Jean-Mathieu Defour : "avec toutes ces crises autour de l'hôpital, attirer est compliqué"

Jean-Mathieu Dufour, directeur du Centre Hospitalier de Mayotte était l'invité de Zakweli de mardi 15 décembre
Jean-Mathieu Defour, le directeur du centre hospitalier de Mayotte, était l'invité de Zakweli ce vendredi.

Une centaine de professionnels du centre hospitalier de Mayotte ont manifesté devant la préfecture ce jeudi 14 décembre pour demander des mesures contre l'insécurité. "On a des réunions fréquentes à la préfecture avec les partenaires sociaux et la police", précise Jean-Mathieu Defour, le directeur du CHM. "On travaille notamment sur la sécurisation des centres médicaux de référence et des transports en bus des soignants." 

Face à cette situation, conjuguée à la crise de l'eau, difficile d'attirer les professionnels de santé au sein de l'hôpital. "On a environ 200 postes de médecins, dont une centaine fixe. Le reste ce sont des médecins remplaçants qui viennent nous aider ou des renforts ministériels envoyés notamment via la réserve sanitaire", détaille le directeur. "Tous les hôpitaux en France sont en grande difficulté sur le recrutement médical. Ici, avec toutes les crises autour de l'hôpital, attirer est compliqué."

Des recrutements de sages-femmes prévus 

Dernier exemple de ces difficultés : le départ ce mercredi de la seule cardiologue du département. "Comme on le fait pour d'autres spécialités, on va travailler avec des cardiologues intérimaires avant de pouvoir recruter quelqu'un d'autre", explique Jean-Mathieu Defour. "On a aussi le problème d'être le seul hôpital de l'île, on ne peut pas par exemple fermer le service d'urgence et laisser un hôpital voisin prendre le relais, comme c'est le cas en métropole."

Une situation qu'il nuance : "on s'en sort pas si mal". Il prend pour exemple le recrutement annoncé d'une vingtaine de sages-femmes en janvier et d'une quinzaine en février, mais aussi l'arrivée début septembre d'un hématologue, un spécialiste des maladies du sang, qui a pour mission de monter et de diriger un service d'oncologie-hématologie.

Le directeur du CHM fait aussi valoir ses arguments pour recruter. "On a une multitude de services et de pathologies, sans oublier tous les projets prévus pour l'hôpital", détaille-t-il en référence à l'annonce par la Première ministre Elisabeth Borne d'un plan de restructuration du CHM et la construction d'un nouvel hôpital à Combani.

Développer la recherche

"Construire des murs, ce n'est pas difficile, le plus compliqué c'est de trouver du monde pour les remplir", énonce le directeur. Pour les infirmiers, des mesures sont déjà prévues pour développer l'offre de formation à Mayotte. "On a aussi actuellement une cinquantaine de jeunes Mahorais qui font des études de médecines à la Réunion ou en métropole." Deux rencontres ont déjà été organisées à Paris pour les inciter à revenir pratiquer sur le territoire. "Ils me répondent qu'ils sont d'accord, mais à condition de pouvoir faire de la recherche, comme c'est le cas dans les CHU en métropole."

Pour y remédier, une unité de recherches cliniques a été inaugurée la semaine dernière. Les publications scientifiques réalisées à Mayotte, ou à partir de ses données, pourront désormais être signées comme provenant du CHM.