Les derniers évènements politiques survenus à Mayotte nous poussent à revenir sur le testament moral d'un ancien instituteur de brousse.
Un vieil instituteur sentant la fin proche avait un jour dit à peu près ceci en rigolant devant ses dix neufs élèves :
"Dans un futur pas très lointain, les enseignants seront plus instruits, avec des diplômes dont j’ignore même aujourd’hui l’existence. Cela sera utile parce que le travail d’instituteur ne consistera plus seulement à apprendre aux enfants à compter, à lire et à écrire. Les maîtres d’école ne seront plus les référents dans les villages et les élèves, ceux qui seront à vos places, seront plus exigeants."
Le vieux M’zé aimait aussi dire qu'en son temps, la plupart d’entre eux, avait dû aller poursuivre leurs études à l’extérieur, à l’étranger, à Madagascar pour les plus chanceux. Les autres, étaient envoyés à Moroni.
Pendant les grandes vacances, ils revenaient au pays, à Mayotte. Ils devaient rendre compte à la famille, mais surtout à la société qui avait fait tant de sacrifices pour les dépayser.
Alors quand à la fin de leurs études, ils revenaient à Mayotte, ils étaient de véritables petits princes, l’élite de la société. Il n’y avait, paraît-il, pas encore beaucoup d’écoles. Il y en avait surtout dans les grands villages : La Petite-Terre, Mtsapéré et Chirongui.
Les maîtres devaient donc venir s’installer dans ces villes-là, avec femmes et enfants. Cela était considéré comme étant une promotion sociale.
Dans ces établissements, ils régnaient en maître incontestables et pouvaient même jouer du fouet pour affirmer leur autorité.
Les parents d’élèves et le village tout entier obéissaient au doigt et à l’œil. Leurs petits travaux domestiques, mais quelquefois leurs travaux plus importants et coûteux aussi, étaient pris en charge par la communauté. Cela était considéré comme étant normal.
Les statistiques sur les réussites des élèves et les performances des enseignants n’existaient pas. D'ailleurs, qui irait oser remettre en cause le système, puisque, la société avait une confiance aveugle et les autorités s’en accommodaient.
Voilà donc venu ce temps que le vieil instituteur de brousse avait annoncé ; les élèves sont plus nombreux, la société est plus intransigeante, les méthodes ont changé et les bailleurs sont plus regardants puisque les parents d’élèves sont plus exigeants.
Les petits avantages hier inhérents à ce statut sont interdits. Ils sont devenus des infractions et sont même punis par la loi. Pire encore, toute personne vivant dans cette société est sensée le savoir, les foundis en premier.
Et pourtant, le vieil instituteur avait, avant de quitter sa classe et ses 19 élèves, lu le bout d’une fable d’un grand homme français qui disait à peu près ceci :
« Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans. »
"Dans un futur pas très lointain, les enseignants seront plus instruits, avec des diplômes dont j’ignore même aujourd’hui l’existence. Cela sera utile parce que le travail d’instituteur ne consistera plus seulement à apprendre aux enfants à compter, à lire et à écrire. Les maîtres d’école ne seront plus les référents dans les villages et les élèves, ceux qui seront à vos places, seront plus exigeants."
Le vieux M’zé aimait aussi dire qu'en son temps, la plupart d’entre eux, avait dû aller poursuivre leurs études à l’extérieur, à l’étranger, à Madagascar pour les plus chanceux. Les autres, étaient envoyés à Moroni.
Pendant les grandes vacances, ils revenaient au pays, à Mayotte. Ils devaient rendre compte à la famille, mais surtout à la société qui avait fait tant de sacrifices pour les dépayser.
Alors quand à la fin de leurs études, ils revenaient à Mayotte, ils étaient de véritables petits princes, l’élite de la société. Il n’y avait, paraît-il, pas encore beaucoup d’écoles. Il y en avait surtout dans les grands villages : La Petite-Terre, Mtsapéré et Chirongui.
Les maîtres devaient donc venir s’installer dans ces villes-là, avec femmes et enfants. Cela était considéré comme étant une promotion sociale.
Dans ces établissements, ils régnaient en maître incontestables et pouvaient même jouer du fouet pour affirmer leur autorité.
Les parents d’élèves et le village tout entier obéissaient au doigt et à l’œil. Leurs petits travaux domestiques, mais quelquefois leurs travaux plus importants et coûteux aussi, étaient pris en charge par la communauté. Cela était considéré comme étant normal.
Les statistiques sur les réussites des élèves et les performances des enseignants n’existaient pas. D'ailleurs, qui irait oser remettre en cause le système, puisque, la société avait une confiance aveugle et les autorités s’en accommodaient.
Voilà donc venu ce temps que le vieil instituteur de brousse avait annoncé ; les élèves sont plus nombreux, la société est plus intransigeante, les méthodes ont changé et les bailleurs sont plus regardants puisque les parents d’élèves sont plus exigeants.
Les petits avantages hier inhérents à ce statut sont interdits. Ils sont devenus des infractions et sont même punis par la loi. Pire encore, toute personne vivant dans cette société est sensée le savoir, les foundis en premier.
Et pourtant, le vieil instituteur avait, avant de quitter sa classe et ses 19 élèves, lu le bout d’une fable d’un grand homme français qui disait à peu près ceci :
« Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans. »