Il faut remonter 80 ans en arrière pour mesurer le chemin parcouru. La Réunion, coupée du monde extérieur pendant la deuxième guerre mondiale, a connu ce qu’était une quasi-famine. Il n’y avait plus beaucoup de protéines, l’élevage était balbutiant. Les produits laitiers avaient disparu. Il n’y avait plus d’huile, plus de céréales, plus de riz. La population a développé des trésors d’ingéniosité pour cuisiner les « brèdes » de toutes sortes. En revanche, Mayotte n’avait pas trop vu la différence. L’île était peu peuplée et n’importait rien, elle vivait en autarcie depuis toujours avec une population habituée à tirer sa subsistance du fameux « jardin mahorais », et du lagon.
L’autosuffisance s’est améliorée à la Réunion, mais elle s’est dégradée à Mayotte
Dans une lettre qu’il vient d’adresser aux Réunionnais, le candidat Emmanuel Macron mesure le niveau de la souveraineté alimentaire : la production locale couvre 70% des besoins en légumes à la Réunion, 60% en fruits, et 50% en viande. Ce n’est pas mal, mais il y a encore du chemin à faire. Le président-candidat n’a pas encore adressé la lettre promise aux Mahorais mais on sait déjà que la situation est bien plus compliquée dans le 101ème département. Les consommateurs se rendent bien compte que la simple consigne de manger 5 fruits et légumes par jour est inapplicable, à moins d’ouvrir des boites de conserves ou de sortir des surgelés à des prix faramineux. Le poulet arrive en grande partie congelé du Brésil, les oignons de Madagascar ou de l’Inde, des légumes frais par avion de la Réunion, des tomates à 10 euros le kilo, celles produites localement étant réputées couvertes de pesticides.
Le développement de l’agriculture : une priorité absolue soulignée par tous les candidats
Ils disent tous la même chose, de Jean-Luc Mélenchon à Marine le Pen en passant par Valérie Pécresse ou Yannick Jadot : tous veulent une agriculture relocalisée, diversifiée, écologique. Tous trouvent que les aides européennes sont trop faibles, ou pas adaptées au tissu agricole local. Mais les programmes se résument à des bonnes intentions : « il faut développer la production agricole à des fins de consommation locale » écrit par exemple Valérie Pécresse dans sa « lettre aux Mahorais ». Une fois que l’on a dit cela, on a presque tout dit… et il reste tout à faire.