GSM976 : 2 ème édition du Grand Séminaire de Mayotte du 8 au 10 Septembre 2017 au Café Room à Combani

La deuxième édition du Grand Séminaire de Mayotte, GSM976, se tiendra du 8 au 10 septembre 2017 au Café Room à Combani.Cette rencontre sera consacrée à un travail concerté en vue de la rationalisation et de la planification de la lutte pour le progrès social à long terme à Mayotte. 

La démarche du GSM976 entend dégager les domaines d'intervention et les revendications relatives. Leur ensemble pourra composer une plateforme significative d'entente autour de laquelle un accord territorial pourra être discutée et adopté.
Des échanges pour l'adoption de stratégies opératoires se feront afin d'aboutir à une feuille de route pluriannuelle engageant l'ensemble des syndicats et des forces vives du territoire.
Le GSM976 compte également, proposer les conclusions des travaux aux partis politiques de Mayotte qui, dans la mesure de leurs idéologies, pourront défendre les objectifs fixés par le GSM976 au cours de leurs différentes campagne politiques.

Rétrospective sur la création du GSM976 en 2016

Qu'est - ce qu'est le GSM 976 ?

INTERVIEW DE 2016

GSM976 UN PROJET POUR DEFENDRE LE GENIE DE MAYOTTE POUR UN DEVELOPPEMENT HARMONIEUX ET DURABLE DE L’ïLE

« Les génies » et intellectuels de Mayotte, en conclave de 48 heures à Combani, dévoilent leur projet et leur stratégie pour une société civile active dans le département.

Les problématiques mahoraises ont fait l’objet d’une grande réflexion de la part d’experts et d’acteurs de la société civile. Ces problématiques portent sur des thèmes sociétaux comme l’identité, l’insécurité et le développement de Mayotte.

Emmanuel TUSEVO DIASAMVU de « Mayotte 1ère.fr Actualités » et notre consœur Anne Laffont du Journal de Mayotte JDM se sont longuement entretenus avec le Docteur Alain Kamal MARTIAL HENRY, l’un des initiateurs de ce grand séminaire sur Mayotte GMS 976

Un développement humain à travers l' identité mahoraise

Dr. Alain KAMAL MARTIAL HENRY : “ Notre objectif est de prévenir les choses, de pouvoir organiser tout ce qui est de l’ordre du développement, un développement humain d’abord à travers l’identité mahoraise, social à travers les préoccupations liées à la sécurité et à l’éducation et enfin économique à travers la lutte contre la discrimination de Mayotte et de sa population.

Et ces objectifs ne peuvent être atteints s’il n’y a pas ce troisième discours qui est en ce moment absent de notre société. Il y a les discours des syndicats, des politiques, mais le discours des techniciens, des intellectuels, des chercheurs qui n’ est pas un discours inscrit dans l’ urgence mais qui est un discours qui prévient et qui éclaire les décisions, ce discours est absent. »

« Il est important de le poser de telle sorte qu’on ne se trouve pas à chaque fois pris dans des urgences qui font qu’à Mayotte, on

n’apporte pas des solutions on colmate des brèches qui s’ouvrent aussitôt pour en créer d’autres. »
 


Il y a une discrimination du mahorais

« Il y a aussi cette volonté de dire qu’ à Mayotte, il y a des personnes qui ont des talents, qui ont des compétences, qui peuvent mieux contribuer au développement de Mayotte mais on est souvent face à des situations de discrimination du Mahorais. Il y a des professionnels qui vivent dans le territoire, qui y travaillent, qui connaissent bien leurs fonctions et il y a un travail d’expertise à faire. Mais au lieu de se référer à la compétence locale, on fait venir des boîtes ou cabinets d’ experts ou des personnes qui arrivent de Paris, qui restent une semaine et qui vont produire souvent des rapports décousus, méconnaissant les caractéristiques réels de la société, méconnaissant la profondeur des problèmes de Mayotte.

Je veux dire qu’ il y a des Mahorais, quand je dis les Mahorais, je signifie ceux qui habitent ici, natifs ou résidents permanents depuis très longtemps, qui connaissent cette île, qui travaillent dans des domaines dans lesquels ils sont très efficaces, il faut les mettre en exergue, il faut s’ appuyer sur eux pour qu’ il y ait continuité dans chaque secteur à développer de manière à éviter la rupture et le bricolage.

