monde du travail, a toujours été le point faible. Finalement, les allocataires ne sont pas allés couper les cannes, et on ne leur a pas coupé le RMI. En 2009, le RSA a remplacé le RMI. Le revenu de solidarité active dont on ne sait si c’est la solidarité qui est active, ou si c’est l’allocataire qui doit se montrer actif. Les minimas sociaux conditionnés par le travail sont une vieille marotte, plutôt de droite, qui n’a jamais marché jusqu’à présent.
Quel type de travail pour les allocataires du RSA ?
Pour le moment, on n’en sait rien. L’idée d’Emmanuel Macron est que les bénéficiaires du RSA travaillent 15 à 20 heures par semaine, ou qu’ils suivent une formation. Pour le président sortant, ce n’est pas une affaire d’argent, le « pognon de dingue » comme il l’avait appelé un temps. C’est une question de principe, de dignité : gagner sa vie en travaillant ou en se formant plutôt que de ne rien faire. Mais l’idée se heurte à une réalité : quelle forme va prendre ce bénévolat ? Qui va embaucher et encadrer une personne 15 à 20 heures par semaine, pour quelles tâches? Sinon ce ne sont pas les formations plus ou moins bidons qui manquent, les organismes de formation sauront faire des affaires sur ce marché.
« Un SMIC à 7 euros de l’heure » ?
Les autres candidats se positionnent : Valérie Pécresse crie au plagiat, à la contrefaçon. Elle a été la première à avancer l’idée de travailler 15h par semaine pour le RSA. Marine le Pen estime que cela culpabilise les ménages les plus modestes, « comme si c’était de leur faute s’ils n’ont pas d’emploi » dit-elle. Une façon de voir qui est d’ailleurs partagée – pour une fois – par la gauche.
Jean-Luc Mélenchon tient à peu près le même discours. Anne Hidalgo compare ce projet aux « travaux d’intérêt général » du code pénal. Nathalie Arthaud a sorti la calculette et annonce que cela fera un SMIC au rabais à 7 euros de l’heure (à Mayotte ce serait même 3,50€ puisque le RSA est à moitié de la métropole). Quant à Eric Zemmour, fidèle à sa ligne, il envisage de restreindre ces d’allocations aux français uniquement.