Jean-François Colombet quittera Mayotte d’ici à trois semaines. Il aura exercé pendant presque deux ans dans l’île, une durée supérieure à la moyenne des séjours préfectoraux qui est de 18 mois. Cela n’a pas été de tout repos.
« Je n’ai pas eu une minute à moi, le matin, le soir, la nuit parfois… il y a tout à faire ici, tout est urgent, tout est à construire ». Le jour même de sa prise de fonction dans la première semaine d’août 2019, Jean-François Colombet avait dû affronter le blocage des routes par les bulldozers de la société IBS en conflit avec Vinci. « Bloquer les routes, ça ne se fait plus à notre époque, c’est une forme de protestation archaïque » avait-il lancé. La suite lui a montré que cela reste le moyen de protestation toujours le plus utilisé dans l’île pour se faire entendre. « Mayotte est hors normes » dit-il aujourd’hui, « il y a tellement de défis à relever, tout est à construire, il n’y a pas d’équivalent ailleurs ». Le plan de relance, le plan de convergence, la piste longue, autant de dossiers qu’il laisse à son successeur, « j’ai confiance dans la continuité de l’action de l’Etat et aussi dans les élus de Mayotte ». Selon lui, « il y a une nouvelle génération d’élus et une opinion publique qui a muri. Regardez, aux dernières municipales il y a eu autant de maires battus que de nouveaux élus ».
La lutte contre l'immigration clandestine et l'effacement des bidonvilles
Selon Jean-François Colombet, son départ aujourd’hui s’imposait « car il y a de plus en plus l’idée d’un binôme Préfet – Président de Conseil Départemental. Il est logique que l’on change les hommes ». Il assure que son successeur va poursuivre la lutte contre l’immigration clandestine et l’effacement des bidonvilles. Ce sont, selon lui, les principales causes des problèmes de sécurité et de développement à Mayotte. Il dit souhaiter l’accélération de la marche vers la convergence des droits sociaux, « il est anormal que le plafond de la sécurité sociale soit inférieur ici. Il y a des injustices qu’il faut corriger ». Mais il y a aussi,des aspects prometteurs et positifs : « le nombre de créations d’entreprises est l’un des plus importants de France. Il y a désormais plus de créations d’emplois dans le secteur marchand. Je remarque aussi que le civisme fiscal se développe ». Jean-François Colombet reconnait avoir connu beaucoup de moments de doute : « J’étais découragé tous les soirs avant de me coucher, et puis tous les matins je me levais volontaire et optimiste ».
Le préfet de Mayotte va rejoindre un tout autre univers : Besançon, chef-lieu du Doubs, frontalier de la Suisse, une région très industrielle où l’on produit 500 000 voitures par an...à des années lumières de l’île aux parfums.
"C'est une très belle promotion" conclut-il…"mais j'ai déjà la nostalgie de Mayotte".