Une personne affectée à Mayotte qui passe trois ans et qui s’en va ou une personne qui passe une semaine pour établir un rapport, ne produira pas la même qualité de travail que celui qui est là depuis un moment, qui a vu naître un projet, qu’il a accompagné, qui connaît la population, l’humain et le social.

Il faut s’appuyer sur les techniciens de Mayotte qui connaissent la population mahoraise pour expertiser et orienter le développement des secteurs clés du social, de l’éducation et de l’économie. C’est ce qu’envisage le GSM976.

Troisième sens : à mon sens, on connaît mal la société mahoraise on connaît mal les Mahorais et il y a un besoin pour toute personne qui vit à Mayotte déjà, pour qu’elle se sente suffisamment confiante dans son identité mahoraise de connaître son identité.

Pour toute personne qui immigre ou qui est affecté à Mayotte pour y travailler, pour y rester et afin que le vivre-ensemble soit possible, il faut un minimum d’intérêt pour ce qui est Mayotte, pour ce qui est le Mahorais.

Nous ne parlons pas de Mahorais en excluant ou en faisant une sorte d’opposition à l’Autre, mais nous sommes dans la conviction qu’il faut connaître le Mahorais, le vivre et l’accepter dans sa différence. Et à partir de cette différence, nous conscientiserons d’autres différences à côté de notre différence. Cela permet une altérité positive, un enrichissement de l’île et c’est le sens du vivre-ensemble que défend la charte de l’Unesco de 2003.

QUESTION : Pourquoi il n’y a jamais eu ça, cette mise en valeur des Mahorais par eux – mêmes ?

Dr. Alain KAMAL MARTIAL HENRY : Depuis 1958, nous survivons dans un attentisme jalonné de situations d’urgence constantes et permanentes.
La société mahoraise est plongée dans ces situations d’instabilité. Les générations antérieures avaient inscrit le sens de leur société dans la concrétisation la départementalisation de Mayotte. Ce qui était logique puisque leur projet était clair et sans ambiguïté. Après la départementalisation, la société mahoraise tombe dans des crises qui se répètent depuis 2011. Ce qui fait que depuis 1958, les esprits sont toujours maintenus dans « l’intranquillité ».

L’esprit « intranquille » ne se pose pas. Il court. Donc, aujourd’hui, nous nous arrachons de l’urgence et de l’intranquillité. En ouvrant le

GSM976, nous quittons le discours des conflits électoraux, des urgences syndicales pour créer un espace de discours et d’analyse scientifique, technique, citoyen, éclairé et précis, tourné vers l’avenir et le long terme.

Le GSM976 fonctionne en trois étapes :

La première étape consiste à favoriser la rencontre et l’échange entre des chercheurs, des intellectuels, des fonctionnaires, des entrepreneurs, des personnes libres et autonomes qui viennent partager leur connaissance et leur expérience liée à l’exercice de leur fonction dans le 101ème département ou dans une autre région du monde qui peut enrichir.

La deuxième étape de cette réflexion de deux jours d’échange sera une synthèse des rapports et communications que nous rendrons publiquement accessible.

La troisième étape sera l’élaboration d’une stratégie pensée et opérante qui consistera à développer le groupe GSM976. Le GSM976 aura en son sein un collectif regroupant des personnes de qualité, « le génie ou les génies de Mayotte », de différents domaines professionnels ou socio culturels qui vont veiller régulièrement à informer et à conseiller les instances de décision.

Le GSM976 envisage d’être une base de données profesionnelles sur Mayotte et un soutien à la citoyenneté.
 

Le GSM 976 est l’abréviation du Grand Séminaire de Mayotte, c’est l’espace des Génies de Mayotte pour défendre le Génie mahorais. Nous les appelons à venir travailler ensemble. C’est un lieu où on est constamment en connexion et en communication.

Nous utilisons la notion de Génies pour nommer les locataires permanents connectés et en communication dans le GSM976.

