Lors de son entretien, Anchya Bamana n'a cessé de marteler que, "vivre avec des coupures d'eau n'est pas normal", avant de réaffirmer l'urgence de la situation face à une crise qui dure depuis une décennie. La députée RN a, à nouveau, fait part de son projet en mer, le Water ship, afin de permettre aux Mahorais d'avoir accès à de l'eau potable.
Une enveloppe insuffisante pour Mayotte
Face à la récente annonce d’une enveloppe de 100 millions d’euros pour la réparation des infrastructures, Anchya Bamana est restée sceptique. Selon elle, ce montant n’est pas suffisant pour reconstruire Mayotte et répondre à la crise de l’eau. Elle a déclaré, “je ne pense pas que ce chiffre soit suffisant pour reconstruire Mayotte mais j’ai demandé à voir l’évaluation de la mission qui a été en charge de cette enveloppe.” Elle estime que la question du financement est cruciale, mais qu'elle se heurte aussi à un autre obstacle, le manque de soutien des élus locaux.
Projet de dessalement
Anchya Bamana a remis en avant son projet de bateau usine de dessalement, Waterships, qu’elle considère comme une réponse viable à la crise. Le coût de ce projet, estimé à 45 millions d’euros pour l’achat du bateau et 35 millions pour son fonctionnement sur 5 ans, est jugé réaliste par la militante. “Pourquoi elle ne serait pas réaliste cette solution ? Tout le monde a de l’eau en métropole mais par contre, il n’y a pas que Mayotte qui a des problèmes d’eau en Outre-mer' rappelle-t-elle. Elle a évqoué l’importance de l’implication des élus locaux pour la mise en œuvre de ce projet, “je ne comprends pas pourquoi l’état n’interpelle pas les élus”.
L’inaction des élus locaux et les défis logistiques
Elle a déploré le manque de soutien politique malgré ses écrits au ministre des Outre-mer, Manuel Valls, pour faire avancer la solution. Plusieurs instances pointent du doigt les questions logistiques de ce projet en mer comme le stockage des bouteilles et des citernes ou encore la gestion de la distribution à la population. Critiques auxquelles la députée du RN a répondu qu'il "serait dommage que l’Etat revienne en arrière à cause de ces détails, si les élus locaux ne s’emparent pas du projet”, insistant sur la nécessité d’une collaboration entre l’État et les élus locaux pour que ce projet devienne une réalité.
Une crise de l'eau imminente
Anchya Bamana est restée sur la réserve quant aux progrès dans la gestion des ressources en eau défendus par les autorités. Dans le dernier point de situation de la préfecture de Mayotte, "les débits en rivière sont élevés, les nappes phréatiques rechargées et les retenues collinaires remplies" mais la députée a tenu un autre propos. “C'est un discours qu'on entend depuis 2017 mais à chaque fois on revit les mêmes choses. Nous allons vers une crise de l’eau donc il ne faut pas nous mentir." Elle a rappelé que les Mahorais sont toujours confrontés à de nouvelles coupures.
D'après elle, la crise actuelle ne peut être résolue par des promesses ou des solutions temporaires. Son projet de Water ship reste, selon elle, la seule solution viable pour les Mahorais dans l’urgence. Elle a conclu en appelant à une mobilisation collective. “L’objectif c’est que les Mahorais aient de l’eau, l’essentiel c’est le résultat et je ne lâcherai pas ce projet.”
Quant à la question de Taslimah Abdou Hamza au sujet des failles et du manque de compétences du syndicat LEMA (Syndicat Les Eaux de Mayotte) pour gérer la crise de l'eau, la députée du Rassemblement National est restée évasive, invitant "tous les acteurs locaux à intensifier leurs efforts".