Jeannette Giraud sera la première Mahoraise à devenir officière de la gendarmerie

Jeannette Giraud sera la première Mahoraise à devenir officière de la gendarmerie
Jeannette Giraud terminera le 20 juin sa formation à l'école des officiers de la gendarmerie à Melun. Elle sera la première Mahoraise à être promue au grade de lieutenante, neuf ans après Ahamada Hambaly, le premier Mahorais officier de la gendarmerie.

Ce sera une première : une Mahoraise va accéder au grade de lieutenante de la gendarmerie. Ce sera le 20 juin, quand Jeannette Giraud sera officiellement promue au terme de sa formation à l'école des officiers de la gendarmerie à Melun. D'après les bases de données de la gendarmerie, c'est la première femme née à Mayotte à intégrer une école d'officiers. Une étape importante, après la nomination en 2015 d'Ahamada Hambaly à la tête de la brigade de Pamandzi, le premier Mahorais à devenir officier de la gendarmerie.

Il deviendra ensuite le président de l'association des cadets citoyens de la gendarmerie de Mayotte. En 2021, il reçoit la candidature de la jeune femme, qui sollicite un stage au sein de la structure. "Son profil atypique provoquera un vrai dilemme au sein des cadres, habitués à accueillir des mineurs qui sont généralement en situation de décrochage", explique l'association dans un message sur sa page facebook saluant sa nomination. Son parcours scolaire est en effet bien rempli : après sa classe de seconde au lycée de Pamandzi, elle obtient son baccalauréat au lycée militaire de Saint-Cyr avant de poursuivre des études de Chimie à Versailles et à Rennes.

Le commandement d'un peloton à Drancy

"Cependant, la démarche séduit notre président qui espérait trouver une originaire du territoire pour lui emboîter le pas", ajoute l'association. Le capitaine Ahamada Hambaly confirme sa fierté : "elle est entrée jeune dans la gendarmerie, elle aura l'occasion d'aller au-delà de ce que j'ai pu faire", explique le premier Mahorais officier. "Elle peut aller jusqu'au grade de lieutenant-colonel, moi j'ai passé le concours à 44 ans, je ne pourrai pas aller au-delà de commandant car je suis en fin de carrière."

Dans la foulée de son stage, elle intègre la "Prépa Talent", un dispositif de la gendarmerie pour aider à la préparation des concours, notamment pour devenir officier de la gendarmerie. Elle rejoint l'école des officiers de la gendarmerie à Melun l'année suivante, en 2022. Depuis, elle a suivi une formation militaire et tactique et effectué des stages dans différents corps de métier. En revanche, la Mahoraise ne débutera pas sa carrière dans son département. À compter du 20 juin, elle rejoindra la gendarmerie mobile et commandera le second peloton de l'escadron 29/1 à Drancy, en Seine-Saint-Denis.

"Je voyais des gendarmes tous les jours"

"Est-ce que j'en ai réellement conscience ? Je ne suis pas sûre", réagit la future lieutenante. "Je le ressens quand je reçois des messages de félicitation, mais je n'avais pas l'impression que ça me concernait, comme si ce n'était pas moi qu'on décrivait." Son goût pour les valeurs de la gendarmerie est pourtant ancré depuis son adolescence. "Je suis de Pamandzi où il y a une caserne. Les gendarmes je les voyais tout le temps," raconte-t-elle. "Je suis à la frontière entre Pamandzi et La Vigie. Ces dernières années, je voyais beaucoup d'affrontements et je les voyais à travers ma fenêtre."

Après son bac, elle voulait intégrer une école de sous-officier, mais son oncle, major de gendarmerie, l'a incité à patienter et à devenir plutôt officière. "Durant mon parcours, j'ai aussi rencontré un commandant exceptionnel qui m'a fait comprendre ce que pouvait apporter un officier, et ce que je pouvais apporter en tant que Mahoraise", ajoute Jeannette Giraud. Si elle espère être envoyée rapidement sur son île, elle aimerait également gravir les échelons. Un choix devra peut-être se faire entre un poste à Mayotte et un grade plus élevé. "Je sais déjà qu'on ne peut pas tout avoir, mais j'y réfléchirai en temps voulu", conclu-t-elle.

"C'est une guerrière"

"Habituellement, quand les femmes rejoignent la gendarmerie, elles se tournent vers la gendarmerie départementale, elle rejoint les gendarmes mobiles. C'est un choix courageux, c'est du maintien de l'ordre, c'est une guerrière", raconte Ahamada Hambaly. "Elle a fait le choix d'aller chercher de l'expérience ailleurs, mais il n'est pas exclu que son escadron serve à Mayotte, comme les escadrons mobiles changent tous les trois mois."

"Le parcours de Jeannette Giraud constitue un moment important dans l’histoire de notre territoire", se réjouit l'association des cadets de la gendarmerie de Mayotte. "Figure d'une jeunesse mahoraise investie et engagée, Jeannette Giraud nous rend véritablement fiers. Nous lui souhaitons une longue et riche carrière."