"Peut mieux faire", estime Michel Madi, le directeur de l'agence d'attractivité et de développement touristique de Mayotte, face aux chiffres du tourisme. En 2023, plus de 70.000 visiteurs se sont rendus dans le département, soit une baisse de 5% par rapport à l'année précédente. "La destination a le potentiel de mieux faire, mais les différentes crises font qu'à chaque qu'on fait un pas en avant, elles nous tirent en arrière", ajoute le directeur.
"Cette année, nous comptions nous relancer, et les événements sociaux sont encore venus casser la dynamique", poursuit-il. La situation semble néanmoins s'améliorer, comme en témoigne le salon du tourisme qui s'est tenu à Mamoudzou du 6 au 8 septembre. "Il y a une accalmie depuis quelques mois et on l'a ressenti : les opérateurs et les gens commencent à avoir le sourire et c'est important, car c'est l'image qu'on renvoie à l'extérieur."
Des séances de formation
Il le reconnaît, l'incertitude n'est jamais bonne pour les affaires et certains opérateurs cherchent à vendre leur activité. Face à cela, l'agence mise sur la formation. "Nous avons mené 25 séances de formation en 2023, sur les besoins exprimés par les professionnels", raconte Michel Madi. "Il y avait des ateliers sur la sécurité et l'hygiène, la qualité de l'accueil, l'anglais professionnel ou encore la commercialisation."
Une stratégie de prospection d'emploi et de compétences a aussi été élaborée. "C'est un document qui nous permet d'avoir une vision sur plusieurs décennies en matière de besoins de formations et de compétences dans le secteur du tourisme", affirme le spécialiste de l'attractivité. Dans le détail, 60% des voyageurs relèvent du tourisme affinitaire, quand on visite à sa famille par exemple, tandis que le tourisme d'agrément ne représente que 15% des voyageurs.
"Il ne faut pas voir le tourisme affinitaire comme un non-tourisme, on constate que d'autres destinations font le choix de changer de stratégie pour mettre en avant le tourisme intérieur", explique Michel Madi. "Compte tenu des freins et des moyens à déployer pour faire venir des touristes internationaux, il faut que l'on regarde en face ce tourisme affinitaire et qu'on trouve des pistes pour que ces gens-là dépensent davantage dans l'économie touristique locale."