Cela choque mais je l’assume. Nous l’assumons tous. Pourquoi le GENIE ? C’est parce qu’à Mayotte, un génie est un Gini (djinn). A la fois, il fait peur, à la fois il est fascinant, on a envie de l’étouffer. La politique et l’Etat les étouffent, ils ne font pas partie de leur projet. Le GSM976 tente de les regrouper, d’assurer leur collaboration, de les mettre en avant, de les rendre utiles à la société, de faire en sorte que de leur condition de GINI, ils demeurent des génies reconnus et participant activement aux affaires de la cité, de l’île.

Nous ne sommes pas prétentieux, nous avons plutôt la prétention d’imposer l’existence de ces compétences à Mayotte, nous le signalons, le signifions et le défendons devant le corps politique, le corps d’autorité, le corps social, le corps patronal. Les autorités locales doivent prendre conscience que ces Génies existent, elles doivent admettre que c’est la condition sine qua non pour avoir un développement harmonieux, durable parce qu’avant tout humain et en amont, inscrit dans la logique du discours mahorais.

Les génies sont utiles à la société et ce n’est pas parce qu’ils ne font pas partie des partis politiques, ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas dans un syndicat qu’il ne faut pas les prendre au sérieux. Ils sont autonomes, libres, il faut qu’ils le soient pour avoir une pensée autonome, libre et objective.

Le GSM976 ambitionne de tranquilliser l’esprit qui pense, il tend à le protéger de la voracité politicienne, de la prédation des pouvoirs. Il accueille ceux qui ne sont ni attirés par la politique, ni par une volonté personnelle de se mettre en avant mais qui sont dans un sincère besoin de réfléchir, de proposer, de construire pour l’amour de leur île, pour la défense des intérêts de Mayotte et de sa population.

Question : Des mouvements sociaux sont prévus le 13 septembre 2016. Allez – vous intervenir ?

Dr. Alain KAMAL MARTIAL HENRY : Là maintenant, ce qui nous intéresse c’est de prévenir les autres crises qui vont venir peut être dans un an ou deux ans. On saura dire aux syndicats, aux politiques : là, attention, l’orientation qu’on a prise, on va tomber dans telle difficulté.

On ne veut pas être dans l’urgence ou l’immédiateté. On veut s’écarter de toute ces urgences qui annihilent toute possibilité de poser le discours, de poser les projets pour des choses utiles. On veut prendre de l’avance pour éclairer le devenir.

C’est ça notre projet. Ce n’est pas de dire : il y a une crise aujourd’hui BLABLABLA on va crier et gueuler avec tout le monde.

J’aime bien cette citation de Mwalimu Nyerere : « Ne crie pas, argumente «

Alors dans la rhétorique du cri, nous, on n’y est pas. On est dans les règles, la rhétorique de l’argument. Nous soutenons le syndicat, nous soutenons les idées politiques lorsqu’elles reflètent les idées que nous défendons. Comme je l’ai déjà dit syndicat et politique sont engagés dans l’urgence et l’immédiateté.

Le GSM976 s’arrache de ce terrain de conflit pour pallier au manque de vision constructive du long terme et du durable. Nous sommes prêts à apporter notre travail au syndicat et au politique, nos Génies peuvent les éclairer, c’est ce que nous souhaitons.

Le GSM976 ambitionne l’Eclosion d’une société civile qui devient acteurs autonomes, indépendants qui agissent pour le bien de la population et qui éclaire la population.

Par exemple, cette question de l’identité, on va la transporter un peu partout. Il y aura une reprise dans les établissements scolaires, si c’est possible, il y aura une reprise dans des shandza des villages en shimaoré pour dire cette notion l est nécessaire pour un bien vivre déjà

Pour ce qui est de l’ordre de l’économie, on invitera des gens qui sont des spécialistes de ces questions.

En ce qui concerne la formation, on ne dit pas la formation aujourd’hui, la question, c’est quelle formation pour les générations futures, pour que ces générations prétendent aussi être des préfets un jour, avoir suffisamment de médecins et d’enseignants à Mayotte ?

La population résidente de Mayotte de citoyenneté française inscrite dans le discours mahorais est concernée par le projet de formation qui doit faire en sorte que Mayotte puisse se pourvoir des enseignants, des médecins parce que pensons que quelqu’un qui habite ici, qui connaît la population sert mieux le territoire.

PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL TUSEVO ET ANNE LAFFONT EN 2016.