La galère des lycéens, collégiens et enseignants au cœur du mouvement social

Rachka, élèvé de Terminale à la cité du Nord
Depuis le début du mouvement social, des collègiens et lycéens se retrouvent bloqués dans les barrages. C'est le cas de Rachka, élève de Terminale qui passe le BAC cette année.

Rachka est scolarisée au lycée polyvalent de la cité du nord à Mtsangadoua. Depuis le début du mouvement social, le 22 janvier dernier, sa scolarité est perturbée. Vivant à Mtsangamouji, elle rencontre beaucoup de difficultés à se rendre à son établissement. "La difficulté, c'est que les barrages bloquent les bus pour aller au lycée. Même si on y arrive, on est peu nombreux sur place."

Une situation vécue, ce lundi, par Rachka. "On n'a pas vraiment eu cours. En philosophie, par exemple, on a regardé un film puisque les professeurs n'arrivent pas à venir au lycée pour faire cours. Comme ils sont peu nombreux, les élèves de différentes classes se sont mélangés pour travailler " témoigne la jeune fille qui passe son BAC cette année.

"Les barrages stoppent notre scolarité"

Face à cette situation, les enseignants du lycée de Rachka ont mis en place des enseignements à distance. "Certains professeurs proposent des cours en visio. C'est une bonne initiative pour aider les élèves. Mais il y a beaucoup d'élèves. C'est compliqué d'intervenir et de poser des questions par manque de confiance."

Certains établissements s'entraident pour proposer une connexion Internet aux enseignants. "Les professeurs qui habitent dans le nord peuvent prendre en charge nos élèves à partir du lycée du Nord, en préparant par exemple des documents que nous distribuons ensuite aux élèves", explique Patrick Loval, le proviseur du lycée des Lumières à Kawéni. Dans son établissement, seuls 1.200 élèves sont présents sur 2.700. Plus d'un tiers des enseignants, 27 sur 69, sont absents.

Une situation qui est devenue la norme sur l'ensemble de l'île, à l'exception des établissements de la Petite Terre, depuis le 22 janvier et le début du mouvement social. Pour Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ'Action : "en fonction des établissements, il y a un certain nombre d'élèves accueillis, il manque un certain nombre de professeurs. Des permanences sont mises en place pour permettre aux élèves d'étudier via le travail proposé par les professeurs sur ProNote .On est sur un système de garderie généralisée."

Des chefs d'établissements, bienveillants, demandent à leurs enseignants de ne pas prendre de risque. On en a d'autres, où c’est tout le contraire, ils mettent la pression sur les enseignants avec par exemple des menaces de retrait sur salaire.

Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ'Action

Selon le Rectorat, trois collèges, Tsimkoura, Tsingoni, Ouangani et ainsi que les lycées de Tsararano et Kahani n'accueillent pas d'élèves. Tout en rappelant, que des grèves ou droit de retrait sont en cours dans les collèges de Koungou, Doujani et Passamainty.

Comme Passamainty, ce lundi, le personnel de Tsingoni a publié, ce mardi, une lettre ouverte à l'attention du Préfet où il dénonce "le contexte d'insécurité qui perdure et ne fait que s'amplifier empêchant "la liberté d'aller et venir".

Jacques Mikulovic sera, ce mardi soir, l'invité du Journal de 19h, notamment pour évoquer la continuité pédagogique.

Pas de ramassage scolaire en Grande-Terre

Cette difficulté à circuler touche également les transporteurs scolaires, qui ne parviennent plus à circuler en Grande-Terre depuis ce lundi 29 janvier. "La première journée, nous avons réussi à assurer 60% d'activité, puis ça s'est dégradé jusqu'à 15% d'activité en fin de semaine", précise Frédéric Delouye, le directeur de Transdev Mayotte. Alors qu'habituellement près de 300 bus sillonnent le département pour transporter près de 30.000 élèves, seuls 200 élèves petits-terriens ont été ramassés ce mardi matin.

"Au-delà des barrages routiers directs, il y a aussi un phénomène d'approvisionnement en carburant. La semaine dernière, on arrivait à assurer quelques rotations dans le grand sud, aujourd'hui ces véhicules sont immobilisés faute de carburant", poursuit le directeur. Ces véhicules, stationnés bien souvent en bord de route, deviennent ensuite des cibles. Deux véhicules ont été incendiés, l'un dans la nuit de lundi à mardi à Sada, l'autre la semaine précédente à Tsoundzou 2.